“Journée morte” dans les Ardennes face aux pertes d’emplois

 
 
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Manifestation, le 3 novembre 2006 à Charleville-Mézières pour protester contre les fermetures successives d’entreprises dans les Ardennes (Photo : Alain Julien)

[03/11/2006 18:38:18] CHARLEVILLE-MEZIERES (AFP) Face aux multiplications récentes de fermetures d’usines et un taux de chômage de 13%, les Ardennais ont tiré vendredi le signal d’alarme en organisant symboliquement une journée “Ardennes mortes” contre le “gâchis industriel et humain”.

A Charleville-Mézières, préfecture du département, 1.500 personnes selon les syndicats, 1.200 selon la police ont manifesté à l’appel de la CGT et de Force ouvrière, qui avaient également lancé un mot d’ordre de grève dans le public et le privé.

“On est dans une situation d’alerte: en dix jours, il y a eu un peu plus de 450 licenciements dans le département”, explique le secrétaire général départemental de la CGT, Jean-Louis Joffrin, satisfait d’une manifestation qui a rassemblé davantage de monde que lors des habituelles journées d’action.

Le département subit notamment de plein fouet la crise de la sous-traitance automobile. Les mauvaises nouvelles se sont succédé ces derniers jours avec la liquidation judiciaire de l’équipementier automobile Thomé-Génot, qui employait 300 personnes à Nouzonville. Vendredi matin, ses salariés ont ouvert le cortège.

Visteon, spécialisé dans les systèmes de climatisation, a annoncé la suppression de 314 emplois à Charleville. Delphi et PSA suscitent également des inquiétudes, même si le Pdg de PSA Peugeot-Citroën Jean-Martin Folz assure qu’il n’y a “aucune menace existentielle pour l’usine de Charleville”.

“On a déjà souffert de la crise de la sidérurgie à la fin des années 1970 puis de celle de la métallurgie à la fin des années 1980, il faut un plan de revitalisation industrielle du département”, plaide Jean-Louis Joffrin, qui avait appelé les commerçants à baisser leurs rideaux en signe de solidarité.

Mais, à part à Nouzonville, rares sont ceux qui ont répondu à cet appel, a constaté une correspondante de l’AFP.

Dans le cortège à Charleville, formé de douaniers, de cheminots, d’hospitaliers ou d’enseignants, on pouvait lire sur plusieurs banderoles: “On veut continuer dans nos Ardennes, rendez-nous notre travail”.

“On se devait d’être là, on a tous un proche touché par ces licenciements, on en croise tous les jours dans la ville”, explique Laurence Boucher, employée de mairie à Nouzonville.

Mathias Du Souich, un étudiant de 21 ans, estime pour sa part que “si on perd encore des postes, c’est toute la région qui va mourir, les licenciements se répercutent sur tout, il faut arrêter le carnage”.

Mais, même si le taux de chômage reste de quatre points supérieurs à la moyenne nationale, il est passé de 13,5% à 13% entre le premier trimestre et le deuxième trimestre 2006, rappelle Dominique Guérin, président UMP de la commission des affaires économiques au conseil général, malgré tout “solidaire” des manifestants.

Pourtant, pour Philippe Vuilque, député PS des Ardennes figurant parmi les nombreux élus venus manifester vendredi, “cette journée est l’expression d’une colère des salariés et des Ardennais”.

“Pour l’instant, on fait face à un silence tonitruant de la part de Paris, ça ne pourra pas continuer”, tonne-t-il.

Mardi, le ministre délégué à l’Emploi Gérard Larcher a promis un plan pour la revitalisation économique dans le département.

 03/11/2006 18:38:18 – © 2006 AFP