Le comité de la Banque du Japon se réunit pour une probable hausse des taux

 
 
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Le gouverneur de la Banque du Japon Toshihiko Fukui, le 7 juillet 2006 à Tokyo (Photo : Itsuo Inouoye)

[13/07/2006 07:13:15] TOKYO (AFP) Les neuf membres du comité de politique monétaire de la Banque du Japon ont entamé jeudi une réunion cruciale de deux jours au terme de laquelle ils pourraient, selon la plupart des pronostics, annoncer un relèvement historique des taux d’intérêt.

La majorité des économistes s’attendent à ce que l’institut d’émission relève son principal taux directeur, le taux au jour le jour, de 0% actuellement à 0,25%. Il devrait par ailleurs porter le taux officiel d’escompte de 0,10% à 0,40% ou 0,50%. Ces deux taux n’ont pas bougé depuis 2000 et 2001 respectivement.

Selon certains analystes, la banque centrale pourrait prendre ses précautions en s’autorisant à abaisser à discrétion le taux au jour le jour en dessous de 0,25% pour une courte période, en cas de tourmente sur les marchés financiers.

Mais d’autres, tel le quotidien d’affaires Nihon Keizai Shimbun (Nikkei) dans son édition de jeudi, n’écartent pas un maintien du statu quo monétaire vendredi au cas où l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo, qui avait perdu 1,45% mercredi, chuterait sous la barre des 15.000 points. L’indice a encore baissé de 0,99% jeudi à 15.097,95 points.

Le relèvement des taux attendu vendredi, qui mettrait officiellement fin à six ans de gratuité de l’argent dans la deuxième économie mondiale, constituerait une mesure largement symbolique : l’inflation au Japon s’étant élevée à 0,6% en mai, les taux d’intérêt réels resteront négatifs. Dans les faits, les banques continueront d’être payées pour emprunter de l’argent.

Les économistes considèrent qu’une hausse du taux directeur de 0,25 point représenterait surtout un signal, indiquant que l’économie nippone est définitivement rétablie après de longues années de déflation.

“C’est le moment parfait pour une hausse des taux. Tous les indicateurs économiques sont positifs : investissements et exportations vigoureux, prêts bancaires en hausse, augmentation des prix, etc. Les conditions ne seraient probablement pas aussi bonnes dans deux mois”, commente Martin Schulz, économiste à l’Institut de recherche Fujitsu.

Une hausse des taux vendredi étant jugée très probable, l’attention du marché se porte désormais sur le calendrier à venir : la Banque du Japon va-t-elle se contenter d’une seule hausse cette année, ou augmentera-t-elle une nouvelle fois le loyer de l’argent dans les mois à venir ?

Les économistes, qui sont assez divisés à ce sujet, décortiqueront avec soin le communiqué de la banque centrale vendredi ainsi que les propos du gouverneur Toshihiko Fukui lors de la conférence de presse qui suivra la décision.

“La Banque du Japon a deux armes à sa disposition : les chiffres et les mots”, commente Masuhisa Kobayashi, économiste chez Barclays Capital, qui s’attend à ce qu’elle promette “des relèvements supplémentaires extrêmement graduels et petits jusqu’à ce que la hausse des prix à la consommation atteigne 1%”.

“Contrairement à la Réserve fédérale américaine et à la Banque centrale européenne, la Banque du Japon n’a pas à se dépêcher de procéder à de nouvelles hausses des taux”, l’inflation restant pour le moment très modérée au Japon, conclut M. Kobayashi.

La réunion cruciale de jeudi et vendredi se déroule tandis que le gouverneur de la banque centrale, Toshihiko Fukui, est vivement critiqué pour s’être enrichi personnellement en plaçant son argent dans un fonds d’investissement dont le patron est actuellement sous le coup d’une inculpation pour délit d’initié.

M. Fukui a pour le moment exclu de démissionner, contrairement à ce que souhaitent l’opposition et une grande partie de l’opinion publique nippone. Selon les économistes, ce “scandale” n’aurait aucune incidence sur la décision en matière de politique monétaire.

 13/07/2006 07:13:15 – © 2006 AFP