USA : le secteur pharmaceutique en pleine ébullition sur les prix des médicaments

 
 
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Tiroirs de médicaments dans une pharmacie (Photo : Joël Saget)

[30/11/2006 09:40:01] NEW YORK (AFP) Le secteur pharmaceutique américain est en pleine ébullition, les industriels livrant une bataille politique pour défendre les tarifs actuels des médicaments, tandis que la grande distribution secoue le marché en proposant des génériques à prix réduits.

Spécialiste de la distribution à bas prix, Wal-Mart a étendu lundi à tout le pays un programme de vente de génériques à 4 dollars. La généralisation de ce programme, testé en septembre en Floride, a été avancée de plusieurs mois en raison de son succès, et l’initiative a été imitée par des distributeurs concurrents.

Wal-Mart propose 331 médicaments génériques avec en tête antidépresseurs, traitements contre le diabète et contre l’hypertension.

L’enjeu est considérable: parmi ces génériques, 14 figurent dans le top 20 des médicaments les plus prescrits aux Etats-Unis, selon le cabinet rxlist.com.

Ces médicaments représentent une ristourne de 30 à 60% par rapport à leur version non générique, affirme Wal-Mart, qui cite en exemple un traitement contre le diabète représentant des économies potentielles de 19 millions de dollars par an pour ses clients.

Interrogé, Wal-Mart n’a pas souhaité donner d’objectif de chiffre d’affaires ou de parts de marché.

L’irruption des génériques aux Etats-Unis, liée a l’expiration des brevets de certains médicaments phares de plusieurs laboratoires, a valu à Merck une restructuration en 2005. Mardi, Pfizer a également annoncé qu’il allait réduire la voilure “pour s’adapter aux changements rapides du marché”, avec la suppression de 20% de ses effectifs commerciaux américains.

La concurrence des génériques n’est pas le seul vent de face pour l’industrie pharmaceutique: la nouvelle majorité démocrate du pays, élue début novembre, a fait connaître son intention de faire baisser le prix des médicaments pour le système public de santé Medicare.

Dans un programme baptisé “les 100 premières heures” au pouvoir, les parlementaires démocrates ont placé parmi leurs priorités une réforme qui permettrait au gouvernement de négocier avec les laboratoires des tarifs préférentiels. Le projet devrait être étudié lors de la reprise des travaux du Congrès en janvier.

Ce projet permettrait des économies potentielles de 600 milliards de dollars sur 2006-2013, font valoir les démocrates, qui reprochent aux firmes pharmaceutiques d’augmenter de 6% par an les prix de leurs médicaments vedettes.

Dans ce contexte, l’industrie pharmaceutique se démène à grand renfort de groupes de pression pour défendre l’actuel système. D’autant que le secteur avait largement participé à son élaboration en 2003, au côté des républicains.

Courant novembre, l’influente association du secteur (Pharmaceutical Research and Manufacturers of America) a réuni ses responsables pour mettre au point une riposte à ce projet de réforme.

Selon le New York Times, le secteur, qui débourse déjà 100 millions de dollars par an pour ses activités de lobbying à Washington, n’a pas encore établi de budget pour cette nouvelle campagne, faite de recrutements de nombreux conseillers chargés d’approcher des élus au Congrès.

Les laboratoires avancent notamment que les tarifs préférentiels vont engendrer un contrôle des prix et une insatisfaction des bénéficiaires de Medicare, qui se verront barrer l’accès aux traitements jugés trop chers par le gouvernement.

Pour étayer ce propos, le secteur s’appuie sur un récent sondage Harris/Wall Street Journal selon lequel 75% des seniors sont satisfaits de l’actuel système Medicare et 73% ne souhaitent pas en changer l’an prochain.

 30/11/2006 09:40:01 – © 2006 AFP