Poutine veut affirmer la présence économique russe en Afrique du Sud

 
 
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Le président russe Vladimir Poutine et le président sud-africain Thabo Mbeki (D) le 5 septembre 2006 au Cap, en Afrique du Sud

[05/09/2006 17:24:23] LE CAP (AFP) Le président russe Vladimir Poutine s’est engagé mardi au Cap (sud-ouest) à affirmer la présence économique de la Russie en Afrique du Sud, géant économique du continent, au premier jour d’une visite “historique” et sans précédent à ce niveau dans la Nation arc-en-ciel.

“Le niveau de notre coopération économique est en décalage par rapport à notre niveau de coopération politique”, a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse à l’issue d’environ deux heures d’entretien avec son homologue sud-africain Thabo Mbeki.

“A ce jour, notre niveau de coopération économique est si bas (…) Nous avons un important rattrapage à faire”, a-t-il ajouté.

“Cela ne peut être comparé avec le volume d’échanges existant entre l’Afrique et d’autres grands pays du monde”, a-t-il expliqué.

Il s’agit de la première visite d’un chef d’Etat russe en Afrique du Sud.

Les échanges économiques entre les deux pays, qui ont tissé des liens serrés lors de la lutte anti-apartheid, sont à ce jour très limités.

En 2004, les exportations sud-africaines vers la Russie se sont élevées à 130 millions de dollars. Lors des neuf premiers mois de 2005, les exportations russes vers l’Afrique du Sud se sont limitées à 18,2 millions de dollars.

“Nous travaillons sur des projets représentant des milliards de dollars d’investissements”, a souligné Vladimir Poutine, citant le nucléaire, l’agriculture, la technologie militaire, le gaz et le pétrole, comme des secteurs de développement potentiel avec l’Afrique du Sud.

En écho, le chef de l’Etat sud-africain a appelé de ses voeux une coopération économique “qui bénéficie aux deux parties”.

“Le président (Poutine) a tout à fait raison sur notre niveau de coopération économique: il est bas”, a-t-il regretté.

Soulignant les “excellentes relations politiques” entre les deux pays, en particulier sur “les questions internationales”, M. Mbeki a affirmé que l’Afrique du Sud ne craignait en aucun cas une “invasion” économique de la part de la Russie.

“Une visite historique, oui, assurément. Une invasion, non, ce n’est pas possible”, a-t-il expliqué.

“En tant que Sud-Africains, nous avons beaucoup de chance que les investisseurs russes soient aussi déterminés à nous aider à développer notre économie”, a-t-il estimé.

L’objectif affiché de l’Afrique du Sud est d’atteindre une croissance économique durable de 6% à compter de 2010.

Au-delà d’un “Traité d’amitié et de partenariat”, les deux pays ont signé trois accords de coopération dans les secteurs de l’exploration spatiale, de la santé, et de la protection de la propriété intellectuelle”.

Le président russe devait rencontrer mardi dans la soirée une délégation du parlement ainsi que plusieurs représentants du monde des affaires, dont Nicky Oppenheimer, dirigeant du groupe diamantaire De Beers.

Selon Zwelethu Jolobe, enseignant en relations internationales à l’Université du Cap, la visite de Poutine est une occasion pour la Russie de nouer des relations économiques plus étroites avec un pays et un continent qu’elle a plutôt eu tendance à négliger dans un passé récent.

“Il est clair que, depuis des années, les relations de la Russie avec l’Afrique et l’Amérique latine ont été négligées”, a-t-il expliqué.

Mercredi, M. Poutine doit visiter le bagne de Robben Island, au large du Cap, où Nelson Mandela a passé l’essentiel de ses 27 années derrière les barreaux avant de devenir en 1994 le premier président noir de l’histoire de l’Afrique du Sud.

A l’issue de sa visite en Afrique du Sud, le président russe doit se rendre au Maroc.

 05/09/2006 17:24:23 – © 2006 AFP