TIC : Un «Plan Marshall» pour faire de Tunis une «porte d’entrée» vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient

 
 


portetun200.jpgLe secteur des TIC en Tunisie a des atouts et, déjà, des «success
stories» à son actif, y compris à l’étranger. Mais il peut aller plus loin
sur cette voie, si les pouvoirs publics prennent un certain nombre de
mesures, insiste une étude de benchmarking commandée par les pouvoirs
publics.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication a des
atouts qui le mettent en bonne position sur le plan international, mais il a
besoin d’une amélioration de l’environnement dans lequel il évolue. Ce sont
là les conclusions d’une étude de benchmarking commandée par le gouvernement
tunisien et dont les résultats ont été présentés lors du «Forum de Carthage
pour l’investissement». Commandée en rapport
avec un projet financé par la Banque mondiale, et intitulée «Les TIC en
Tunisie, étude de benchmarking», l’étude est ventilée en deux volets ; l’un
traitant des points forts et faibles des TIC en Tunisie -et conduit par IDAC-,
et l’autre portant sur l’évaluation du contexte extérieur dans lequel le
secteur tunisien des TIC opère -et il est l’œuvre de la Banque d’Affaires de
Tunisie (BAT) et de Banco Santander.
 
Il en ressort notamment que le coût moyen mensuel d’un ingénieur tunisien
(1255 dinars) est inférieur à ce qu’il est en France (5625 d), en Hongrie
(2800 d), au Maroc (2070 d) et en Roumanie (1900 d). Mais «les ingénieurs
tunisiens ne sont pas seulement les moins chers, ils sont également très
compétents», souligne M. Olivier Magnan, l’expert international qui a
présenté les conclusions de l’étude. En outre, les Tunisiens sont «très
habiles à opérer sur le marché international, en tenant compte à chaque fois
du contexte culturel», insiste l’expert. Un jugement confirmé par les
témoignages de chefs d’entreprise dont en particulier M. Jean Durand,
directeur d’Atlasys.

Créée en 2004, cette SSII avait démarré avec une dizaine d’ingénieurs; en
compte aujourd’hui 80 et en sera à 100 à la fin de l’année en cours. Atlasys
eut, au début, beaucoup de difficultés à convaincre le premier prospect
approché -en l’occurrence Fidelity Investment, le plus grand fonds de
pension au monde- à lui confier la réalisation d’une partie de ses
applications informatiques. Jean Durand se rappelle qu’Edward Johnson III,
président du groupe, était très sceptique quant à la possibilité de
travailler avec une entreprise basée en Tunisie ; un pays «dont il ne
connaissait pas l’emplacement sur la carte».

Donc, c’est un peu forcé qu’il commence par confier à Atlasys «un petit
bout» de marché. Agréablement surpris en voyant les résultats, le patron de
Fidelity Investment décide de sous-traiter à Atlasys «tout le
développement-recherche et maintenance informatique» de son groupe et,
surtout, de visiter la Tunisie pour connaître le pays de plus près. Ce qu’il
fait en mars 2006. Au terme de son séjour, pendant lequel il est notamment
reçu par M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre, qu’Edward Johnson III
décide d’investir en Tunisie et son premier investissement immédiatement
réalisé sera dans le rachat d’Atlasys.

Même si cette «success story» n’est pas la seule dans le secteur tunisien
des TIC, la Tunisie peut certainement aller plus loin sur cette voie. Elle
peut être «une porte d’entrée stratégique en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient en capitalisant sur les exemples» de réussite déjà enregistrés,
note l’étude de benchmarking. Elle peut aussi «exporter en Europe à un coût
compétitif et avec un haut niveau technologique». Pour cela, il lui faudrait
«continuer ses efforts en vue d’améliorer les ressources humaines », «faire
la mise à niveau des sociétés de services et d’ingénierie informatique afin
de les rendre plus compétitives», «continuer à développer les
télécommunications et Internet» ; «encourager les initiatives publiques de
recherche/développement dans les TIC» et «utiliser le marché national comme
tremplin pour le développement des entreprises tunisiennes».

En somme, tout ou partie des mesures que les autorités s’apprêtent à
annoncer au cours des prochaines semaines et que M. Faouzi Zaghbib,
président de la Chambre syndicale des SSII qualifie de «Plan Marshall».