Madrid cède et finit par assouplir ses conditions à la fusion E.ON/Endesa

 
 
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Logo d’Endesa à Barbate (Photo : Jose Luis Roca)

[04/11/2006 16:01:41] MADRID (AFP) Après plusieurs rappels à l’ordre de la Commission européenne, le gouvernement espagnol s’est plié samedi aux exigences communautaires en assouplissant ses sévères conditions à l’offre d’achat de l’électricien espagnol Endesa par le numéro un allemand de l’énergie E.ON.

Le ministère espagnol de l’Industrie a décidé “d’adapter les modalités et les conditions du feu vert à l’OPA d’E.ON au cadre juridique européen”, a-t-il annoncé dans un communiqué.

Ce changement de position de Madrid passe notamment par le retrait de l’une de ses conditions les plus critiquées: l’obligation d’importantes cessions d’actifs – centrales nucléaires, de charbon et installations électriques – représentant environ 30% de la puissance installée d’Endesa en Espagne.

En dépit du feu vert inconditionnel donné par Bruxelles en avril, le gouvernement espagnol avait soumis en juillet le projet d’acquisition d’E.ON à 19 sévères conditions, dont les cessions d’actifs.

Ces conditions avaient aussitôt été condamnées et qualifiées d'”illégales” par la Commission européenne, qui avait demandé leur retrait à plusieurs reprises. E.ON les avait pour sa part jugées totalement “infondées”.

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Wulf Bernotat, le président d’E.ON, s’adresse aux actionnaires de la compagnie le 4 mai 2006 in Essen (Photo : Michael Gottschalk)

Le gouvernement espagnol souhaitait dans un premier temps la formation d’un géant national de l’énergie en soutenant l’OPA hostile préalable de l’espagnol Gas Natural, actuellement enlisée dans une bataille judiciare.

Mais son attitude protectionniste a été pointée du doigt et il a finalement été obligé de céder face à l’insistance de la Commission européenne, qui, après plusieurs rappels à l’ordre, a ouvert une procédure d’infraction contre Madrid début octobre.

Dans son communiqué, le ministère de l’Industrie a toutefois précisé qu’il maintenait sa condition d’obligation de la “vente d’actions d’Endesa en cas d’acquisition de plus de 50% du capital d’E.ON par un tiers dans les 10 prochaines années”.

“Nous maintenons cette condition car elle correspond à un droit qu’a l’Etat espagnol de se défendre”, a déclaré le ministre espagnol de l’Industrie, Joan Clos, après cette annonce.

Le ministère explique par ailleurs que le groupe allemand “sera obligé de maintenir les engagements actuels d’Endesa en ce qui concerne la gestion, l’approvisionnement ou les investissements”.

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Chiffre d’affaires, bénéfices et effectifs d’E.ON et Endesa

Mais l’assouplissement de Madrid n’est qu’un obstacle de moins à la tentative de rachat d’E.ON, qui doit désormais prendre en compte la montée en puissance du groupe de construction espagnol Acciona dans le capital d’Endesa.

L’annonce de Madrid intervient en effet au lendemain de l’autorisation par la Commission nationale de l’énergie (CNE) d’une augmentation de la participation d’Acciona dans le capital d’Endesa jusqu’à 24,9%, juste sous le seuil légal de 25% qui contraint à lancer une OPA.

L’irruption “surprise” d’Acciona, surgi comme le “chevalier blanc” d’Endesa selon certains analystes, est venu compliquer la situation d’E.ON, qui s’est vu contraint de relever le prix de son OPA fin septembre, valorisant désormais Endesa à 37 milliards d’euros (35 euros par action).

Toute nouvelle augmentation de participation d’Acciona, devenu premier actionnaire d’Endesa après l’acquisition de 10% de son capital en septembre, devra cependant obtenir “une nouvelle autorisation”, a signalé la CNE.

Le titre d’Endesa à la Bourse de Madrid avait terminé vendredi en hausse de 1,52% à 35,33 euros, pour la première fois au-dessus du prix proposé par E.ON depuis le relèvement de son offre.

 04/11/2006 16:01:41 – © 2006 AFP