Le rouble russe est désormais convertible dans le monde entier

 
 
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Des Russes marchent devant un bureau de change à Moscou, le 12 mai 2006 (Photo : Denis Sinyakov)

[01/07/2006 14:24:02] MOSCOU (AFP) La Russie a levé samedi ses dernières restrictions aux opérations de change avec le reste du monde, faisant du rouble une devise pleinement convertible et affichant ainsi à deux semaines du sommet du G8 une confiance retrouvée dans son économie et des ambitions décuplées.

“Désormais, il sera plus attractif d’investir en Russie, cela va accroître l’intérêt des investisseurs pour la Russie”, a déclaré à la télévision nationale le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

“Les (milieux) d’affaires russes peuvent librement, sans souci, sans un quelconque permis spécial, participer aux investissements” dans d’autres pays de l’ex-URSS ou ailleurs, a ajouté M. Koudrine.

Le ministre russe espère que le rouble deviendra d’usage courant dans les transactions entre les compagnies dans les ex-républiques soviétiques, un véritable défi face à l’omniprésence du dollar.

Outre l’aspect purement financier, les autorités russes voulaient rompre, quinze ans après la chute de l’URSS, avec l’image d’un rouble dévalué assimilé à une monnaie sans grande valeur. Et ce huit ans après une grave crise financière qui avait lésé des millions de petits épargnants russes et plombé la toute jeune économie russe post-soviétique.

“Le rouble a cessé d’être une monnaie en toc, et nous pouvons espérer une nouvelle croissance économique, plus rapide qu’à l’heure actuelle. Nous posons une nouvelle brique à l’édification de la stabilité de notre économie”, a lancé le ministre des Finances.

En permettant la convertibilité totale de la monnaie russe, le gouvernement continue de tirer les conclusions de la bonne santé de l’économie russe qui, en s’appuyant sur les immenses recettes générées par la vente des hydrocarbures russes, conserve un rythme élevé de croissance.

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Le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, le 9 juin 2006 à Saint-Pétersbourg (Photo : Maxim Marmur)

Cette nouvelle étape dans la libéralisation de l’économie russe intervient au moment où les grandes entreprises russes, notamment le géant gazier Gazprom, font feu de tout bois pour prendre position sur de nouveaux marchés, notamment en Europe et en Asie.

Et fort de ses finances assainies, la Russie s’est même payé cette semaine le luxe de rembourser avec anticipation l’ensemble de sa dette (22 milliards de dollars) contractée auprès du Club de Paris.

En passant à la convertibilité totale de sa monnaie, le Kremlin crée “un arrière-plan de nouvelles positives sur la Russie” avant de recevoir du 15 au 17 juillet à Saint-Pétersbourg le sommet du groupe des Huit, a noté Alexeï Boulgakov, de la société d’investissement Aton Capital.

Cette réforme devait intervenir début 2007, mais elle a été accélérée par le président Vladimir Poutine.

Après que la banque centrale eut déjà assoupli la circulation des capitaux, le gouvernement a approuvé jeudi l’élimination dans la législation de deux entraves à ces mouvements. La première était l’obligation de constituer des réserves auprès de l’institut d’émission lors de mouvements de fonds vers et à partir de la Russie. La seconde obligeait à ouvrir des comptes spécifiques pour chaque type d’opération (actions, obligations, transactions commerciales), ce qui empêchait le passage rapide d’un placement à un autre.

Même si “un étranger pouvait déjà ouvrir un compte en roubles sans problème”, ces deux restrictions “réduisaient considérablement l’attrait des instruments financiers locaux. Nous nous attendons donc à une montée de l’intérêt pour le pays”, estime M. Boulgakov, de Aton Capital.

De “très nombreux points ne sont néanmoins toujours pas clairs, les responsables politiques n’ayant pas communiqué dans le détail”, déplore l’analyste, dont l’organisation avait déjà dénombré vendredi matin 15 zones d’ombre.

Les montants des transferts resteront soumis à une limite pour lutter contre le blanchiment d’argent, précise pour sa part Christopher Granville, de la société d’investissement UFG.

 01/07/2006 14:24:02 – © 2006 AFP