Acier : l’anglo-néerlandais Corus accepte l’offre de rachat de l’indien Tata

 
 
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Les PDG de Tata Steel Ratan Tata (g), et du groupe Corus James Leng lors d’une conférence de presse, le 20 octobre 2006 à Londres (Photo : Adrian Dennis)

[20/10/2006 15:45:57] LONDRES (AFP) L’anglo-néerlandais Corus a accepté vendredi l’offre de rachat de l’indien Tata Steel, une étape de la consolidation du secteur de l’acier qui crée un nouveau géant mondial et marque le plus gros achat jamais réalisé par un groupe indien à l’étranger.

Tata va débourser 5,1 milliards de livres (7,62 milliards d’euros) pour Corus : 4,3 milliards pour le capital et le reste pour la dette. Il versera en outre 126 millions de livres dans un des fonds de retraite de Corus.

S’il n’est pas énorme en termes financiers, ce mariage est symbolique à plusieurs niveaux.

En créant un nouveau numéro cinq mondial de l’acier selon Tata et Corus, sixième selon les chiffres de la fédération internationale de l’acier, avec quelque 23 millions de tonnes produites chaque année, il marque d’abord une nouvelle étape dans la consolidation du secteur, relancée par la création cette année du géant Arcelor-Mittal.

Dans la foulée de l’accord Tata-Corus, les numéros deux et trois, le japonais Nippon Steel et le sud-coréen Posco, ont d’ailleurs annoncé qu’ils allaient renforcer leur propre alliance stratégique.

L’accord illustre aussi une nouvelle tendance dans l’acier : allier une entreprise occidentale à fort potentiel technologique, et une autre basée dans un pays émergent où les coûts de production sont bas et possédant ses propres ressources en minerai de fer.

Corus avait arrêté une telle stratégie en juillet 2005 après plusieurs années de pertes financières et entrepris depuis lors des discussions avec des concurrents brésiliens, russes et indiens.

L’opération marque par ailleurs le plus gros rachat jamais réalisé à l’étranger par un groupe indien. L’Inde a déjà réalisé 7,2 milliards de dollars d’acquisitions à l’étranger sur les neuf premiers mois de 2006, contre 4,5 milliards de dollars en 2005, selon le cabinet britannique Dealogic.

Il représente aussi un nouveau succès du vénérable conglomérat Tata, premier employeur indien du secteur privé, qui pèse à lui seul 2,8% du PIB indien.

Les dirigeants des deux groupes ont tenu à Londres une conférence de presse retransmise simultanément à Amsterdam, New Delhi, Bombay et Calcutta. L’ambiance amicale n’avait rien à voir avec la première conférence commune d’Arcelor et Mittal, en juin, où les dirigeants d’Arcelor faisaient grise mine à Lakshmi Mittal, le fondateur et patron indien de l’entreprise néerlandaise.

Le directeur général de Corus, le français Philippe Varin, a souligné que ce mariage avait eu lieu, pour sa part, “après de nombreuses discussions”, qui avaient pris “très longtemps”.

Le président de Corus, Jim Leng, a estimé que “Tata représente le bon partenaire, au bon moment, au bon prix, et dans les bonnes conditions”. Il a indiqué que l’Inde avait en fait toujours eu la préférence de Corus.

Rajan Tata, le président de Tata, a jugé que cette alliance “n’était pas une décision opportuniste, mais l’expression d’une stratégie commune de mondialisation”.

Le prix proposé par Tata Steel, 455 pence par action, est inférieur à la valeur actuelle du titre Corus à la Bourse de Londres, 474 pence. Mais Jim Leng, en soulignant à plusieurs reprises que Tata offrait “un bon prix”, a semblé exclure de donner suite à une autre offre.

Corus, dont le logo ovale rouge fait pendant au logo ovale bleu de Tata, “gardera son identité” au sein de Tata, a assuré Rajan Tata.

Le directeur général de Tata, B Muthuraman, a évoqué des “synergies importantes” mais le groupe a exclu des suppressions d’emplois à court terme.

 20/10/2006 15:45:57 – © 2006 AFP