Allemagne : la hausse massive de la TVA mettra-t-elle l’économie K.O. ?

 
 
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La vitrine d’une boutique à Berlin aux couleurs de Noël, le 11 décembre 2006 (Photo : John MacDougall)

[28/12/2006 09:27:05] BERLIN (AFP) Consommeront, consommeront pas ? C’est la question qui agite économistes, politiques et milieux économiques allemands à la veille d’une augmentation massive de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), car de la réponse dépendra la pérennité de la croissance retrouvée.

Les avis sont partagés. Il y a encore quelques mois, la perspective de cette hausse d’impôts, la plus importante de l’histoire allemande, faisait frémir, à un moment où l’économie toute entière semblait encore fragile.

Entre-temps la reprise s’est affermie dans la première économie de la zone euro, mettant celle-ci en mesure de digérer le morceau, aux yeux de beaucoup.

Les observateurs en sont réduits à des conjectures, car la TVA n’a jamais été augmentée de manière aussi draconienne d’un seul coup. Au 1er janvier, elle passera, pour les produits de consommation courante, de 16% à 19%, en partie afin de permettre une baisse des charges patronales, principalement pour l’assainissement des finances publiques. Le taux réduit de 7% continuera néanmoins à s’appliquer à l’alimentation, aux livres, journaux et transports en commun.

Le secteur du commerce de détail crie à la catastrophe. La hausse de la TVA va coûter 27 milliards d’euros aux consommateurs, s’alarme le président de la fédération de la branche, HDE, Holger Wenzel. “Et cela va clairement se ressentir”, a-t-il prévenu mercredi.

Pour ne pas faire fuir le client, beaucoup de distributeurs ne vont pas répercuter la totalité de la hausse de l’impôt sur les prix. Et même, “je suis convaincu qu’à partir de janvier on verra dans la distribution plutôt des promotions que des hausses de prix”, prédit Hans-Joachim Körber, le patron du numéro un allemand de la distribution Metro.

Le HDE considère que le surcoût sera divisé à parts égales entre l’acheteur, le commerçant et son fournisseur, ce qui sera “violent” pour ces deux dernières catégories, dont les marges déjà sont faibles selon la fédération. Elle table en conséquence sur une vague de faillites de petits et moyens acteurs du secteur.

Mais au-delà des effets immédiats sur la branche, les conséquences sur l’économie dans son ensemble sont difficiles à cerner. Pendant des années, la faiblesse de la consommation des ménages a handicapé la croissance allemande, sur fond de chômage de masse. Cette année, l’Allemagne semble enfin avoir pris le virage, et va afficher une croissance du PIB de l’ordre de 2,5% au compteur, sur lequel, pour la première fois depuis longtemps, la consommation privée a eu un impact positif.

Pour le gouvernement, soutenu en cela par nombre d’économistes, la hausse de la TVA ne va pas perturber cette belle dynamique. Le marché du travail, qui a connu un mieux cette année, va continuer à créer des emplois, et les bénéficiaires de cette amélioration vont dépenser leur argent dans les magasins, TVA ou pas.

Le nombre de sans-emploi, qui culminait encore à 5 millions en début d’année, va descendre à 4,1 millions en moyenne en 2007, selon l’Ifo, l’un des instituts optimistes sur l’an prochain.

“La hausse de la TVA ne va laisser qu’un creux”, affirmait encore mercredi le ministre des Finances Peer Steinbrück. Son collègue à l’Economie, Michael Glos, a même parlé dimanche de relever sa prévision de croissance du PIB pour 2007, actuellement à 1,4%.

La relative retenue des consommateurs au quatrième trimestre 2006 pourrait leur donner raison. La saison de Noël a été bonne, mais la grosse vague d’achats anticipés attendue ne s’est pas matérialisée. Les poches des Allemands devraient donc être encore suffisamment pleines pour se permettre quelques petites folies après le 1er janvier.

 28/12/2006 09:27:05 – © 2006 AFP