2005

Par : Autres


2005

De Hédi Mechri

 

En 2004, la Tunisie évoluait sur la cime du savoir. 2,5 millions de jeunes
sur une population qui n’atteint pas encore les 10 millions fréquentent avec
assiduité les écoles, les lycées et l’université. Un Tunisien sur quatre y
développe ses facultés d’intelligence, de créativité et d’inventivité. On ne
saurait mieux préparer le pays à l’épreuve de la mondialisation et à
l’économie de demain.

On craint, non
sans raison, un véritable séisme dans notre industrie du textile à la mesure
de la déferlante asiatique qui inonde déjà l’Europe d’articles textiles en
tout genre.

 

hedimechri22012005.jpgQuand
ce n’est pas l’homme qui les provoque, c’est la nature qui s’en charge.
Palestine, Irak, et aujourd’hui le Sud-est asiatique, même désastre
humanitaire, même souffrance humaine. Le Tsunami qui a déferlé sur
l’Indonésie, la Thaïlande, le Sri Lanka, les Iles Maldives, l’Inde… a fait
plus de 140 000 victimes, semant partout sur son passage, destruction et
désolation. La planète Terre,’que les humains ne ménagent guère, en porte le
deuil.

L’élan de
solidarité internationale ne peut tout effacer. Ni les peuples victimes de
ce séisme planétaire, ni les pays qui ont vu mourir leurs ressortissants qui
ont payé un lourd tribu humain à l’industrie du rêve, ni le monde tout
entier n’oublieront de sitôt ces images apocalyptiques. Tous sont à jamais
ébranlés par l’émotion et le sentiment de fragilité qu’ils ont ressentis. Ce
drame est planétaire, global par son étendue, ses effets dévastateurs et par
l’émotion et la mobilisation qu’il suscite.

 

Mais même
rattrapée par ce drame, la vie continue. Et comme de coutume, avant que ne
sonnent les 12 coups de minuit de la nouvelle année, on se prend à espérer.
Non sans raison car l’espoir est le moteur de la vie. On voudrait que chaque
année qui commence soit meilleure que celle qui l’a précédée.

 

En Tunisie, 2004
aura tenu toutes ses promesses, une année pleine, intense, à marquer d’une
pierre blanche. La croissance était de nouveau au rendez-vous et dépassait
même nos propres prévisions qui ne manquent pourtant pas d’ambition. Le PIB
a progressé de l’ordre de 6% alors même que le millésime 2003 (5,7%) était
digne d’éloge.

 

La pauvreté a de
nouveau reculé pour descendre sous la barre des 4% sous l’effet de la
création d’emplois et des mécanismes de redistribution mis en place. Au même
moment, le champ de la connaissance et de la formation ne cesse de
s’élargir. En 2004, la Tunisie évoluait sur la cime du savoir. 2,5 millions
de jeunes sur une population qui n’atteint pas encore tes 10 millions
fréquentent avec assiduité les écoles, les lycées et l’université. Un
Tunisien sur quatre et davantage encore si l’on compte les enseignants y
développe ses facultés d’intelligence, de créativité et d’inventivité. On ne
saurait mieux préparer le pays à l’épreuve de la mondialisation et à
l’économie de demain.

 

L’avenir a déjà
commencé hier. L’année 2005 doit, à cet égard, en fournir la justification
ou, à tout le moins, en donner l’illustration. En 2004, les Tunisiens se
sont reconnus, identifiés dans le programme électoral du Président Ben Ali
pour les années à venir. Leurs attentes, leurs aspirations, le rêve qu’ils
nourrissent y sont largement et clairement affirmés. Sans démagogie aucune.

 

Plus haut, plus
fort et plus vite. Sinon, les signes de changement seront à peine
perceptibles face à l’accélération de la révolution technologique dont les
effets sur l’économie et la société défilent à vive allure.

 

Il y avait, dans
ce programme devenu, à la faveur de la réélection du Président Ben Ali, le
programme commun des Tunisiens, plus que de simples ajustements ou
corrections à la marge. Les 21 points qui en forment l’armature centrale
traduisent une véritable inflexion dans notre politique de développement.
Ils convergent tout droit vers l’économie de la connaissance. Ce choix est
celui du mouvement, du changement, de l’avenir. Il remet le pendule de
l’économie tunisienne à l’heure de la mondialisation et cherche aussi à
mettre en conformité notre système productif avec notre potentiel humain
scientifique et technique. Le cap est ainsi mis sur les nouvelles
technologies de la communication et de l’information et les industries de
service. C’est ici que se décidera pour nous le sort de la compétition
internationale. C’est à ces niveaux intermédiaires que nous devons et
pouvons affirmer notre nouvel avantage comparatif. Autant dire que c’est là
que nous livrerons la bataille décisive pour l’emploi, celui des jeunes
diplômés en particulier qui formeront à l’avenir le plus grand contingent
des demandeurs de travail.

