Allemagne : le chômage baisse de nouveau, mais l’avenir reste incertain

 
 
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Une agence pour l’emploi à Bernau, au nord de Berlin, le 29 septembre 2005 (Photo : Michael Urban)

[28/09/2006 12:41:34] FRANCFORT (AFP) Le marché du travail allemand profite de plus en plus de la bonne santé de l’économie, comme en témoigne le recul du chômage en septembre, mais l’avenir reste incertain alors que la croissance est appelée à s’essouffler en 2007.

Le taux de chômage brut en Allemagne est tombé à 10,1% en septembre contre 10,5% en août, a annoncé jeudi l’Agence pour l’emploi. Une nette détente “dans le sillage de la reprise de la conjoncture”, estime Frank-Jürgen Weise, président de l’Agence, dans un communiqué.

Le mois de septembre est certes en général favorable à l’emploi, car les entreprises réembauchent après les vacances d’été.

Mais l’amélioration va selon lui au delà des effets saisonniers: “les emplois soumis à cotisations sociales continuent à augmenter, le nombre des places vacantes a pu de nouveau progresser”, souligne-t-il.

Quelque 4,238 millions de personnes étaient à la recherche d’un emploi en septembre, soit environ 134.000 de moins qu’en août. Les données brutes, qui n’intègrent pas les variations saisonnières ou calendaires, font référence dans le débat public.

Après plusieurs mois d’améliorations successives semble se dessiner un tournant sur le marché, a réagi le ministre de l’Emploi social-démocrate, Franz Müntefering, qui reste toutefois très prudent.

“Si nous parvenons à évoluer à un bon niveau de croissance l’an prochain –et nous pouvons y arriver– alors il sera possible de parvenir à un tournant décisif sur le marché de l’emploi”, selon lui.

Les économistes sont plus circonspects. Certes “les emplois réguliers soutiennent la hausse de l’emploi en général”, et plus seulement les petits boulots subventionnés par l’Etat, note Sylvain Broyer chez IXIS. “C’est une très bonne nouvelle pour la consommation privée”.

Mais le recul du chômage semble ralentir. En données corrigées des variations saisonnières (CVS), le nombre de chômeurs a diminué de 17.000, soit moins que prévu par les économistes. Le taux de chômage CVS stationne ainsi à 10,6% selon des statistiques de la Bundesbank. Les économistes avaient espéré qu’il descende à 10,5%.

Le taux CVS stagne depuis trois mois, alors qu’il avait décru de 0,8 point de pourcentage entre janvier et juillet, grâce aux réformes du marché du travail, au Mondial-2006 de football et au redressement du secteur du bâtiment, rappelle Sylvain Broyer.

“La tendance (actuelle) n’est pas plus favorable qu’elle ne l’était lors de la première moitié de l’année”, selon lui. Comme la plupart de ses collègues, il continue à miser sur une baisse lente et progressive du chômage, dont le taux devrait s’élever à 10,4% à la fin de cette année.

Pour l’an prochain, les avis sont mitigés. “Nous ne prévoyons pas que le chômage va de nouveau augmenter en 2007, même si la croissance devrait atteindre uniquement 1%, la moitié de cette année”, jugent les économistes de la Commerzbank dans une note.

Mais rien n’indique non plus que le chômage de masse va nettement se réduire, ajoutent-t-ils.

L’Allemagne va souffrir l’an prochain de plusieurs maux: la forte hausse de la taxe sur la valeur ajoutée, qui devrait donner un coup d’arrêt à la consommation des ménages traditionnellement atone dans la première économie de la zone euro; le ralentissement de l’économie mondiale, qui devrait peser sur les exportations; enfin les hausses à répétition des taux directeurs de la Banque centrale européenne vont exercer pleinement leurs effets et mettre un bémol à la volonté d’investir des industriels.

Dans ce contexte, “on peut attendre à moyen terme une plus grande réserve des entreprises” dans leur politique d’embauche, prévient l’économiste de la NordLB Tobias Basse.

 28/09/2006 12:41:34 – © 2006 AFP