2003 restera une année déficitaire, malgré le léger mieux attendu dans le résultat, sous l’effet du plan de restructuration. Tunisair aurait eu, à ce sujet, le feu vert pour la cession d’au moins une dizaine de prises de participation, dont France Télécoms, El Fouladh et la Stusid.
Fin septembre, Tunisair finit par publier ses états financiers provisoires du premier semestre 2003. Comme on s’y attendait, le bilan est toujours déficitaire. A fin juin, le déficit atteint 37,634 MDT et à ce niveau il dépasse déjà les pertes de l’ensemble de l’exercice 2002 (31,5 MDT).
Pour expliquer cette succession de déficits, chez Tunisair, on préfère s’en remettre à la conjoncture internationale, au « léger » recul de l’activité (de 6 % quand même par rapport à l’année 2002, elle-même en recul de 11,6 % par rapport à 2001) et aux importantes charges de structure.
On préfère, également, comparer ce résultats au déficit du premier semestre 2002. Il faut dire que ce déficit était alors de – 44,8 MDT. Plus à l’aise, le directeur financier de la compagnie met ainsi en exergue l’amélioration des produits d’exploitation (281,6 MDT contre 279,5 MDT, malgré la détérioration des produits hors exploitation), la diminution des charges d’exploitation (-315,9 MDT au lieu des -322,9 MDT une année auparavant).
Un chiffre d’affaires en baisse
Cette diminution des charges d’exploitation n’a toutefois pas touché les charges du personnel qui enregistrent une augmentation de 0,6% en passant de 76,5 MDT à 77,1 MDT, en dépit du plan social en cours. On s’attend, néanmoins, à ce qu’elle augmente encore d’ici la fin de l’année. L’explication réside dans la mise en application du plan de restructuration et le début des départs du personnel, dans le cadre du plan social et donc le versement des indemnisations. Jusqu’ici le plan social, « en très grande majorité des départs volontaires » nous précise-t-on, comprend 1100 employés pour une enveloppe totale d’environ 20 MDT. Les premiers 1000 départs, devraient intervenir d’ici la fin de l’année en cours.
Les 100 autres seraient encore à l’étude. Le coût de ces départs ne sera pas supporté par un seul exercice. Il devrait être capitalisé sur plusieurs années, d’où la hausse modérée du poste « charges du personnel » au cours du prochain semestre. Le directeur financier nous assure que les prémisses de la baisse de ce poste ne seront perceptibles, de manière tangible, qu’à partir du début du bilan de l’exercice 2005.
Le chiffre d’affaires, lui aussi, a légèrement baissé de 0,7 %, passant de 240,5 MDT l’année dernière à 238,8 MDT cette année, portant ainsi les stigmates du recul de 6 % de l’activité. Dans le détail, l’explication de cette légère baisse, se trouve dans les évolutions contradictoires de divers facteurs.
Pour le trafic régulier, les recettes avaient pourtant enregistrés une légère hausse de 0,7 %, malgré une baisse de 5,9 % du nombre de passagers, suite à la location de quelques-uns de ses avions à des compagnies privées de la place. Il y a eu aussi l’instauration, à partir de février dernier, d’une nouvelle taxe, dite de guerre ou surcharge fuel, ainsi que l’amélioration de la recette unitaire grâce à l’évolution favorable de la parité avec l’Euro. Le charter par contre a baissé, tant en terme de trafic (- 19 %) qu’en terme de recettes (- 8 %).
Rien d’étonnant, en fait, dans tout cela. M.Rafaâ Dkhil l’avait annoncé le 23 mai dernier lors de sa rencontre avec les intermédiaires, «l’exercice 2003 sera, également, déficitaire» et les réalisations des 4 premiers mois qu’il avait alors donné l’indiquaient clairement.. Les premières projections et les attentes des responsables de la compagnie, le confirment. Côté chiffre d’affaires, par exemple, on ne s’attend au plus à un maintien des réalisations de l’exercice 2002. Côté résultat, le responsable financier de la compagnie se montre optimiste et veut croire en une légère amélioration arguant des « effets de leviers » que possède encore la compagnie, des suites attendues notamment du plan de restructuration.
Le plan de restructuration
Côté programme de restructuration la compagnie en attend beaucoup; on nous indique que la filialisation va bon train. Il en serait ainsi des activités du catering, du handeling, de l’informatique, des télécommunications, de l’assistance technique, de la vente à bord.
Cette partie du plan de restructuration devait se terminer à la fin 2003. A part le catering, les choses en seraient cependant encore au niveau des discussions. Le responsable financier de la compagnie précise que « nous l’avons entamé (le plan de restructuration) cette année, cela ne veut pas dire qu’il se terminera la même année » et explique cela par « un certain formalisme juridique, assez lourd et des constitutions de sociétés à faire qui demandent du temps ».
Il y a aussi la cession de certains actifs non stratégiques de l’entreprise. Tunisair aurait déjà reçu le feu vert pour une liste d’actifs à vendre et dont la totalité ne devrait pas lui rapporter, selon des estimations extérieures à la compagnie, plus de 1 MDT. Hormis les cas du solde des titres de l’UIB et des participations à l’UTB, il y a la vente déjà faite des droits de souscriptions France Télécoms (87 000 titres représentant 0,01 % du capital). Il y a aussi l’hôtel Aldiana, la participation dans le capital de la société El Fouladh, dans celui de la Stusid (Société d’investissement tuniso-saoudienne) et d’autres sociétés comme la Sodeno, ou de Tunisie TradeNet, les prises de participation dans le capital de la société d’expansion touristique de Tabarka ou celle de la Foire internationale de Tunis (foire d’El Kram). Dans cette longue liste des ventes, l’état d’avancement est inégal et ne devrait pas non plus se terminer dans les prochains mois.
Reste à signaler que les remarques relevées par le commissaire aux comptes dans son dernier rapport et dont certaines affectent le résultat de l’exercice 2002 n’ont pas encore été réglées. « Il y a un appel d’offres qui a été lancé pour externaliser les travaux de révision de ces réserves et l’apurement de certaines situations et nous espérons y arriver, au moins en partie, d’ici la prochaine AGO» réplique le directeur financier.