Grève à France Télécom contre “les pressions au départ”

 
 
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Des grévistes de France Télécom brandissent des drapeaux de leurs syndicats devant le siège de l’entreprise, le 31 mai 2007 à Paris (Photo : Olivier Laban-Mattei)

[31/05/2007 16:01:14] PARIS (AFP) Environ 25% des salariés de France Télécom selon la direction, près de 40% selon les syndicats, ont fait grève jeudi contre le plan de 22.000 “départs volontaires” annoncé par la direction entre 2006 et 2009 et les “pressions” exercées sur le personnel pour y parvenir.

“La mobilisation est plus forte qu’en décembre dernier”, date de la dernière grève (17% à 30%), a souligné à l’AFP Verveine Angeli, du syndicat Sud-PTT, qui appelait à la mobilisation avec la CGT, la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, et FO.

Cette fois encore, les 108.000 salariés de France Télécom étaient appelés à débrayer contre “les mobilités forcées”, “les pressions intolérables” de la direction et “les restructurations, transferts et fermetures de sites”.

France Télécom a annoncé en février 2006 un plan de départs volontaires de 22.000 personnes en trois ans, accompagnée de 6.000 embauches d’ici à 2008. En 2006, elle avait déjà comptabilisé 10.300 départs, dont 5.400 en préretraite et 2.200 en retraite.

Les départs se font “naturellement et sans pression”, avec “les retraites, les retours vers la Fonction publique, l’essaimage (création d’entreprises), ou le Plan personnel accompagné (aide au développement de projets professionnels en dehors du groupe)”, a assuré un porte-parole de la direction.

L’entreprise investit beaucoup dans “l’accompagnement des salariés et la formation”, a-t-il assuré. “Les réorganisations, certes toujours difficiles, sont faites sans licenciement”, dit-il.

Pour Jacques Lemercier (FO), depuis décembre 2006 et la fin des contrats de fin de carrière (CFC) qui permettaient de partir en préretraite à 55 ans, “la direction a complètement asséché les possibilités statutaires de départ et on se retrouve avec des pressions énormes sur les personnels, dont 80% sont des fonctionnaires”.

Chantal, 55 ans, salariée à Rouen, a bien failli faire partie de la charrette. “On me disait que l’avenir à France Télécom était très dur, que l’entreprise avait besoin de sang neuf. Mais moi, je viens d’acheter une maison, j’ai besoin de mon salaire complet”, a expliqué à l’AFP cette mère de famille, arrêtée pour dépression.

Les pressions sont de toutes sortes, explique Patrick Le Méné (CGT), lors d’un rassemblement de 300 à 400 salariés devant le siège à Paris.

“Lors des entretiens individuels, on vous dit que vous avez le profil pour une autre fonction publique, que vous pourriez créer votre entreprise”, raconte-t-il. “Les cadres ont une prime à chaque fois qu’ils font partir quelqu’un”, ajoute-t-il.

“On impose à des collègues proches de la retraite de changer de métier, on placardise les salariés dans des postes où ils n’ont rien à faire, on augmente leur temps de transport”, dénonce aussi Marc Maouche (CFTC).

Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes. A Strasbourg, ils étaient un millier environ (400 selon la police) a dénoncer la “logique financière à tout crin” de l’entreprise.

Des rassemblements ont été organisés aussi à Nantes, Caen, Toulouse, Orléans, et Bordeaux, où entre 100 et 200 salariés ont relaté les conséquences de ce climat sur la santé des salariés (dépressions, stress, etc).

Les prises de médicaments, les départs en maladie sont nombreux, souligne Sud-PTT. Le syndicat a également noté une augmentation des cas de suicides de salariés, “même s’il est toujours complexe de dire quelle est la part de responsabilité du travail”.

Le syndicat, compte mettre en place en juin, avec la CFE-CGC, un “observatoire du stress” pour “rendre public ce qui se passe”.

 31/05/2007 16:01:14 – © 2007 AFP