Etats-Unis : la Fed laisse son taux directeur inchangé à 5,25%

 
 
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Le patron de la Fed Ben Bernanke à Washington, le 27 avril 2006 (Photo : Joshua Roberts)

[08/08/2006 20:50:26] WASHINGTON (AFP) La Réserve fédérale américaine (Fed) a comme prévu laissé inchangé mardi son principal taux directeur à 5,25%, mais n’a pas exclu la possibilité d’autres hausses à l’avenir si l’inflation reste élevée.

Cette pause est la première du cycle de resserrement monétaire commencé en juin 2004. A l’époque, le taux directeur était encore fixé à 1% seulement.

Elle était largement attendue par les analystes et semblait d’autant plus télégraphiée que le président de la Fed Ben Bernanke n’avait aucune envie de mettre les marchés en ébullition alors qu’il venait juste de trouver la bonne longueur d’onde pour communiquer avec eux.

Pourtant la décision a pesé sur la bourse de New York, l’indice Dow Jones perdant 0,41% et le Nasdaq 0,56%.

Pour les marchés en effet, l’important est de savoir si ce statu quo marque un arrêt définitif ou si elle n’est qu’une pause temporaire.

Or “il est peu probable que ce soit la dernière hausse”, estime Stephen Buser, professeur de finance à l’Université de l’Ohio, pour qui “la Fed a indiqué qu’il s’agissait d’une pause plutôt que de la fin” du cycle de resserrement monétaire.

Dans son communiqué –qui reprend les grandes lignes du communiqué précédent– la Fed a souligné les risques contradictoires que l’économie américaine doit gérer.

D’une part “la croissance s’est modérée après avoir atteint un rythme élevé en début d’année”.

Cela reflète en partie “une décélération graduelle de l’immobilier résidentiel et les effets décalés des précédentes hausses de taux et des prix de l’énergie”, selon la banque centrale.

Cette modération de la croissance justifiait d’interrompre les hausses de taux, car relever encore une fois le loyer de l’argent aurait fait courir un risque d’asphyxie à l’économie.

Celle-ci a donné de multiples signes de ralentissement ces dernières semaines: hausse du chômage, décélération spectaculaire de la productivité, etc.

Mais ce qui complique la tâche de la Fed –et a sans doute motivé l’opposition d’un de ses membres qui aurait souhaité une hausse des taux– c’est l’inflation.

Le président de la Fed a dit plusieurs fois que le ralentissement de la croissance suffirait à contenir la hausse des prix, et le communiqué a repris ce message, assurant que “les pressions inflationnistes devraient se modérer avec le temps”.

Mais “il reste certains risques d’inflation” à l’heure du pétrole cher, a reconnu la banque centrale.

Le problème est que “les prix du pétrole échappent aux décisions de la Fed”, souligne Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland.

Dans ce contexte, une future hausse des taux n’est pas à exclure.

L’ampleur et le calendrier dépendront de l’évolution des perspectives pour l’inflation et la croissance, a indiqué la Fed.

M. Bernanke lui-même avait évoqué dès avril la possibilité qu’à “un moment donné”, la Fed fasse une pause le temps de glaner plus d’informations, sans que cela signifie un arrêt définitif des hausses de taux.

Une partie des économistes parie donc sur un nouveau tour de vis monétaire, dès septembre, qui porterait le taux directeur à son plus haut niveau depuis janvier 2001.

“Tout dépendra des futurs chiffres sur l’inflation”, assure John Silvia, chef économiste de la banque Wachovia.

 08/08/2006 20:50:26 – © 2006 AFP