AMS : privatisation, production, situation financière…

 
 


ams100.jpgWebmanagercenter : Où en est le processus de privatisation des
Ateliers Mécaniques du Sahel (A.M.S.) ?

Mohamed Ezzaouia : Le processus de privatisation des A.M.S. a été
lancé depuis près de deux ans. Il a commencé avec la privatisation de
l’activité quincaillerie en décembre 2004. Il reste donc deux activités
importantes -la robinetterie et les articles de cuisine en inox- qui seront
privatisées en deux temps. On va commencer par l’inox, dont la privatisation
a commencé avec la sélection d’un groupe de banques tunisiennes et
étrangères qui vont accompagner cette opération.

Ces banques ont déjà établi le diagnostic de l’entreprise et présenté,
récemment, un rapport préliminaire au Premier ministère et au secrétariat
d’Etat chargé de la privatisation.

Elles vont continuer leur travail, notamment pour identifier des repreneurs
potentiels en Tunisie et à l’étranger. Puis ce sera le tour de la
robinetterie. Mais si nous trouvons un repreneur pour les deux activités,
les deux opérations seront réalisées en même temps.

Y a-t-il une date pour ces opérations ?

Je pense que ce sera fait en 2007, parce qu’il y a une préparation interne
qui doit être menée. Il y a plusieurs scénarios et nous sommes en train de
les étudier. Une mission de marketing et de prospection du marché sera menée
par les banques pour identifier les éventuels acquéreurs et voir leurs
préférences pour l’une des deux activités ou pour les deux.

Dans quel état avez-vous trouvé la société lorsque vous en avez repris
les commandes ?

Elle était dans un état très critique, tant en ce qui concerne le volume de
la production que la situation financière. Nous avons rapidement opéré un
diagnostic et présenté un programme de relance de la société afin de
remédier à la baisse de la production et, partant, des ventes. Nous avons
discuté ce programme avec la Société Tunisienne de Banque (STB) qui contrôle
une grande partie du capital. Et, Dieu merci, la banque s’est engagée avec
nous dans cette voie en vue de rétablir les équilibres de la société. Nous
espérons atteindre ces objectifs à la fin de cette année, nous rapprocher ou
retrouver le niveau élevé des années 90 -en matière de production et de
résultats financiers.

A l’époque, la société avait un bon niveau d’activité qui lui a permis
d’entrer en Bourse où elle était cotée sur le marché permanent avant d’être
suspendue dès qu’elle n’a plus été en mesure de faire des bénéfices, et a
même enregistré des pertes à partir de 2002 jusqu’en 2005.

Qu’est-ce qui a provoqué la baisse de la production et la dégradation de
la situation financière de l’entreprise ?

Il y a plusieurs causes à cela. La première d’entre elles, indépendante de
la volonté de la société, est le marché où règne désormais une concurrence
très forte, parfois sauvage. Le marché parallèle y est également pour
quelque chose et son impact est sensible sur les ventes de la société. De
même, l’importation de certains produits n’est pas rationnelle. Les
indemnités accordées aux employés licenciés au cours des dernières années
ont également alourdi le fardeau financier de l’entreprise. Enfin, le taux
d’endettement et la baisse du soutien financier de la banque sont aussi pour
quelque chose dans les difficultés de l’entreprise. Tous ces éléments se
sont conjugués pour donner des résultats négatifs.

Dès l’année dernière, nous avons commencé à remonter la pente ; la courbe
est aujourd’hui ascendante. Bien que nous n’ayons travaillé à une cadence
rapide que durant six mois, nous avons pu réduire les pertes financières de
près de 50% en 2005. Et, si Dieu le veut, nous continuerons cette année à
combler le déficit. Si tout se passe selon les prévisions et qu’il n’y a pas
de mauvaises surprises, nous atteindrons l’équilibre financier, c’est-à-dire
le point mort, à la fin de cette année.

A combien se sont élevées les pertes en 2004 ?

Elles étaient relativement lourdes, et se sont établies à près 3,5 millions
de dinars en 2004 et ont été diminuées de moitié en 2005.

Avec une telle situation, les A.M.S. peuvent-ils susciter l’appétit
d’éventuels repreneurs ?

La société a de nombreux atouts. D’abord, l’expérience de son personnel de
plus de quarante ans. Ensuite, la grande qualité de ses produits qui n’a pas
baissé malgré les conditions difficiles. De même, l’entreprise a une très
bonne réputation et jouit de la confiance et de la fidélité de ses clients.
Le client tunisien connaît la très bonne qualité des produits des A.M.S. et
ne se laisse plus attirer par les produits asiatiques, certes vendus à
faibles prix mais n’offrant pas la qualité requise.

D’ailleurs, les A.M.S exportent leurs produits depuis près de vingt ans,
avec des volumes variables, en France, en Italie, en Suisse et en Allemagne,
qui sont des marchés difficiles, mais aussi au Maghreb et dans certains pays
du Moyen-Orient et d’Afrique.

En 1990, nous avons d’ailleurs obtenu l’oscar du meilleur exportateur. Tout
cela prouve que les produits des A.M.S. sont concurrentiels. Ils ont déjà
fait leur mise à niveau à la fin des années 90. La société est certifiée ISO
9001 et obtiendra bientôt la certification 14000 pour les normes
environnementales. Elle a également un programme en vue de l’obtention de la
certification ISO 18000 ayant trait à la santé et à la sécurité au travail.

 

Propos
recueillis par

Moncef Mahroug