Contrefaçon : la traçabilité des bouteilles de vin possible mais peu répandue

 
 
SGE.RCK69.011206074817.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Dégustation de “crus bourgeois” de vins de Bordeaux à Ludon-Médoc en mars 2004 (Photo : Patrick Bernard)

[01/12/2006 07:56:14] BORDEAUX (AFP) Puces électroniques, hologrammes, scellés anti-effraction ou codes algorithmiques, les outils permettant de s’assurer de la provenance et de l’intégrité d’une bouteille de vin existent mais sont encore peu développés en France, malgré l’insistance de Bruxelles.

Le salon Vinitech, à Bordeaux, a été l’occasion d’alerter la filière vitivinicole sur les dangers de la contrefaçon et l’opportunité marketing que peut représenter “la traçabilité” exigée par l’Union européenne.

Serge Tchekhov, ancien vigneron, aujourd’hui salarié d’une société qui a développé un système d’immatriculation des flacons basé sur un code aléatoire qui permet de vérifier par SMS ou internet l’authenticité d’une bouteille, évoque “des contrefaçons industrielles”, notamment en raison de “l’augmentation de la consommation” asiatique.

Une inquiétude partagée par Loïc de la Cochetière, président de l’Imprimerie nationale, dont l’organisme public travaille notamment sur des étiquettes infalsifiables. Mais pour lui, la traçabilité peut devenir “un outil marketing”, garantissant au consommateur la provenance d’un produit.

“On a peut-être le meilleur vin”, estime-t-il, “mais il va être contesté quant à sa qualité” si les exportateurs français ne s’adaptent pas, comme le font Italiens ou Espagnols, aux normes exigées par l’Union européenne.

En effet, un règlement européen applicable depuis le 27 octobre impose la traçabilité des “matériaux et objets destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires”.

En période de crise économique, la traçabilité, “c’est une plus-value marketing” pour la marque Bordeaux, assure Alain Raynaud, viticulteur à Saint-Emilion. “Nous avons tout à gagner vis-à-vis du consommateur” à garantir la provenance des flacons, ajoute-t-il en fustigeant “la réticence à l’innovation” de la profession.

La contrefaçon pourrait aussi affecter les vins “d’entrée et de milieu de gamme”, pas uniquement “Ausone, Pétrus ou Latour”, estime M. Raynaud, également président du Cercle Rive Droite, qui regroupe 130 vignerons dans 18 appellations en bordelais.

Le délit de contrefaçon, selon Christine Laï, directrice de l’Union des fabricants et à l’origine de la table ronde sur la question à Vinitech, peut concerner le contenant -imitation des étiquettes ou de la forme de la bouteille-, comme le contenu -remplissage de flacon authentiques, volés ou récupérés.

Avec dans tous les cas un risque important de “perte de marchés et de crédibilité” pour les appellations, estime-t-elle.

Un risque dont Roland Féredj, directeur du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), se dit pleinement conscient : “Nous sommes d’une grande vigilance”, assure-t-il en évoquant “la veille mondiale” qui s’opère grâce notamment “à nos agents, aux négociants, aux services extérieurs de l’Etat”.

Si l’existence de contrefaçons de vins est avérée, il est toutefois impossible d’en évaluer l’ampleur: “La profession fait peu de publicité autour des cas” avérés, de peur de ternir son image, raconte Mme Laï.

Ce que confirme le CIVB : “On ne va pas se pénaliser deux fois : une fois avec la contrefaçon, une autre fois en battant le tambour médiatique” lorsqu’un cas est découvert, explique M. Féredj qui évoque toutefois, à l’étranger, des cas de dépôts d’appellations abusifs ou l’apposition d’étiquettes fantaisistes.

 01/12/2006 07:56:14 – © 2006 AFP