Avec trop de numéros en 118, les renseignements ne font plus recette

 
 
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Des opératrices d’une société de renseignements téléphoniques (Photo : François Lo Presti)

[21/07/2006 15:45:05] PARIS (AFP) Trois mois après la disparition du 12, la profusion des services de renseignements téléphoniques en 118, avec vingt-huit numéros, semble avoir découragé les consommateurs, 30% d’entre eux environ choisissant de ne plus appeler, selon les premières estimations.

PagesJaunes, filiale annuaires de France Télécom, qui s’est lancée dans l’aventure avec le 118 008, a dû réviser à la baisse vendredi ses objectifs financiers pour 2006, se déclarant déçue des performances du secteur.

“Ce marché s’est complètement affaissé à l’ouverture de ces services”, a déclaré le directeur général Michel Datchary, évaluant cette baisse “entre 30 et 45% par rapport à l’année de référence, qui est 2004” (où 270 millions d’appels avaient été comptabilisés), soit de 80 à 120 millions d’appels en moins.

PagesJaunes attendait beaucoup de ce service: alors que le 118 008 n’a représenté que 1% de son chiffre d’affaires au premier semestre, soit 5,2 millions d’euros, il y a consacré “80% de (ses) investissements publicitaires”.

Tous les pays qui ont libéralisé les renseignements téléphoniques ont connu une baisse de trafic: au Royaume-Uni, la fin du monopole en août 2003 avait entraîné en quelques mois une chute de 45% du nombre d’appels.

Selon M. Datchary, en France “la concurrence en matière d’investissements publicitaires a été beaucoup plus violente et semble avoir eu un effet sur le comportement des Français”.

Selon TNS Media intelligence, fin juin, les 118 avaient dépensé un total de 216,1 M EUR en publicité, soit 12% du budget publicitaire du secteur des télécoms: Le Numéro (118 218) reste en tête avec 69,8 M EUR dépensés, suivi des PagesJaunes avec 45,2 M EUR puis de Telegate (118 000) avec 39,5 €.

D’où une certaine confusion chez les consommateurs, matraqués de campagnes: un sondage TNS Sofres publié début juillet a montré que seuls trois ou quatre numéros ont été mémorisés.

Les personnes interrogées ont plus utilisé les annuaires papier (77%) et internet (50%) pour chercher un numéro, 85% d’entre elles déclarant n’avoir pas eu recours une seule fois aux renseignements téléphoniques lors des deux derniers mois.

“C’est tout à fait logique”, ne s’inquiète pas Bruno Massiet du Biest, directeur général du 118 218, qui pense avoir conquis “plus de 40% de part de marché” et être “incontestablement le leader”. “Avant la fermeture du 12 le 3 avril, il y avait déjà une érosion du marché”, indique-t-il, et celui-ci aurait perdu depuis “de 25 à 30% d’appels”.

“C’est une tendance historique, parce que les gens utilisent plus internet, mais ce qui ne nous a pas aidé, c’est qu’on n’a pas eu une image très positive dans les médias, qui ont insisté sur la confusion, l’impression que les nouveaux services étaient plus chers et de moins bonne qualité”, explique-t-il.

Le président du 118 000, Charles Tonlorenzi, se veut rassurant: “dans la plupart des pays, il y a d’abord eu une phase de baisse, puis une stabilisation et c’est reparti à la hausse”.

Pour l’UFC-Que Choisir, les 118 n’ont que ce qu’ils méritent: “il fallait s’y attendre”, réagit Jean-François Poitut, chargé de mission à l’association de défense des consommateurs: “les tarifs sont tellement opaques et globalement plus élevés que le 12 que cela ne pouvait que dissuader les consommateurs”. L’association a “recommandé (aux usagers) la migration vers internet”.

 21/07/2006 15:45:05 – © 2006 AFP