Trafic d’informatique à la plus grande base américaine d’Afghanistan

Par : Autres

 

Trafic d’informatique à la
plus grande base américaine d’Afghanistan

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Des soldats américains
dégustent un hamburger sur une terrasse de la base de Bagram, le 10
octobre 2004

Dans le bazar de Bagram, près de Kaboul en
Afghanistan, les échoppes continuent de revendre du matériel informatique
volé dans la gigantesque base militaire américaine à deux pas de là, malgré
les efforts des militaires pour colmater les brèches.

 

“Personne, mais personne ne peut les arrêter”,
lance à un reporter de l’AFP un commerçant qui préfère garder l’anonymat
pour éviter la police militaire.

 

Eux, ce sont les employés afghans qui ont
décidé de profiter de leur travail sur la plus grande base américaine du
pays, pour arrondir leurs fins de mois.

 

Selon le marchand, des mémoires informatiques,
plus petites qu’une boîte d’allumettes, continuent à être sorties en douce,
essentiellement par les employés de la buanderie de la base.

 

Les fuites, parfois d’informations
ultra-sensibles comme une liste d’informateurs des Américains infiltrés
parmi les talibans, avaient été révélées à la mi-avril par un journaliste du
quotidien américain Los Angeles Times.

 

Depuis lors, les responsables militaires ont
accru les mesures de sécurité et même dépensé des milliers de dollars pour
racheter ce qu’ils pouvaient dans le bazar, où les marchands ont profité de
la demande accrue pour augmenter sensiblement leurs prix.

 

Mais sans le succès escompté.

 

Quand on lui demande si les fuites continuent,
le colonel Paul Fitzpatrick, porte-parole de l’armée américaine en
Afghanistan ne nie pas: “je pense que c’est possible”.

 

“Mais je peux vous dire que l’enquête est
toujours en cours. Bagram et d’autres bases de la coalition prennent des
mesures significatives pour enquêter, passer en revue et mettre à jour les
procédures concernant la sécurité physique des matériels”, affirme-t-il.

 

Un employé afghan de la base, qui a préféré lui
aussi garder l’anonymat, a confirmé que les mesures de sécurité ont été
renforcées.

 

“La fouille est devenue très serrée depuis deux
semaines”, a-t-il confié.

 

Des centaines d’Afghans travaillent tous les
jours sur la gigantesque base de Bagram, notamment à des travaux d’entretien
ou de construction.

 

A leur entrée comme à leur sortie, leur
identité est normalement contrôlée par des soldats et chaque visiteur ou
employé doit passer devant un scanner.

 

Les marchands visités ont empêché le
correspondant de l’AFP d’avoir accès aux mémoires mais l’un d’eux l’a laissé
regarder un appareil photo numérique d’occasion. Outre une photo d’un homme
et d’une femme en uniforme endormis sur un lit, on pouvait y voir des images
de l’intérieur de la base.

 

Le reporter du LA Times retourné sur place
lundi à eu plus de chance et a pu découvrir de nouvelles clés USB contenant
un mémo sur des méthodes d’interrogatoire et de contrôle des prisonniers,
mais aussi des numéros de téléphone et des noms d’officiers américains.

 

Fidèles à leur réputation de fins commerçants,
les marchands afghans semblent même avoir trouvé à la fois une parade, au
cas où leur source d’approvisionnement se tarirait, et un moyen de profiter
de l’avidité des Américains de vider les étals de leur matériel sensible.

 

Selon une source bien informée dans la base,
certaines des mémoires sont neuves et ont été achetées à Kaboul.

 

L’espoir est ensuite de les vendre – bien plus
cher – à un soldat américain chargé de récupérer coûte que coûte les
matériels suspects, en les faisant passer pour volés.

 

“Je suis convaincu que certains de ces
équipements sont neufs et achetés ailleurs, comme à Kaboul par exemple, les
commerçants les ramènent pour tromper les soldats américains”, a indiqué
cette source.

 

Plusieurs milliers de soldats américains, mais
aussi de nombreuses autres nationalités (britanniques, polonais, etc…)
sont stationnés à Bagram.

 

© AFP 2006

Photo : Emmanuel Dunand