Pétrole : les pays de l’Opep tiennent tête au G7

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Pétrole: les pays de l’Opep
tiennent tête au G7

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Les ministres des
Finances français, Thierry Breton, allemand Peer Steinbruck et
américain John Snow le 21 avril 2006 lors du G7 à Washington

Les pays de Opep ont refusé samedi d’être tenus
responsables de la flambée des cours du pétrole et renvoyé en partie la
responsabilité sur les consommateurs, au lendemain d’un appel des pays
riches du G7 pour que les producteurs augmentent leurs capacités de
production.

 

La hausse spectaculaire des prix “s’est
produite en dépit du fait que le marché continue à être bien approvisionné”,
a fait valoir à Washington le représentant du cartel aux réunions de
printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, Adnan
Shihab-Eldin, dans un communiqué.

 

Selon lui, la situation du côté de l’offre est
“saine”. Une manière de répliquer au ministre britannique des Finances,
Gordon Brown, qui la veille à Washington avait invité l’Organisation des
pays exportateurs à décider une augmentation de sa production lors de
prochaine conférence ministérielle, début juin à Caracas.

 

De même, le haut responsable du cartel, qui
produit 40% du pétrole consommé dans le monde, a implicitement critiqué un
appel lancé à la fois par les ministres des Finances du G7, puis samedi par
le FMI, à plus d’investissements dans la production pétrolière. “Un des
facteurs clé auquel doit faire face le marché concerne les incertitudes
autour de la demande de pétrole dans le futur”, liées aux “politiques des
pays consommateurs”, qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis du
pétrole, a-t-il déclaré, mais aussi “les développements technologiques et
les niveaux de production des pays non-Opep”.

 

En clair, selon lui, à quoi bon accroître les
capacités et les investissements si les consommateurs veulent à terme
réduire leur demande? Pour M. Shihab-Eldin, la pression pour calmer le
marché ne doit pas s’exercer uniquement sur les pays producteurs. Les
consommateurs sont à ses yeux les premiers concernés par une hausse des
capacités de raffinage.

 

En termes moins diplomatiques, le nouveau
patron de la Compagnie nationale libyenne du pétrole, Choukri Ghanem a
prévenu le même jour que “les cours ne sont pas entre les mains de l’Opep”.
“A présent, le génie est sorti de la bouteille”, a-t-il dit lors d’un forum
producteurs/consommateurs à Doha, en référence aux cours qui ont franchi
vendredi à New York la barre historique des 75 dollars le baril. L’Opep ne
peut faire que “très peu” de choses, a-t-il noté, soulignant qu’il y a
“beaucoup de pétrole sur le marché”.

 

Les ministres des 11 pays de l’Opep ont prévu
de se réunir informellement lundi en marge du forum, qui doit se dérouler de
dimanche à mardi à Doha. Le secrétaire général par intérim de l’Opep,
Mohammed Barkindo, a émis un message similaire: “L’Opep fait tout son
possible, vous pouvez voir nos chiffres, le marché est bien approvisionné et
les stocks sont à leur plus haut niveau depuis 5 ou 6 ans”, a-t-il dit.

 

Pour sa part, l’Iran, dont le bras de fer avec
l’Occident sur le nucléaire dope les cours du brut depuis des mois, a plaidé
non coupable. Si “évidemment, la géopolitique a un impact (sur les prix du
pétrole), ce n’est pas le seul”, a déclaré samedi le ministre du pétrole
Kazem Vaziri-Hamaneh. Il a rappelé que les Etats-Unis risquent de manquer
d’essence cet été en raison de l’entrée en vigueur de nouvelles régulations
environnementales. “Ce ne sont pas les pays du Golfe persique qui soulèvent
l’inquiétude sur la sécurité de l’approvisionnement, ce sont ceux qui ne
sont pas de la région”, a-t-il estimé, renvoyant lui aussi la balle dans le
camp des consommateurs.

 

 

© AFP 2006

Photo : Jim Watson