Dossier 17 décembre 2010 – 17 décembre 2013 – L’islamisation rampante de la Tunisie

Musulmans sunnites de rite malikites au fort taux de 98%, les Tunisiens, islamisés et arabisés, depuis 1435 ans, par le général hassanid, Hassan Ibn Numan, ne seraient pas de bons musulmans, selon les nahdhaouis et dérivés. Pour y remédier, ces derniers ont mis au point, une fois au pouvoir, une stratégie multiforme pour les «islamiser» de nouveau, et ce selon de nouvelles règles de la secte Wahhabite, mouvement politico-religieux de rite hanblite. Ce mouvement saoudien estime que l’islam devrait être ramené à sa forme originelle qu’il définit selon l’interprétation littérale et non interprétative du Coran et des hadiths authentiques.

Ainsi, nahdhaouis et salafistes de tout d’abord se sont partagés, depuis l’avènement de la révolution du 14 janvier 2011, les rôles pour mener, sur plusieurs fronts, une campagne de wahhabisation tous azimuts.

Zoom sur une nouvelle islamisation rampante en Tunisie.

wmc-dialogue-charnel-2013.jpgDans un premier temps, les nouveaux religieux, organisés en petits groupes barbus vêtus d’accoutrements étrangers (kamis) aux habitudes vestimentaires à la Tunisie, ont commencé par la moralisation dans les rues et lieux publics, le recours aux violences verbales et physiques et les prêches mobilisatrices dans des mosquées conquises et utilisées à des fins autres que religieuses.

Selon des statistiques du ministère des Affaires religieuses, des centaines de mosquées seraient hors de son contrôle. Les pratiquants modérés ont fui ces lieux du culte où l’appel au meurtre, délit condamné dans les autres démocraties, est devenu monnaie courante.

C’est sur la base de ces prêches incendiaires que le mariage «ourfi» (mariage sans contrat) réapparaît, que le niqab devient coutumier dans nos rues, et que la séparation entre hommes et femmes au cours des cérémonies de mariage et autres devient la règle.

Concrètement, cette occupation des lieux publics s’est manifestée lors de l’affaire de la chaîne de télévision Nessma, lors de l’affaire des étudiantes nikabées de la Faculté des lettres de La Manouba et de Sousse, lors des rassemblements du 9 avril 2012 pour saboter les manifestations réclamant la liberté de presse et de manifestation.

Points d’orgue de cette conquête de la place publique, l’affaire de l’institution au village de «Sejnane», d’un émirat islamique, le congrès spectaculaire du mouvement Ansar Chariâa à Kairouan, l’assaut meurtrier mené le 14 septembre 2012 contre l’ambassade des Etats-Unis à Tunis.

Dans un deuxième temps, les religieux encouragés par la facilité de s’organiser en associations caritatives ont décidé de courtiser les populations de l’intérieur du pays –voire dans certains quartiers de la capitale.

Ces associations mettent, le plus souvent, à profit les catastrophes naturelles (vague de froid, inondations, sécheresses …) pour sillonner douars et villages, et apporter, à de pauvres gens éternellement affamés, des aides en espèces et en nature, et parfois les deux à la fois.

Conséquence: du jour au lendemain, ces déshérités deviennent des nahdhaouis. Ces actions caritatives sont hyper-médiatisées par les chaînes de télévision proches d’Ennahdha. Il s’agit particulièrement d’El Moutawassit et de Zaytouna dont les sources de financement restent, pour le moins qu’on puisse dire, douteuses.

Vient ensuite la conquête de l’administration et des institutions de l’Etat. Selon l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’Administration (UTSPNA), plus de 82% des nominations dans le secteur public, depuis le mois de décembre 2011, ont été faites par les gouvernements nahdhaouis sur la base d’orientations partisanes, régionales ou familiales.

Pis, la moitié environ de ces nominations n’ont pas été publiées dans le JORT (Journal Officiel de la République Tunisienne), toujours d’après l’UTSPNA.

Comble de cette mainmise, les gouverneurs nahdhaouis des régions sont les seuls habilités à gérer comme un butin les budgets affectés aux régions. Aucune autre institution n’y intervient.

Quant aux institutions sécuritaires et autres pouvoirs, les nahdhaouis, tout en reconnaissant que l’armée, la police et les médias leur échappent (fameuse vidéo de Ghannouchi au mois d’avril 2012), ont tout fait pour infiltrer ces corps.

Ils ont relativement réussi au ministère de l’Intérieur. Aux dernières nouvelles après les attentats des leaders politiques Chokri Belaid et Mohamed Brahmi et après les actes terroristes perpétrés à Chaambi (Kasserine), à Goubellat (Béja), Sidi Ali Ben Aoun (Sidi Bouzid)…, des dizaines de taupes ont été, aujourd’hui, identifiées. Ainsi, 120 policiers auraient été arrêtés pour avoir fourni de précieuses informations aux terroristes sur les projets de la police quant à leur filature et arrestation.

Au niveau de l’enseignement, à retenir la décision de créer un diplôme supérieur, le jumelage de l’Université d’El Azhar avec l’Université de la Zitouna, l’autorisation des écoles coraniques et la médiatisation pour l’enseignement de la médecine en arabe.

Au plan de la propagande, il y a lieu de rappeler le sinistre dossier des prédicateurs étrangers qui sont venus, en Tunisie, avec la bénédiction du gouvernement et de la présidence provisoire. Les Tunisiens ont encore à l’esprit les conférences scissionnistes données par les cheikhs wahabites, Mohammad Moussa Charif, Wajdi Ghanim…

La législation n’a pas échappé aux nahdhaouis. Leurs représentants à l’Assemblée nationale constituante ont reçu pour haute mission d’adapter la Constitution aux préceptes de la Chariâa.

Tout récemment, le gouvernement nahdhaoui d’Ali Larayedh a proposé deux projets de loi visant à restituer les habous «biens de mainmorte» et à mieux contrôler les mosquées. Le non dit dans ces projets consiste pour les nahdhaouis à disposer des fonds nécessaires pour financer de véritables milices au nom de la religion.

Cela pour dire in fine que la sécurité religieuse du pays demeure un dossier d’une brûlante actualité et que le défi réside dans la séparation nette et sans ambages dans la séparation de la religion de la politique. C’est notre seul et unique salut.

A bon entendeur!