Développement : La situation des PMA africains est inquiétante

Par : Tallel
 
 

afric.jpgEn 1971, l’Afrique
comptait 18 pays les moins avancés (PMA) ; ils sont aujourd’hui au nombre de
34. Inutile de dire que les politiques dites de développement adoptées par
le continent –fussent-elles suggérées par les institutions de Breton Wood-
se sont révélées inefficaces.

Soulignons tout d’abord que cette catégorie de pays a
été définie par les Nations unies en 1971, en reconnaissance du fait que les
pays les plus pauvres ont besoin d’une assistance spéciale.

Depuis cette date, un seul pays africain a réussi à se
sortir, en 1994, de ce statut de PMA, c’est le Botswana, riche en diamant.
Selon Imraan Valodia, professeur d’études en développement à l’Université du
Kwazulu-Natal, en Afrique du Sud, ”Le Botswana jouit d’u ne forte base de
ressources. Sa population est peu nombreuse (environ 1,7 million)…
Malheureusement, il n’a pas très bien réussi à accroître son volume
commercial. Nous ne savons pas ce qui arrivera lorsque ses ressources vont
s’épuiser”.

Deux autres pays pourraient quitter les rangs de PMA, en l’occurrence
le Cap Vert (en Afrique) et les Maldives (sur l’Océan
indien) , bien que le tsunami de décembre
2004 se soit révélé un revers pour ce dernier.

En effet, la Conférence des Nations unies sur le
commerce et le développement (CNUCED) indique que le Cap Vert a réduit la
pauvreté absolue de 49% en 1988 à 37% en 2002. Il faut rappeler à ce sujet
que l’Organisation des Nations unies (ONU) considère que quelqu’un vit dans
la pauvreté absolue si ses besoins fondamentaux -pour la nourriture et l’eau
potable, par exemple- ne sont pas en train d’être satisfaits.

En outre, la petite ancienne colonie portugaise
d’Afrique de l’Ouest a également enregistré une croissance économique de
5,5% au cours des 5 dernières années (2001-2005), et pourrait atteindre les
7% d’ici à 2007.

”L’objectif des politiques et stratégies du
gouvernement était d’accroître considérablement les niveaux de vie des
populations à travers des niveaux accrus de revenus réels, un secteur privé
dynamique et des opportunités d’emploi croissantes, entre autres”, souligne
un document de la CNUCED (Conférence des Nations unies pour le commerce et
le développement).

Au final, il est évident que la situation des PMA
africains reste inquiétante et ce en dépit des statistiques optimistes.
”Même si les statistiques économiques du FMI (Fonds monétaire
international) sont en train de montrer une croissance positive, la réalité
sur le terrain, en termes de réduction de la pauvreté, montre qu’il n’y a
rien à raconter en Afrique, a déclaré Vitale Meja, directeur de programme au
‘African Forum and Network on Debt and Development’ (Forum et réseau
africains sur la dette et le développement), une organisation non
gouvernementale basée à Harare (Zimbabwe). Les services de fourniture de
santé sont dans un désordre sans nom, l es systèmes de transport sont mal en
point et les Africains mendient toujours de la nourriture auprès des agences
de donatrices”.

Entre 2001 et 2004, des Etats PMA -Angola, Tchad et
Guinée Equatoriale- tous producteurs de pétrole, de même que le Mozambique
et la Sierra Leone, ont atteint voire dépassé un taux de croissance annuelle
de 7%, selon la CNUCED. Toutefois, l’Angola n’a pas réussi à faire des
progrès substantiels dans la fourniture de l’accès à l’eau potable et dans
la réduction de la mortalité infantile.

Pourtant, selon l’analyse de Valodia, les PMA
africains sont étouffés par une série de facteurs, aussi bien internes
qu’externes : ”Il y a des questions directement sous le contrôle des PMA,
notamment des questions sociales et culturelles, comme la guerre en RDC qui
arrête le développement. Il y a également des questions claires de
corruption. Certains des pays ont des infrastructures médiocres et manquent
de compétences nécessaires”, a-t-il souligné.

”Ensuite, il y a des questions externes. Les PMA ne
sont pas tellement liés au commerce international; là où ils sont, ils
dépendent d’une ou de deux cultures comme le cacao et le coton. En fait, les
PMA sont faibles et ne peuvent pas s’exprimer dans des institutions comme l’OMC
(Organisation mondiale du commerce)”, estime le professeur sud-africain.

Mais ce n’est pas tout, puisque le professeur pointe
également du doigt la dette, estimant que les efforts existants pour annuler
le poids des remboursements doivent être améliorés. ”Le Liberia, par
exemple, a besoin d’une annulation de la dette — étant donné les énormes
avancées qu’il a faites pour mettre fin à sa guerre civile. Avec une
population de 3,6 millions d’habitants, il doit 3,5 milliards de dollars en
dettes extérieures, principalement aux Etats-Unis, à la Grande-Bretagne et à
l’Allemagne”, a-t-il indiqué.

”Ceci signifie que chaque Libérien, y compris les
enfants à l’école, doit 972 dollars aux pays donateurs. Pourtant, 85% des
Libériens vivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins d’un dollar par
jour”.

Rappelons qu’à l’heure actuelle, le statut d e PMA est
déterminé par les revenus d’un pays (des revenus par tête d’habitant de
moins de 750 dollars sur trois années pourraient envoyer une nation sur la
liste), les atouts humains et la vulnérabilité économique.

Le degré des atouts humains d’un pays est mesuré par
les niveaux d’éducation, d’alphabétisation des adultes, de nutrition -tandis
que la vulnérabilité économique est déterminée par des facteurs comme
l’instabilité dans la production agricole et dans l’exportation des biens et
services.


T.B.