EADS : la crise se déplace sur le terrain politique et judiciaire

 
 
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Les co-président d’EADS Arnaud Lagardère et Manfred Bischoff le 4 mai 2006 à Amsterdam (Photo : Marquardt )

[24/06/2006 06:43:36] PARIS (AFP) La crise qui secoue EADS depuis dix jours s’est exacerbée cette semaine en se déplaçant sur les terrains judiciaire et politique, le gouvernement français poussant à trouver rapidement une solution qui pourrait passer par l’abandon de la direction bicéphale franco-allemande.

Une nouvelle réunion des quatre plus hauts dirigeants du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS, comme celle de lundi à Munich, devrait se dérouler la semaine prochaine, dans la même ville et côté français, les représentants de l’Etat et de Lagardère doivent se voir mardi.

Le coprésident exécutif, Noël Forgeard, fragilisé par la polémique sur ses stock-options, sera auditionné mercredi par les commissions des Finances et des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, alors que l’opposition a appelé à plusieurs reprises à son remplacement.

Les actionnaires de référence français et allemands et les dirigeants d’EADS ont multiplié cette semaine les réunions sur la “gouvernance” du groupe pour tenter de trouver une issue à la crise. L’annonce des retards de l’A380, qui ont fait chuter le titre de 26% le 14 juin, ont mis en relief les problèmes de communication entre Airbus et sa maison-mère, les dirigeants affirmant n’avoir été avertis que quelques semaines auparavant.

Après avoir reçu mardi le coprésident du conseil d’administration, Arnaud Lagardère et mercredi le coprésident exécutif Noël Forgeard, le ministre français de l’Economie Thierry Breton a rencontré jeudi l’homologue allemand de M. Lagardère, Manfred Bischoff, qui représente l’actionnaire allemand du groupe DaimlerChrysler.

Mais rien d’officiel n’est sorti de ces réunions.

Parmi les pistes de réorganisation évoquées figure la fin de la double direction franco-allemande du groupe, mais cette hypothèse devra tenir compte des susceptibilités nationales.

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Le co-président d’EADS Noël Forgeard, à Paris le 16 juin 2006 (Photo : Jack Guez)

Selon la presse, Louis Gallois, PDG de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et représentant de l’Etat au conseil d’administration d’EADS, pourrait en prendre la tête, Thomas Enders, homologue allemand de Noël Forgeard rester seul en place à la présidence exécutive et un Français récupérer la direction d’Airbus. Une façon de se débarrasser de Gustav Humbert, PDG d’Airbus, et de Noël Forgeard, empêtré dans l’affaire des stock-options. Cinq autres dirigeants du groupe ont également exercé leurs stock-options en mars, comme Fabrice Brégier, PDG d’Eurocopter, dont le nom circule pour remplacer M. Humbert.

EADS, DaimlerChrysler et le goupe Lagardère, de même que le ministère de l’Economie et des Finances se sont refusés vendredi à tout commentaire.

Toute décision devra cependant être adoptée en conseil d’administration, dont le prochain était initialement prévu le 13 juillet, selon une source proche. EADS n’a pas souhaité dire si ce conseil pourrait être avancé.

D’autant que le calendrier du groupe est déjà chargé: salon aéronautique de Farnborough (Royaume-Uni) du 17 au 21 juillet, résultats semestriels le 27 juillet, sans oublier le remaniement prévu du programme A350 face aux critiques des clients.

Sur le terrain judiciaire, alors que l’Autorité des marchés financiers enquête depuis plusieurs semaines sur le marché du titre EADS, deux plaintes de petits actionnaires pour “délit d’initié” ont été déposées mercredi. La Caisse des dépôts, bras financier de l’Etat, qui s’est engagée à reprendre 2,25% d’EADS sur la part mise en vente début avril par Lagardère, pourrait par ailleurs saisir la justice s’il s’avérait que cette opération n’avait pas été réalisée “dans de bonnes conditions de transparence”.

 24/06/2006 06:43:36 – © 2006 AFP