Le dollar profite des tensions internationales et grimpe face à l’euro

 
 
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Des billets en euros et en dollars dans un bureau de change

[17/07/2006 17:05:05] NEW YORK (AFP) Le dollar est nettement remonté face à l’euro ces derniers jours, montrant qu’il garde son rôle de monnaie refuge face aux tensions internationales même si ses gains pourraient être de courte durée.

“Ce que nous voyons maintenant, c’est une course vers la sécurité dans le dollar, les bons du Trésor américain et l’or”, souligne Neil Mellor, analyste pour la Bank of New York.

L’euro s’affichait vers 16H00 GMT à 1,2526 dollar contre 1,2651 USD vendredi vers 21H00 GMT. Le billet vert valait 117,68 yens contre 116,15 vendredi.

C’est le regain de violence au Liban et en Israël qui a marqué le début de la remontée du dollar la semaine dernière alors qu’il avait montré depuis le début juillet des signes d’affaiblissement.

La tendance depuis le début de l’année est toutefois au recul, le billet vert ayant perdu plus de 3% face à l’euro depuis le début de l’année et ayant touché un peu plus bas à 1,2979 début juin.

Cette évolution pousse David Gilmore de Foreign Exchange Analytics à tempérer l’importance du rôle du dollar comme monnaie refuge face aux crises internationales.

“J’hésite à qualifier cela de fuite vers la qualité car on peut se souvenir d’autres crises internationales et de situations à risque où il n’a pas joué ce rôle”, indique-t-il, citant notamment les crises dans le Golfe au début des années 1990 et lors du déclenchement de la guerre contre l’Irak en mars 2003.

“Ce que l’on voit actuellement, c’est davantage la manifestation de l’aversion que les investisseurs ont pour le risque et qui est elle-même liée à la hausse des prix du pétrole”, ajoute-t-il.

Il concède toutefois que l’envolée des prix de l’or noir est due à la situation au Proche-Orient.

Après avoir dépassé 78,40 dollars jeudi dans les échanges électroniques new-yorkais, le baril de “light sweet crude” pour livraison en août repassait sous la barre des 77 dollars lundi à New York.

David Gilmore prévient également que la remontée du dollar pourrait être de courte durée. “Les gains pourraient disparaître rapidement si Ben Bernanke suggère une pause dans le resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis et si la hausse des prix de base à la consommation (hors énergie et alimentation) est inférieure à 0,3%”, ajoute-t-il.

Mercredi sera à ce titre une journée cruciale avec la première journée de l’intervention de Ben Bernanke, le président de la banque centrale américaine (Fed), devant le Congrès américain et la publication des chiffres de l’inflation aux Etats-Unis pour juin.

Pour l’instant, les analystes économiques se partagent entre ceux qui s’attendent à une poursuite du mouvement de hausse des taux de la Fed et ceux qui envisagent une pause.

Les derniers indicateurs montrent un ralentissement de l’économie américaine mais l’augmentation des coûts de l’énergie fait aussi craindre un atterrissage plus brutal que prévu.

Outre ces facteurs macroéconomiques, les analystes de la banque BMO Nesbitt Burns rappellent que les futures interventions du nouveau secrétaire au Trésor américain Henry Paulson vont être particulièrement surveillées.

“On ne connaît toujours pas la position de Paulson sur le dollar car il n’a pas eu le temps d’en faire part lors des auditions sur sa confirmation” au Congrès, indiquent-t-ils dans une note.

La politique de l’administration du président républicain George W. Bush est de maintenir son souhait d’un “dollar fort”, tout en rajoutant que la valeur du dollar par rapport aux autres devises doit être déterminée par les marchés. Cette précision est généralement interprétée comme un signe que les Etats-Unis n’interviendront pas pour défendre leur monnaie si celle-ci s’orientait encore à la baisse.

 17/07/2006 17:05:05 – © 2006 AFP