Les eaux minérales de l’Algérie : Un gisement précieux, inépuisable

 
 

eau120180906.jpgLes
eaux minérales de l’Algérie ont été convoitées depuis des lustres par les
différentes expéditions coloniales. En tout cas, les Vandales, par la suite
les Romains , les Turcs et enfin de façon très particulière, les militaires,
les médecins, les chimistes, les pharmaciens, les laborantins français se
sont intéressés de près à cette denrée et son usage thérapeutique.

Les vertus de ces eaux, chaudes ou froides selon le cas, ont été non
seulement démontrées théoriquement mais surtout expérimentées sur le
terrain. Les Algériens de ces temps reculés, sans en  savoir la composition
physico-chimique, connaissaient tout de même le bienfait que procuraient ces
eaux précieuses qu’ils entouraient de croyances religieuses, parfois
superstitieuses. Le sultan Souleiman avait, à son époque, vulgarisé l’usage
du thermalisme dans ses dépendances.

L’exploration scientifique organisée par l’armée française a révélé, entre
autres richesses à exploiter de ce vaste territoire algérien, les eaux
thermo-minérales, favorisées par un climat convenant très parfaitement à
leurs objectifs, pour profiter des vertus inégalables de ces sites
d’émergence déjà connus ou à découvrir.

Les analyses physico-chimiques et les expériences pratiques probantes dans
ce domaine allaient révéler à la puissance coloniale les énormes
possibilités qu’elles pouvaient offrir non seulement aux habitants de cette
contrée mais aussi à la population européenne handicapée par un climat
fortement agressif pour l’homme moderne de plus en plus fragilisé.

Les
analyses effectuées par les meilleurs scientifiques de la France coloniale
(le docteur BERTHERAND, Million, BEHAGHEL et biens d’autres chimistes,
pharmaciens, etc.) avaient révélé la supériorité qualitative de ces eaux
chaudes ou froides, sur celles exploitées depuis longtemps déjà hors
d’Afrique. Sans avoir achevé l’oeuvre de prospection, les scientifiques
français avaient répertorié les lieux de l’émergence de cet “or” dont
certains, malheureusement, sont restés par la suite ignorés ou négligés tant
de nos administrations que de nos industriels, pourtant très attirés par ce
créneau très juteux… alors que dans le même temps, des eaux qu’ils
qualifieraient de leur vivant de tout simplement potables ont été
arbitrairement hissés au rang d’eaux minérales, de nos jours.

Pour
mieux s’en rendre compte, il nous suffit de parcourir quelques ouvrages
précieux de ces illustres auteurs datant des années 1847 et suivantes pour
comprendre que la source qui sourde au frais vallon ou celle qui jaillit à
Dellys ou encore à THENIET EL HAAD à 60 km au sud-ouest de Miliana ont été
bel et bien analysées, et classées par des experts en la matière dans la
catégorie des eaux minérales de haute qualité.

Comme
meilleure preuve, nous ne donnons que le résultat fourni par E. Millon pour
celle d’Alger près de BAB EL OUED qui se présente :

– chlorure de sodium : 0,314 gr
– sulfate de soude : 0,046 gr
– bicarbonate de soude : 0,61 gr
– bicarbonate de chaux : 0,099 gr
– bicarbonate de magnésie : 0,075 gr
– bicarbonate de protoxyde de fer : 0,007 gr
– silicate de chaux : 0,030 gr.

Ces sources, ignorées ou négligées, en tout cas, n’ont attiré aucun
investisseur. Au contraire, des eaux de qualités ordinaires sont mises sur
le marché et vendues sous le qualificatif de minérale. Le consommateur
profane en la matière le saura bientôt si l’on en croit la presse nationale
libre qui nous annonce la date fatidique du 15 janvier pour connaître le
verdict du ministère de l’hydraulique quant à une nouvelle classification
des eaux embouteillées par nos usines.

En
attendant, les investisseurs continuent de proliférer mais le coaching de ce
type d’investissement, comme je l’ai déjà écrit dans une réflexion transmise
au journal le quotidien d’Oran et qui, probablement, ne paraîtra jamais,
l’exploitation des eaux minérales est une affaire industrielle certes, mais
elle doit être préalablement menée par des experts en la matière, pour
plusieurs raisons qui sont explicitées par ces mêmes docteurs déjà en 1847.
A savoir que :

– l’eau minérale chaude ou froide a sa composition spécifique qui la
différencie des autres ;
– elle dispose de vertus thérapeutiques scientifiquement démontrées mais
pratiquement validées sur des cas concrets de malades ;
– l’eau minérale, à une composition physico-chimique particulière, n’est pas
recommandée pour tous et dans tous les cas de figure ;
– les cures thermo-minérales doivent être prescrites pour des durées
limitées dans le temps -compris donc l’injection d’eau froide minérale.

En conclusion, les eaux minérales étudiées par des médecins, chimistes et
autres pharmaciens ne sont pas le pain quotidien mais doivent être
consommées de façon modérée et mesurée, car l’excès en tout est mauvais.
C’est pour cette raison que les médecins ont été dans l’obligation
d’instaurer ce qu’ils appellent en langage professionnel les
contre-indications. Mais que l’eau potable usurpe la place d’une liqueur de
guérison, cela s’appelle la confusion.

Sihadj
Abdenour


Consultant en agroalimentaire