Mise à niveau de l’hôtellerie : Les multiples craintes des hôteliers

Par : Autres
 

Mise à niveau de l’hôtellerie

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Par
Moncef
MAHROUG

 

Maintenant
qu’ont été réglés les problèmes ayant trait aux modalités de la mise à
niveau de leurs unités, les hôteliers s’inquiètent du coût de l’opération,
du montant des subventions, etc.

hotel.jpgLes hôteliers sont convaincus de la nécessité de la mise à niveau mais
inquiets quant au coût de l’opération. C’est ce qu’on peut retenir de la
rencontre de MM. Tijani Haddad et Slim Tlatli, respectivement ministre du
Tourisme et secrétaire d’Etat auprès du ministre du Tourisme, chargé de la
Mise à niveau, avec un groupe d’une soixantaine d’hôteliers, mardi 4 octobre
à la Maison de l’Exportateur, lors de la deuxième journée du séminaire sur
la «stratégie de mise en œuvre du programme de mise à niveau touristique».

Avant de prendre eux-mêmes la parole, les hôteliers ont d’abord eu à écouter
quatre intervenants leur expliquer le contenu, les mécanismes et les enjeux
du projet de mise à niveau de l’hôtellerie. M. Tijani Haddad a invité les
professionnels à «nous mettre d’accord sur la manière de faire face aux problèmes
(du secteur, ndlr) et dont la mise à niveau est l’une des composantes du
plan de développement». Une mise à niveau qui doit constituer une réponse au
vieillissement de près de 20% du parc hôtelier –40.000 lits sur les 225.000
lits sont «en dehors du circuit touristique», a révélé le ministre-, mais
surtout au «développement des besoins et exigences du client qui n’accepte
plus aujourd’hui ce qu’il acceptait dans les années soixante et
soixante-dix».

Abondant dans le même sens, le secrétaire d’Etat auprès du ministre du
Tourisme, chargé de la Mise à niveau, a martelé que «le modèle de
développement du tourisme (tunisien, ndlr) s’essouffle et a atteint ses
limites» et il faut de ce fait en concevoir un autre. M. Slim Tlatli a
ensuite énuméré et expliqué les motivations de toutes les modifications
apportées au projet initial de mise à niveau.

Parlant au nom de ses pairs, M. Kamel Boujebel, président de la Fédération
Tunisienne de l’Hôtellerie, a déclaré que «les professionnels attendent
beaucoup de ce programme de mise à niveau aux fins de nous permettre
d’accéder à une qualité supérieure et à un meilleur service pour contribuer
à tirer l’industrie touristique tunisienne vers le haut». Ils en escomptent
également une «demande additionnelle» en provenance des marchés proches et
lointains «ce qui ne manquera pas d’entraîner une augmentation réelle et
juste de nos tarifs». Enfin, le président de la FTH a promis que son
organisation «ne fera l’économie d’aucun effort pour sensibiliser ses
adhérents» sur l’importance de la mise à niveau et en «vulgariser la
démarche et les procédures».

Les hôteliers se sont pour leur part interrogés, d’abord, sur le coût et les
modalités de la mise à niveau.

Une subvention de 10% du montant de l’investissement dans l’immatériel,
plafonné à 150.000 dinars «c’est peu par rapport à celle accordée aux
entreprises industrielles, soit 70% du total et sans plafond», a déclaré le
premier intervenant. Un autre a demandé qu’on lui présente «un exemple
simple et chiffré pour déterminer le coût de la mise à niveau, dire quelle
va être la part supportée par l’Etat, celle des banquiers et à quel taux… ».
Un troisième a rappelé que la mise à niveau «doit concerner aussi
l’environnement et en particulier le transport aérien» à propos duquel il a
affirmé que les hôteliers «sont prisonniers des compagnies charters». Avant
de suggérer l’introduction d’une plus grande compétition dans ce secteur en
guise de solution. Le budget promotionnel du secteur n’est-il pas
insuffisant?

Autre question cruciale mise sur le tapis : la prise en charge du coût de la
fermeture d’un hôtel lorsque celle-ci est rendue nécessaire par une profonde
réfection voire une reconstruction, et en particulier quid du personnel
titulaire ? Quelle est la frontière entre rénovation et mise à niveau ?

En réponse à cette dernière question, M. Jean Paul Lebas, un expert qui
avait auparavant exposé le projet de cahier de charges devant guider la mise
à niveau, a observé que «le cœur du problème c’est le positionnement du
produit» et que «le volet matériel n’est qu’un aspect de la mise à niveau».
Et l’expert de réitérer, comme pour être sûr que l’assistance a bien compris
le message, que «la rénovation n’est pas un préalable ; elle fait partie de
la mise à niveau. Si le positionnement stratégique du produit exige la
rénovation, voire la destruction/reconstruction d’un hôtel, cela se fera
sans problème».

Concernant le transport aérien, l’expert français a observé que le problème
ne réside pas là mais dans le fait que «le produit tunisien est
commercialisé à 80% par quelques T.O. Le transport aérien est mal orienté en
raison du modèle de base du tourisme tunisien».

Intervenant en dernier, le secrétaire d’Etat auprès du ministre du Tourisme,
chargé de la Mise à niveau, est allé droit au but. «Le coût de la mise à
niveau dépend de la situation de l’établissement, du contenu du projet, du
«gap» dont souffre l’hôtel par rapport à un référentiel. C’est donc l’étude
qui le déterminera». Et puis, note M. Slim Tlatli, «il n’y a pas d’hôtel mis
à niveau une fois pour toutes. La mise à niveau est un processus permanent».

Que faire lorsqu’un hôtel doit être fermé ? «C’est à vous d’inclure le coût
de la fermeture dans l’étude». Mais, avertit M. Tlatli à l’adresse de
l’assistance, «vous n’avez pas intérêt à licencier votre personnel, car il
constitue votre principale richesse».

Visiblement excédé par le discours de ceux qui attendent de l’Etat qu’il
fasse tout ou presque, le secrétaire d’Etat n’a pas mâché ses mots, «L’Etat
n’a plus beaucoup de moyens et a de priorités». Avant d’annoncer –suscitant
les applaudissements de la salle- que la taxe par laquelle les hôteliers
contribuent au budget promotionnel du tourisme va être étendue à d’autres
opérateurs comme les compagnies aériennes et les restaurateurs.

Laissant la porte ouverte à d’éventuelles et ultérieures corrections, M.
Tlatli a fait remarquer que «rien n’est définitif» et que le projet pilote
«a pour finalité de permettre une évaluation et, le cas échéant, une
adaptation».