Bruxelles jette prudemment les bases d’une politique commune de l’énergie

 
 
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Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso en conférence de presse le 10 janvier 2007 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

[10/01/2007 17:12:41] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a prôné mercredi une “révolution industrielle” vers une économie peu gourmande en hydrocarbures, via l’instauration d’une politique énergétique commune aux 27, encore divisés sur les moyens d’y parvenir.

Réchauffement climatique, flambée des prix des hydrocarbures, méga-panne électrique, perturbations d’approvisionnement en gaz et pétrole russes: le président de la Commission José Manuel Barroso a appelé les dirigeants européens à “regarder les faits”.

Face à cette “nouvelle réalité”, l’Europe “doit mener le monde dans une nouvelle révolution industrielle” qui contribuera à réduire la dépendance énergétique de l’UE, lutter contre le réchauffement tout en stimulant la concurrence entre grandes sociétés énergétiques.

La Commission a aussi insisté, face à un fournisseur russe de moins en moins sûr, pour que les 27 diversifient leurs sources d’approvisionnement en gaz et en pétrole, et a appelé Moscou à “restaurer sa crédibilité”.

Mais la proposition centrale de Bruxelles est que les pays développés se fixent un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% en 2020 (par rapport à 1990) dans un accord international succédant au protocole de Kyoto qui expire en 2012, date à laquelle l’UE doit avoir réduit ses émissions de 8%.

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Importations européennes de pétrole

A défaut d’accord, la Commission voudrait voir l’UE s’engager unilatéralement à réduire ses émissions “d’au moins 20%”, un chiffre “trop modeste” pour les écologistes du WWF qui auraient préféré d’emblée 30%.

La Commission plaide donc pour des investissements massifs dans les énergies renouvelables dont la part serait portée à 20% de la consommation énergétique de l’UE d’ici 2020 contre seulement 7% actuellement.

Les Etats membres resteraient libres de privilégier certaines énergies renouvelables selon leur spécificité. L’Allemagne est ainsi le premier producteur mondial d’énergie éolienne.

Autre source d’énergie faible en CO2: le nucléaire, présent dans 15 des 27 Etats membres et représentant 30% de la production électrique de l’UE, mais qui reste une question ultra-sensible.

Même si la Commission assure “rester agnostique” sur l’opportunité de recourir au nucléaire, elle note qu’au cas “où le niveau de production nucléaire baisserait en Europe, il serait essentiel que cette réduction soit compensée par l’introduction d’autres sources dégageant peu de gaz carbonique”.

Une phrase qui risque de trouver un écho en Allemagne, où le ministre de l’Economie Michael Glos a jugé mardi “nécessaire et urgent” de réexaminer la sortie du nucléaire décidée par le précédent gouvernement.

Enfin, Bruxelles veut stimuler la concurrence en séparant les activités de production d’électricité et de gestion des réseaux de distribution.

Bruxelles met deux options sur la table : soit séparation totale entre producteurs et distributeurs, soit mise en place d’un opérateur indépendant de gestion des réseaux, dont le producteur pourrait rester propriétaire.

Mais Bruxelles préfère clairement la première option, déjà réalité dans 12 pays pour l’électricité, mais à laquelle la France et l’Allemagne sont opposées.

“C’est la meilleure manière d’assurer la liberté de choix” pour le consommateur, a insisté la commissaire à la concurrence Neelie Kroes.

Après 18 mois d’enquête sur l’énergie en Europe, elle a jugé que la concurrence restait inefficace sur les marchés du gaz et de l’électricité, et a promis de lutter contre “la concentration verticale” des groupes européens et de contrôler de près fusions, aides d’Etat et ententes.

Toutes ces propositions seront débattues par les 27 en vue du sommet européen de mars. En fonction des orientations retenues par les chefs d’Etat et de gouvernement, la Commission élaborera des propositions législatives contraignantes.

 10/01/2007 17:12:41 – © 2007 AFP