Sommet UE-Amérique latine : partenariat, mais peu d’espoirs de percées

Par : Autres

 

Sommet UE-Amérique latine:
partenariat, mais peu d’espoirs de percées

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Les présidents du
Brésil Luiz Inacio Lula da Silva (c), de l’Argentine Nestor Kirchner
(g) et du Venezuela Hugo Chavez, le 26 avril 2006 à Sao Paulo

Les dirigeants de l’Union européenne et
d’Amérique latine se retrouvent jeudi à Vienne pour un sommet, portant sur
les questions commerciales et énergétiques et les rapports stratégiques,
mais où peu de résultats concrets sont attendus.

 

Ce 4e sommet régulier UE- Amérique
latine/Caraïbes du 11 au 13 mai, deux ans après celui de Guadalajara
(Mexique), sera d’abord une “grand-messe diplomatique”, la plus vaste pour
l’Autriche, actuel président de l’UE, depuis le “Congrès de Vienne” de 1815.

 

Quelque 60 chefs d’Etats et de gouvernements,
et le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan, pourront se rencontrer.

 

D’une part les 25 Européens plus les candidats
à l’UE, d’autre part les 33 Latino-Américains avec tous les Grands du
continent, sauf le Cubain Fidel Castro: Luiz Inacio Lula da Silva (Brésil),
Nestor Kirchner (Argentine), Vicente Fox (Mexique), Michelle Bachelet
(Chili) et deux présidents dont les positions “de gauche” font l’actualité,
Hugo Chavez (Venezuela) et Evo Morales (Bolivie).

 

La récente nationalisation des hydrocarbures,
décidée par le gouvernement socialiste de M. Morales, est regardée avec
quelque préoccupation en Europe, notamment en Espagne.

 

Fort des capacités d’exportation de pétrole du
Venezuela, M. Chavez, aux déclarations “anti-impérialistes” tonitruantes,
participera non seulement au sommet proprement dit, vendredi, mais aussi à
des manifestations d’un forum alternatif, qui va dénoncer les politiques
néo-libérales.

 

Les “poussées à gauche” ou “populistes” en
Amérique du Sud sont cependant considérées avec du recul à Bruxelles et à
Vienne.

 

La Commissaire européenne aux Affaires
extérieures, Benita Ferrero-Waldner, a ainsi estimé, fin mars, que “la
persistance d’inégalités permet à des populistes de se présenter en leaders
pendant un certain temps”. “Les gens veulent l’égalité, en finir avec la
pauvreté”, a-t-elle ajouté.

 

La ministre autrichienne des Affaires
étrangères, Ursula Plassnik, estime que cohésion sociale et lutte contre la
pauvreté doivent être encouragées et indique que les droits de l’homme
seront à l’ordre du jour.

 

Les participants débattront du “renforcement de
l’association stratégique bi-régionale” décidée en 1999 au premier sommet à
Rio, selon Mme Plassnik pour laquelle “l’Europe et l’Afrique sont
partenaires, membres de la même famille de valeurs”.

 

De fait, sur les deux continents de populations
voisines (455 millions d’Européens et 535 millions de “Latinos”) et
culturellement proches, la démocratie l’a emporté. Les Etats de l’UE
représentent le plus grand investisseur, le plus grand donateur d’aide et le
second partenaire commercial pour l’Amérique latine.

 

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La commissaire
européenne aux Affaires extérieures, Benita Ferrero-Waldner, à Séoul
le 20 avril 2006

Le commerce bilatéral a augmenté de 13% en
2005, pour atteindre 118 milliards d’euros, selon des statistiques de l’UE.

 

Pour faire mieux, un “business forum” avec plus
de 200 entrepreneurs, banquiers et politiques se tiendra parallèlement à
Vienne.

 

Pourtant, a estimé le politologue espagnol
Ramon Torrent lors d’un colloque à Vienne, on va “se concentrer sur des
déclarations politiques sans résultats pratiques”.

 

Des responsables, comme Eneko Landabaru de la
Commission européenne, s’attendent à l’ouverture de négociations de
libre-échange avec l’Amérique centrale.

 

En revanche, il n’y toujours aucun accord
douanier après sept ans de négociations avec le Marché commun sud-américain
Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) secoué par des dissensions.

 

Les intérêts distincts des Caraïbes, et la
menace d’éclatement de la Communauté andine des nations (CAN), dont Caracas
vient de se retirer, freinent aussi l’intégration régionale, et la
possibilité d’accords de bloc à bloc des deux côtés de l’Atlantique.

 

Selon les analystes, les difficultés politiques
de l’UE rendent aussi difficile une large entente dans l’arrière-cour des
Etats-Unis — pays qui a lui aussi du mal à créer avec le Sud une Zone de
libre-échange des Amériques.

 

Après le rejet de la constitution européenne en
France et aux Pays-Bas il y a un an, “l’UE n’a ni le leadership politique,
ni la capacité de décision pour faire de l’Amérique latine une charnière de
sa stratégie globale”, a estimé le politologue argentin Raul Bernal-Meza.

 

 

© AFP 2006

Photo : Mauricio Lima – Kim Jae-Hwan