Taux d’intérêt : l’OCDE exhorte la Banque du Japon à la prudence

 
 
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Jose Angel Gurria Trevino (G) le secrétaire général de l’OCDE et le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, le 20 juillet 2006 à Tokyo (Photo : Junji Kurokawa)

[20/07/2006 08:02:19] TOKYO (AFP) L’OCDE a exhorté jeudi la Banque du Japon à faire preuve de prudence dans sa politique monétaire, afin de ne pas saboter la longue reprise économique que vit actuellement la deuxième économie mondiale.

Dans un rapport publié jeudi, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a confirmé ses prévisions de croissance pour l’économie nippone en 2006 et 2007 (entre +2% et +3%, après +2,6% en 2005).

“L’expansion persistante actuelle sera à la fin de cette année la plus longue au Japon depuis la fin de la guerre”, a noté le secrétaire général de l’organisation, Angel Gurria, lors d’une conférence de presse à Tokyo.

“Le Japon doit maintenant gérer une double sortie : une sortie de la politique monétaire de taux d’intérêt zéro, et une sortie de la politique budgétaire générant des déficits insoutenables. Trouver le rythme et la combinaison appropriés est une tâche difficile”, a-t-il ajouté.

Dans son rapport, l’OCDE estime que la Banque du Japon “devrait être prudente à l’heure d’un relèvement des taux d’intérêt car une pression déflationniste persiste”, notamment en raison des coûts de la main-d’oeuvre qui continuent à diminuer, et de la faiblesse actuelle de la hausse des prix.

Par conséquent, la fourchette d’inflation de 0 à 2% que s’est fixée la banque centrale en mars dernier “ne constitue pas un tampon suffisant contre la déflation. Le bas de la fourchette devrait donc être relevé”, juge le document.

La Banque du Japon a mis fin le 14 juillet à plus de cinq ans de politique de taux d’intérêt zéro en augmentant le loyer de l’argent d’un quart de point, proclamant ainsi la victoire de l’économie nippone sur la déflation qui la rongeait depuis 1998, mais qui s’est estompée depuis novembre 2005.

La majorité des économistes estiment que la prochaine hausse des taux n’interviendra pas avant la mi-2007, même si certains n’écartent pas un ou deux autres relèvements d’un quart de point d’ici la fin de cette année.

La banque centrale “doit s’assurer que l’inflation est suffisamment positive pour réduire le risque qu’un choc négatif ne replonge le Japon dans la déflation”, poursuit l’OCDE, qui considère que la hausse des prix à la consommation à atteindre avant toute nouvelle hausse des taux devrait être de 1%.

En mai, les prix à la consommation au Japon ont augmenté de 0,6% sur un an, après deux hausses successives de 0,5% en mars et en avril.

Comme elle l’a déjà fait à de nombreuses reprises, l’OCDE exhorte également dans son rapport le gouvernement japonais à accélérer ses efforts pour résorber son énorme dette publique (170% du produit intérieur brut), et combler son déficit budgétaire abyssal (5,5% en 2006).

Selon l’organisation, le Japon devrait élargir les bases d’imposition (actuellement, seule la moitié des travailleurs et un tiers des entreprises acquittent l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés), et relever le taux de sa taxe sur la valeur ajoutée, actuellement très faible (5%). Compte tenu de la dette à rembourser et du vieillissement de la population, qui va entraîner plus de dépenses de santé et de retraites, se contenter exclusivement de réduire les dépenses publiques n’est pas une solution réaliste, poursuit l’organisation.

M. Gurria a par ailleurs fait l’éloge des réformes structurelles entreprises par le Premier ministre libéral Junichiro Koizumi, qui quittera le pouvoir en septembre.

“Nous espérons que la force et la durée de l’expansion actuelle ne vont pas créer un sentiment d’autosatisfaction” et que “l’engagement en faveur de réformes continuera après l’expiration du mandat de M. Koizumi”, a toutefois averti le secrétaire général de l’OCDE.

 20/07/2006 08:02:19 – © 2006 AFP