La SNCF en appelle aux pouvoirs publics pour sauver le fret, lourdement déficitaire

 
 
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Des cheminots en grève bloquent un train de fret de la SNCF dans la gare de Clermont-Ferrand, le 11 décembre 2006 (Photo : Thierry Zoccolan)

[28/03/2007 17:25:54] PARIS (AFP) La SNCF en a appelé mercredi aux pouvoirs publics pour tenter de sauver sa branche fret, dont elle a confirmé la perte courante située autour de 260 millions d’euros pour 2006.

“La viabilité économique de l’activité est mise en cause”, a reconnu la SNCF dans un communiqué.

La société ferroviaire, qui examinait mercredi la réorganisation de cette activité lors d’un conseil d’administration, a confirmé l’ampleur du trou de sa branche fret, avec une perte courante l’an passé “de l’ordre de 250 à 260 millions d’euros” (contre -220 millions en 2005).

La situation est d’autant plus critique qu’en raison du passage aux nouvelles normes comptables internationales (IFRS), la perte nette devrait être bien plus importante, de l’ordre de 900 millions, selon une source proche du dossier. Ces nouvelles normes obligent à enregistrer une dépréciation exceptionnelle de la valeur de ses actifs (locomotives, wagons etc…).

Cette perte est à rapporter au chiffre d’affaires de la branche, qui devrait s’établir à 1,7 milliard d’euros, selon la même source, en baisse par rapport à 2005 (1,9 milliard).

L’entreprise publique a réclamé mercredi “des mesures politiques fortes pour faire du fret un moteur du développement durable”, en citant la nécessité d’une “équité concurrentielle” entre le ferroviaire et la route, entre la SNCF et les “nouveaux entrants” (concurrents privés, ndlr), et “l’adaptation de la gestion du réseau aux besoins du transport de marchandises”.

Le marché du fret est ouvert à la concurrence depuis 2003 pour les lignes internationales et depuis 2006 pour les lignes intérieures. Mais la concurrence reste marginale, les opérateurs privés n’ayant représenté que 1% du trafic l’an dernier.

En outre, la SNCF a confirmé les mesures de réorganisation du fret qui avaient déjà été dévoilées ces derniers jours: nomination au 2 avril de cinq directeurs régionaux dans le but de rationaliser le management de l’activité et création d’une holding qui rassemblera toutes les filiales fret, baptisée Transport et logistique partenaires (TLP). Geodis, filiale de transport et logistique, ne fera pas partie de TLP.

L’entreprise ferroviaire a également réaffirmé sa volonté d’améliorer ses relations avec ses clients et de lier des partenariats avec les autres entreprises ferroviaires européennes.

Ces réorganisations sont présentées comme de pure forme par la direction de l’entreprise. Mais les syndicats redoutent que la holding TLP n’absorbe ensuite la branche fret SNCF et que l’ensemble soit revendu, ce dont la direction se défend.

La présidente de la SNCF, Anne-Marie Irac, a réaffirmé mercredi “l’engagement de l’entreprise pour assurer l’avenir de Fret SNCF au sein de la SNCF”.

La CGT-Cheminots, majoritaire, a estimé que “le scénario retenu par la direction de la SNCF et le gouvernement (n’était) ni acceptable pour les cheminots, dont les conditions sociales et de travail sont dans la ligne de mire, ni pour la collectivité qui va souffrir encore plus de l’érosion décidée du trafic fret par fer”.

Les syndicats craignent aussi que les suppressions d’emplois soient plus importantes que les 751 prévues en 2007, sur un total de 11.500 employés.

 28/03/2007 17:25:54 – © 2007 AFP