EON-Endesa, la concentration s´accélère dans l’énergie en Europe

 
 
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Wulf Bernotat, le président d’EON, s’adresse aux actionnaires de la compagnie, le 4 mai 2006 à Essen (Photo : Michael Gottschalk)

[03/02/2007 11:32:41] PARIS (AFP) Le mariage qui se profile entre l’allemand EON et l’espagnol Endesa pour créer le numéro un européen de l’énergie marque une nouvelle étape importante dans la concentration de ce secteur stratégique, que les groupes justifient par leurs gigantesques besoins d’investissement.

Quelque 700 milliards d’euros d’investissements dans l’électricité et 150 milliards dans le gaz seront nécessaires en Europe d’ici 2030 dans les infrastructures de production et de transport, souligne Guillaume Bousson, spécialiste Energie du cabinet Eurogroup.

“Ce que les opérateurs sont en train de réaliser, c’est que pour faire face à ces opérations d’investissement, il faut avoir des structures financières très solides”, explique ce spécialiste.

“Par exemple, un réacteur nucléaire de troisième génération EPR coûte plus de trois milliards d’euros. Les opérateurs qui auront les capacités de production seront ceux qui pourront investir”, ajoute-t-il.

L’offre d’EON sur Endesa, si elle aboutit, conduira à la constitution d’un nouveau géant du secteur.

Par capitalisation boursière, EON (73,718 milliards d’euros) et Endesa (40,518 milliards) dépasseront ensemble le champion français EDF (98,397 milliards d’euros) et le projet de groupe commun Suez-GDF (plus de 81 milliards d’euros).

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Chiffre d’affaires, bénéfices et effectifs d’E.ON et Endesa

Ce mouvement de concentration a été paradoxalement aiguillonné par l’ouverture des marchés à la concurrence en Europe, qui visait au contraire à mettre fin aux monopoles des opérateurs historiques et à multiplier le nombre d’acteurs dans le secteur. Il s’est accéléré ces derniers mois.

Les électriciens néerlandais, Essent et Nuon, ont annoncé jeudi la fusion de leurs activités qui fera d’eux le numéro un aux Pays-Bas, d’une valeur de 24 milliards d’euros.

Autre rapprochement en cours, celui de l’électricien espagnol Iberdrola avec le britannique Scottish Power. En France, Gaz de France et Suez devraient fusionner après le 1er juillet, même si ce rapprochement reste suspendu aux aléas politiques. Un projet qui à l’origine visait à torpiller les visées de l’italien Enel sur Suez.

A terme, selon les experts, il ne devrait plus y avoir que cinq à six acteurs européens, aux côtés desquels coexisteront des acteurs plus régionaux qui n’auront pas accès aux grandes capacités d’investissement. L’italien Enel, qui pèse 50,818 milliards, pourrait lui aussi se joindre à ce mouvement de concentration.

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Logo d’Endesa (Photo : Jose Luis Roca)

“Il y a plus d’interconnexions entre les pays et les groupes ont besoin de diversifier leurs risques. Dans un marché qui sera de plus en plus européen, certains cherchent à trouver des groupes complémentaires pour optimiser leurs activités”, explique un analyste.

En grossissant, les entreprises rendent aussi leur propre rachat plus difficile, dans un contexte de frénésie d’acquisitions. L'”épouvantail” russe Gazprom a déjà exprimé son intérêt pour des entreprises européennes.

La volonté d’avoir des groupes européens forts est d’ailleurs renforcée par les inquiétudes que suscite la dépendance du continent vis-à-vis de l’approvisionnement énergétique extérieur, venant notamment de Russie. Un pays qui n’hésite pas à menacer de couper le robinet du gaz à ses clients lorsqu’ils rechignent à accepter une augmentation de tarifs, ainsi que l’ont montré les bras de fer avec l’Ukraine ou le Bélarus.

“On commence à être conscients que garder la maîtrise de nos entreprises énergétique est un enjeu d’indépendance pour l’Europe”, analyse Guillaume Bousson.

 03/02/2007 11:32:41 – © 2007 AFP