Convertibilité du dinar : Quel rôle pour les banques ?

Par : Tallel
 

bct061006.jpg“La création des
entreprises, l’exportation, les finances et l’emploi”, c’est autour de ce
thème qu’une réunion de la commission de réflexion du Rassemblement
constitutionnel démocratique (RCD) s’est tenue récemment à Tunis, sous la
présidence de MM. Abdallah Kallel, président de la Chambre des conseillers,
et Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale.

A cette occasion, il a
été présenté un document de travail portant sur la libéralisation totale du
dinar et l’instauration d’un système financier et bancaire moderne appelant
les banques à traiter avec les entreprises off-shore avec plus de souplesse,
mais également de développer de nouveaux produits d’épargne à long terme
visant à répondre aux besoins de financement de l’investissement.

Dans ce cadre, et compte
tenu de la hausse du nombre des banques (une vingtaine) par rapport au
nombre de leurs succursales (un millier), le document souligne l’intérêt à
encourager l’intégration dans le secteur afin de réduire les coûts de
gestion et à tirer profit de la marge bénéficiaire supplémentaire tout en
identifiant les critères lors de la fixation des marges et des commissions
accordées aux clients.

En outre, le constat a
été fait que l’internationalisation des banques et l’ouverture des
opérateurs économiques sur les marchés extérieurs placent l’établissement
bancaire au centre de l’activité économique, sollicité, aujourd’hui plus
qu’hier, pour «jouer un rôle principal dans la réalisation de taux de
croissance plus élevés et la préservation des grands équilibres de
l’économie’’.

Pour ce faire, le rapport
suggère que les banques à participation publique soient dotées de systèmes
informatiques adéquats et performants, ce qui implique la formation et le
perfectionnement de leurs ressources humaines.

Sur un autre plan, il a
été proposé la création de structures spécialisées au sein des banques afin
d’assurer l’encadrement et l’accompagnement des industriels et autres
promoteurs de projets installés à l’étranger mais aussi ceux qui ont des
relations de partenariat avec des entreprises étrangères.

Mais ce n’est pas tout,
puisque le rapport de la commission de réflexion du RCD recommande également
de créer un observatoire mixte au sein duquel on retrouverait à la fois et
des représentants de la Banque centrale de Tunisie et ceux du Conseil du
marché financier (CMF) dont l’objectif est ‘’de former les compétences et
d’inviter les banques, structures de contrôle financier et intermédiaires en
Bourse à concevoir des solutions pratiques pour dissuader toute baisse de la
liquidité et des devises, et de les actualiser régulièrement…’’. Cette
proposition vise à réunir toutes les conditions de succès pour la
convertibilité totale du dinar.

Mais pour y parvenir, le
chemin est encore assez long, car il est impératif d’améliorer les services
bancaires, que le cadre législatif et la réalité du système bancaire
‘’parlent’’ le même langage, qu’il y ait une révision des prêts bancaires,
que la question des garanties bancaires soit remise à plat.

In fine, deux questions
fondamentales se posent : dans une économie moderne, est-il normal que le
système bancaire joue le rôle moteur voire représente l’essentiel de
l’économie ? Pourquoi, en Tunisie, la Bourse est encore cantonnée au rôle de
petit poucet malgré tous les avantages et autres incitations accordés aux
entreprises ?

D’ailleurs, à l’analyse,
ont peut aisément penser que si les banques –certaines en tout cas- se font
tirer les oreilles pour améliorer leurs services à la clientèle ou pour
créer de nouveaux produits, c’est parce qu’elles détiennent encore cet épée
de Damoclès qui leur permet de faire la pluie et le beau temps.


T.B.