Les affaires de corruption se multiplient en Allemagne

 
 
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Le président du conseil de surveillance de Siemens Heinrich von Pierer, le 13 novembre 2003 (Photo : Timm Schamberger)

[24/04/2007 08:34:52] FRANCFORT (AFP) A l’image du récent scandale chez Siemens, les affaires de corruption se multiplient en Allemagne, mais cette inflation est liée aux efforts de la justice selon les observateurs et témoigne en fait du niveau d’intégrité élevé dans le pays.

Siemens a annoncé la semaine dernière le départ du président de son conseil de surveillance, Heinrich von Pierer. La pression montait depuis plusieurs mois sur l’ancien patron du conglomérat, soupçonné d’avoir couvert pendant de longues années un vaste système de caisses noires.

Dans le volet principal du dossier, la justice suspecte le groupe de Munich (sud) d’avoir versé près de 400 millions d’euros de dessous de table pour décrocher des contrats à l’étranger dans les télécommunications.

Cette affaire vient s’ajouter à une longue liste de scandales ces derniers mois en Allemagne. Le premier constructeur automobile européen, Volkswagen, a été ébranlé par une histoire de pots-de-vin qui a abouti au début de l’année à la condamnation par la justice allemande du directeur du personnel, Peter Hartz. Le manager a avoué avoir versé plusieurs millions d’euros à des responsables syndicaux pour acheter la paix sociale dans l’entreprise.

Autres exemples récents, les parquets de Francfort (ouest) et Munich (sud) s’intéressent aux agissements de plusieurs équipementiers automobiles, dont le français Faurecia. DaimlerChrysler est poursuivi quant à lui dans différentes affaires et notamment pour avoir livré des camions à l’Irak de Saddam Hussein en infraction avec le programme “pétrole contre nourriture”.

Et il ne s’agit là que la partie émergée de l’iceberg. Selon la police judiciaire allemande BKA, 5 à 10% seulement des cas de corruption sont mis au jour.

Les médias ne se saisissent des affaires que lorsque des personnalités en vue sont impliquées ou quand les détails croustillants comme dans le cas de Volkswagen, viennent pimenter les histoires.

L’ampleur réelle des dommages causés par la corruption économique en Allemagne reste difficile à évaluer. Les experts parlent de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an.

“La corruption existe évidemment mais on ne peut pas dire qu’elle progresse, bien au contraire. L’inquiétude du public monte simplement parce que le nombre d’enquêtes et donc la couverture des médias s’améliorent”, explique Hansjörg Elshorst, président de Transparency Allemagne.

Le volume des procédures judiciaires dans des affaires de corruption a plus que quadruplé en Allemagne en dix ans, note l’ONG allemande. Mais cette hausse témoigne surtout d’une intensification des contrôles.

Dans l’indice de perception de la corruption publié chaque année par Transparency International, l’Allemagne pointe au 16e rang des pays les moins corrompus, devant les autres grandes puissances mondiales, le Japon (17e), les Etats-Unis (20e) ou la Chine (70e). La France fait elle aussi moins bien (18e).

“Il y a une donnée de base qu’il ne faut pas oublier. Plus une économie est puissante, plus elle compte de multinationales actives à l’étranger qui doivent parfois recourir à des méthodes douteuses pour décrocher des contrats. Et dans ce domaine, l’Allemagne est plutôt plus vertueuse que les autres même s’il y a encore des efforts à faire”, explique M. Elshorst.

Au classement des pays les plus corrupteurs à l’international (ICPE) publié chaque année par Transparency International, l’Allemagne obtient la deuxième meilleure note parmi les pays du G7, les sept pays les plus industrialisés, derrière la Grande-Bretagne mais devant les Etats-Unis et le Japon.

La France, patrie du géant pétrolier Total, régulièrement mis en cause dans des affaires douteuses, est en queue de peloton avec l’Italie.

 24/04/2007 08:34:52 – © 2007 AFP