En Bavière, Poutine affiche les ambitions économiques de la Russie

 
 
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Le président russe, Vladimir Poutine à Dresde, le 10 octobre 2006

[11/10/2006 17:11:39] MUNICH (AFP) Le président russe, Vladimir Poutine, a rencontré mercredi à Munich (sud) de nombreux patrons allemands, en vue de poursuivre l’offensive économique russe en Allemagne, au terme d’une visite assombrie par l’assassinat de la journaliste russe, Anna Politkovskaïa.

“Nous sommes particulièrement intéressés par une coopération dans le secteur des hautes technologies”, a déclaré M. Poutine au chef du gouvernement régional de Bavière, Edmund Stoiber.

“Je suis sûr que la Bavière, en tant que centre économique majeur, jouera un rôle essentiel dans la coopération germano-russe”, a ajouté le chef du Kremlin, devant de nombreux dirigeants d’entreprises et de banques.

Sur les 2.500 sociétés allemandes présentes en Russie, la moitié vient de Bavière, l’une des régions les plus prospères d’Allemagne.

“La Russie fait parti des plus gros marchés en croissance du monde et est géographiquement proche de l’Allemagne”, a déclaré le président du groupe d’experts sur l’Europe de l’Est des industriels allemands, Klaus Mangold.

Dans une interview publiée le jour de sa visite en Bavière, M. Poutine n’a pas manqué de mettre en relief les réserves naturelles de son pays : “nous avons d’énormes ressources. Toute l’Europe a besoin de notre énergie”, a-t-il déclaré au quotidien Süddeutsche Zeitung.

Dans ce même entretien, le président russe a également réaffirmé son intérêt pour le géant de l’aéronautique EADS, qui compte depuis peu une banque russe à son capital.

Vladimir Poutine était accompagné à Munich par une délégation d’hommes d’affaires russes et son ministre de l’Economie, German Gref.

L’an prochain, les entreprises allemandes vont investir près de 1,4 milliard d’euros en Russie et se disent majoritairement confiantes dans l’amélioration du climat des affaires, a assuré M. Mangold.

Des accords commerciaux et des contrats entre des firmes allemandes et russes ont été signés à l’occasion de la venue à Munich du président russe, qui devait regagner Moscou dans la soirée, à l’issue d’une visite de deux jours en Allemagne.

Une série d’accords bilatéraux avaient également été conclus la veille à Dresde, dans l’ex-RDA, au terme d’une journée marquée par les déclarations de M. Poutine sur l’assassinat de la journaliste russe Anna Politkovskaïa.

Qualifiant cet acte d'”épouvantable par sa cruauté”, M. Poutine avait toutefois affirmé que la “capacité d’influence (de la journaliste, très critique à l’égard du Kremlin, ndlr) sur la vie politique du pays, en Russie, était extrêmement insignifiante”.

Ces propos ont suscité la stupéfaction mercredi à Moscou parmi les journalistes, défenseurs des droits de l’Homme et analystes.

A Munich, deux dirigeants Verts élus au parlement régional de Bavière ont annulé à la dernière minute leur participation à un déjeuner en l’honneur du président russe, afin de protester, ont-ils dit, “contre la situation inquiétante des droits de l’Homme en Russie”.

En accueillant le président russe mardi à Dresde, la chancelière Angela Merkel avait évoqué le “choc” créé par l’assassinat de la journaliste russe, en soulignant que la liberté de la presse était “un aspect important dans les pays où la démocratie se développe”.

La chancelière avait elle aussi mis l’accent sur l’approfondissement des relations germano-russes. Mais, relevait mercredi le quotidien Süddeutsche Zeitung, la relation entre Angela Merkel et Vladimir Poutine change de la “Poutinophilie” affichée par l’ex-chancelier de Gerhard Schröder, devenu un ambassadeur du géant gazier russe Gazprom.

 11/10/2006 17:11:39 – © 2006 AFP