Les quotas en débat au Forum mondial des femmes

 
 
SGE.UML32.061006142049.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Anne Lauvergeon, patronne d’Areva, s’exprime au Forum mondial des femmes, le 5 octobre 2006 (Photo : Mychèle Daniau)

[06/10/2006 14:26:32] DEAUVILLE (AFP) Les quotas sont “nécessaires mais pas suffisants” pour accélérer la progression des femmes vers les plus hautes responsabilités dans les entreprises, selon des experts invités au 2e Forum mondial des femmes à Deauville.

“La question n’est pas: +comment intégrer les femmes dans les entreprises?+ mais +comment les faire progresser?+”, a lancé au début des débats de vendredi Laura Liswood, secrétaire générale du Conseil mondial des femmes dirigeantes.

Alors que les femmes n’occupent, selon elle, que 20% des postes de chef d’entreprise en Europe et 15% aux Etats-Unis, la question est d’accélérer le mouvement.

“Au rythme actuel, il faudra 40 ans aux Etats Unis pour qu’on arrive à la parité”, a prédit Eleanor Tabi Haller Jorden, qui dirige Catalyst Europe, société de conseils en management.

“Beaucoup de gens sont agacés par le mot +quota+ car il donne l’impression de violer les principes de la méritocratie, mais l’écart entre hommes et femmes est pénible et persistant”, a-t-elle ajouté. “Les hommes sont jugés sur leur potentiel et les femmes sur leurs performances”, selon elle.

Le vice-président de Total Yves-Louis Darricarrère a affirmé que le groupe pétrolier français était soucieux de “mieux refléter la société” mais n’était pas favorable aux quotas. “Notre culture du management n’est pas en faveur des quotas”, a-t-il expliqué, mais “l’équité est une de nos valeurs principales”.

SGE.UML32.061006142049.photo01.quicklook.default-171x245.jpg
L’ancienne sécrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat, au Forum mondial des femmes (Photo : Mychèle Daniau)

La proportion de femmes parmi les quelque 350 hauts dirigeants de l’entreprise est passée de 4% en 2003 à 7% actuellement, et “nous nous sommes fixés pour objectif, à l’horizon 2010, que 12% des postes les plus importants du groupe soient occupés par des femmes”, a-t-il dit.

Un “conseil de la diversité” présidé par M. Darricarrère a été mis en place récemment et a en charge plus spécifiquement le déroulement des carrières féminines.

Ce “managing” global apparaît également être la solution la plus adaptée à la promotion des femmes, selon Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT et actuel responsable de Vigeo, société de conseils aux entreprises. “Les quotas sont utiles et nécessaires, mais pas magiques”, a-t-elle estimé, en dénonçant certaines “présomptions d’incompétence potentielle” chez les femmes.

“Pour parvenir à une mixité équilibrée, il faut une volonté politique des dirigeants”, a assuré l’ancienne syndicaliste.

Long Litt Woon, anthropologue et directrice de Long and Olsen, société de management basée en Norvège, a estimé que “les quotas étaient une partie de la réponse”.

Depuis cette année, une loi oblige les entreprises privées norvégiennes qui veulent être cotées en Bourse à réaliser un ratio de 60% d’hommes et 40% de femmes dans leurs conseils d’administration. “Et ça marche!”, a-t-elle conclu.

 06/10/2006 14:26:32 – © 2006 AFP