 

Cette nouvelle
orientation relève d’une vision rénovée de l’évolution de l’économie et de
la société, elle intègre la marche du temps qui tend à rapprocher les
échéances. Signe rassurant: l’action a vite fait de relayer le discours. La
loi de finances 2005 porte déjà l’estampille de cette volonté réformatrice.
Les nouvelles mesures prises à l’effet d’engager l’économie loin des
sentiers battus sont déjà opérationnelles ou le seront dans les prochains
jours. C’est un gage de réussite

 

L’année 2005
est, à cet égard, une année décisive. C’est la première année de la mise en
oeuvre du programme présidentiel et l’on doit pouvoir y voir les premiers
signes de renouveau industriel, à travers l’émergence en pointillé de la
nouvelle économie, la création sur une grande échelle de nouvelles
entreprises et l’explosion d’emplois qualifiés, à forte valeur ajoutée.

 

L’essentiel du
programme du gouvernement se résume à cette trilogie : développer les NTIC,
créer des entreprises et faire reculer par la création d’emplois valorisants
le chômage. Trois défis majeurs dont dépendra l’émergence rapide et
définitive de la Tunisie. 2005 sera l’année-test et le baromètre de notre
volonté d’y parvenir. Si on y réussit, on aura fait la démonstration de
notre capacité d’anticiper le changement et de nous projeter dans le sens de
la marche du siècle.

 

L’histoire des
nations n’est pas ponctuée uniquement par d’énormes défis. L’attitude des
partenaires sociaux peut en marquer le cours. Car, au-delà des défis propres
au programme présidentiel, 2005 est aussi l’année d’un grand rendez-vous
social. Bientôt, les négociations sociales entreront dans le vif du sujet.
On imagine fort bien la gravité et l’importance des enjeux économiques,
financiers et sociaux des négociations salariales. Il nous faut préserver
cet impressionnant acquis républicain qu’est notre politique contractuelle.
Nous devons une grande partie de notre unité et de notre cohésion à ce
contrat social.

 

Les
négociations, en phase préparatoire, nourrissent à l’évidence des
aspirations, du reste légitimes chez les salariés ; elles suscitent aussi
des appréhensions tout aussi fondées chez les chefs d’entreprise. Notre voeu
est que le réalisme et le sens des responsabilités des uns et des autres
finiront par triompher. Car, il y aura nécessairement, d’un côté le besoin
d’augmenter des salaires et de l’autre, le souci de préserver l’emploi et de
permettre à l’entreprise d’en créer d’autres. Le salaire ne doit pas
s’opposer à l’emploi; il doit, en revanche, stimuler les gains de
productivité pour préserver la compétitivité, c’est-à-dire la survie de
l’entreprise. Toute dérive, le moindre dérapage sont dangereux et se
paieront cher en termes de perte d’industries et d’emplois. Le ciel de
l’économie mondiale est si chargé de nuages et d’incertitudes pour ne pas
renforcer chez nous le consensus autour de l’entreprise. Nous formulons
l’espoir que 2005 consacrera de nouveau comme il est désormais de tradition
tous les trois ans la vertu du dialogue social et le sens civique des uns et
des autres qui ont prévalu depuis 17 ans.

 

Ce sont aussi
ces mêmes qualités qui pourraient assurer le succès de la réforme de
l’assurance maladie, sans doute la plus importante que le pays ait connue.
On n’aurait pas assez de tout le sens civique des parties concernées pour
voir aboutir cette réforme. Ici aussi, ici surtout, il faut bannir toute
forme de retard ou de dérapage financier, car le discrédit serait
irréparable alors que l’esprit de la réforme est des plus nobles:
généraliser les soins et en améliorer la qualité. Les pays s’apprécient à la
qualité de leur système de santé et de soins. Les Tunisiens, tous les
sondages le confirment, y sont particulièrement attachés. Qui d’ailleurs le
leur reprocherait ?

 

Nouvelle
économie, NTIC, création d’entreprises, d’emplois, dialogue social sans
cesse réinventé, salaire, productivité, réforme de l’assurance-maladie…
Vaste chantier, et une année 2005 qui porte tous nos espoirs. Ce qui s’y
passe n’est rien d’autre qu’un coup d’envoi pour un nouveau départ qui doit
nous mener au coeur de la modernité, tout près du club des pays
industrialisés. Le pays s’est déjà placé en situation de marche. Il a
l’assurance que lui procurent la qualité de sa feuille de route, les atouts
dont il bénéficie, les mesures récemment dédiées à cette entreprise et sa
détermination d’aller jusqu’au bout de sa nouvelle ambition. C’est l’espoir
de tout un peuple. On ne saurait d’ailleurs formuler meilleur voeu.

 

 

(Source : L’ECONOMISTE MAGHREBIN N° 382-383- Décembre 2004 )

 


Tunisie :
12- 03 – 2005 à 07:00

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