Le CJD en «think tank» du patronat

 
 


jeundir.jpgCréé il y a huit ans, le Centre des Jeunes
Dirigeants d’entreprises (CJD) est en train de s’imposer comme une sorte de
cercle de réflexion (un «think tank») –et de formation- sur et au profit du
patronat. «Interdit» d’action syndicale –qui demeure une prérogative de l’organisation-mère,
l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA)-,
le Centre des Jeunes dirigeants (CJD) est en train de se tailler un double
rôle de «think tank» et de centre de formation des jeunes patrons.

En tant que «think tank», le CJD, dirigé depuis dix-huit mois par M.
Abdelaziz Dargouth, mène, surtout depuis l’arrivée de l’actuelle équipe
dirigeante aux commandes depuis juin 2005, un travail d’investigation et d’étude
du monde des affaires d’une façon générale et de la population des jeunes
dirigeants d’entreprises en particulier, pour mieux en cerner les
caractéristiques et en comprendre les ressorts et les motivations profondes.

Entamé en 2005 par un sondage d’opinion mené pour connaître l’appréciation
qu’ont les jeunes patrons du climat des affaires en Tunisie, suivi d’une
journée de réflexion sur «l’entreprise familiale à l’épreuve de la
transmission», ce travail se poursuit avec l’enquête nationale sur «les
profils des entrepreneurs tunisiens», dont les résultats ont été présentés
mercredi 20 septembre, lors de la journée d’étude sur «le profil de
l’entrepreneur tunisien et la culture entrepreneuriale», organisée en
avant-programme de l’Assemblée générale du CJD.

Deuxième axe de l’activité de l’organisation, la formation vise à la fois à
diffuser l’esprit d’entreprise et à aider les membres du CJD à acquérir les
aptitudes nécessaires leur permettant de bien gérer leurs entreprises et
jouer leur rôle d’animateur au sein de la communauté des «JD».

Pour ses propres membres, le CJD a mis en place le programme «START», conçu
par le CJD France, et destiné à leur expliquer la philosophie et les valeurs
de l’organisation.

A l’extérieur, l’organisation des jeunes dirigeants d’entreprises s’est
distinguée en mars 2006 par une initiative originale : «la caravane de
l’indépendance pour la création d’entreprise» (17-20 mars 2006), et qui
visait à encourager la création d’entreprises dans plusieurs gouvernorats
souffrant d’un déficit dans ce domaine.

Dans le même but, le CJD a conclu avec l’Université 7 Novembre de Carthage
une convention en vue du parrainage de 29 clubs de création d’entreprises.

De plus, l’assemblée générale du 20 septembre 2006 a été une occasion pour
ajouter une autre pierre à cet édifice avec la signature d’une autre convention,
cette fois-ci avec l’Organisation des Nations unies pour le Développement
Industriel (ONUDI), portant mise en place d’un programme de création et de
développement d’entreprises, s’inspirant de l’expérience du Bahreïn dans ce
domaine.

A plus long terme, le CJD envisage de créer «l’Ecole du Jeune Dirigeant»,
afin de pallier l’absence d’une structure où l’on «apprend à diriger une
entreprise».

Huit ans après sa création à l’initiative de l’UTICA, le CJD a encore du
chemin à faire. D’abord, avec seulement 8 antennes régionales, il doit faire
beaucoup d’efforts pour améliorer sa représentativité.

Ensuite, l’organisation a du pain sur la planche pour réussir à faire bouger les mentalités
afin que les jeunes dirigeants ne reproduisent pas les lacunes et les tares
de leurs aînés. Or, ce risque existe si l’on se réfère au nombre de «JD»
ayant répondu au questionnaire de l’enquête nationale sur «les profils des
Jeunes entrepreneurs tunisiens» -qui s’est établi à 135 sur un total de 621
(soit un taux de 21,79%). Ce qui a incité M. Karim Ben Kahla, chargé de
l’enquête, à se demander à quoi imputer cette faible participation au
sondage : le timing de l’enquête ? Une réticence à parler de soi-même et un
manque de transparence des JD ? Un manque de confiance envers l’organisme
initiateur de la recherche ?

M. Hédi Djilani, président de l’UTICA, -qui se dit «ébahi par le nombre de
patrons confiant la gestion de leur mail à leurs secrétaires»- suggère,
quant à lui, une autre explication : l’Internet n’est pas encore très
répandu dans l’entreprise.

Ce qui n’est guère plus rassurant.