Le chanteur palestinien Mohamed Assaf s’est produit, dimanche soir, sur la scène de l’amphithéâtre antique de Carthage dans une prestation qui incarne la douleur et le cri des populations résilientes dans Bande de Gaza, sa ville natale.
De sa voix puissante venant des décombres d’une guerre sans merci dans les Territoires palestiniens occupés, Assaf a chanté pour ses compatriotes assiégés et affamés vivant au rythme infernal des bombardements et des scènes de deuil qui n’en finissent plus depuis le 7 octobre 2023.
En cette soirée estivale, les drapeaux palestiniens et tunisiens flottaient dans le ciel de l’amphithéâtre de plein air et ses gradins où retentissaient la voix de la Palestine et le fameux titre « Leve Palestina » devenu un hymne mondial en faveur des Palestiniens.
Présenté dans le cadre de la 59ème édition du Festival international de Carthage, ce spectacle dont les recettes iront au profit de Gaza, a été donné devant un public nombreux venu célébrer et le rêve et la douleur des palestiniens transmettant un message de fraternité pour «la liberté de la Palestine ».
A Carthage, le public a accompagné Assaf chantant une triste mélodie conte le silence et l’oubli subissant une guerre d’extermination et militant pour chaque parcelle de ses Territoires occupés depuis plus de 77 ans.
Sur scène, l’artiste incarnait l’orgueil et la fierté d’un peuple résiliant malgré l’oppression. Trahi pas la douleur qui l’habite, Assaf ne pouvait cacher son émotion qui était palpable dans ses yeux: « Aujourd’hui, nous sommes dans notre chère Tunisie… “, a-t-il lancé en s’adressant au public avant de reprendre le fameux vers « Comment guérir de l’amour de la Tunisie » de son compatriote Mahmoud Darouiche (1941-2008). Dans ce vers, le chantre de l’exil et de la terre natale, exprime son amour pour la Tunisie où il a vécu plusieurs années pendant une période de son exil entre Tunis, le Caire et Paris.
«Tout mon amour pour la Tunisie … Mes salutations à la Palestine et à Gaza qui subit l’extermination devant le silence du monde… », a encore déclaré Assaf, venu à Carthage, rendez-vous culturel phare, faire entendre sa voix malgré la douleur qui l’habite, comme il l’a affirmé.
Dans « Ya Donia Ichhadi », « Ya Palestine Jinalek » « La Koufie » « Cheddou el Hemma », chaque parole renvoie aux scènes largement médiatisées de la guerre dans la bande et la douleur des femmes endeuillées, des enfants mutilés et les cadavres entassés dans les hôpitaux d’une ville meurtrie par la guerre.
Assaf a interprété d’autres chansons patriotiques du large répertoire oriental telle que le fameux tube « Montassiba al Kamati Amchi » du chanteur libanais et grand défenseur de la cause palestinienne Marcel Khalifa. Cette chanson assez populaire écrite par le poète palestinien Samih al-Gâsem, a fait la popularité de Marcel lors de ses débuts dans les années 80 sur la scène de l’amphithéâtre de Carthage.
Il a encore chanté pour d’anciens artistes libanais telle que « Bektob Ismak ya Bladi », une chanson largement reprise par plusieurs artistes arabes du parolier-compositeur-interprète libanais Elie Shouiri (1939-1923) qui a été interprétée pour la première fois par son compatriote Joseph Azar.
Le public a également eu l’opportunité d’entendre « Mawtini », un tube éternel sur la résistance datant de 1934 et largement repris par des chanteurs arabes. Ecrit par le poète palestinien Ibrahim Touqan et composé par le compositeur libanais Mohamed Fleifel, ce poème était l’hymne officieux de la Palestine, de 1930 à 1972, et est devenu l’hymne national irakien depuis 2004.
La star de la chanson arabe qui s’est fait connaitre au programme « Arab Idol » en 2013 où elle a gagné la sympathie de 68 millions de votants arabes, a encore chanté des titres de son propre répertoire, à l’instar de « Gaza Ardh Almajd w Ardh el Ezza » et « Salama li Gaza Salam ».
Mohamed Assaf poursuit son rêve d’artiste et porte-parole de la question palestinienne ce qui fait de lui l’une des voix emblématiques de sa génération militant par l’art pour la dignité de ses compatriotes et une Palestine libre et indépendante.
L’enfant de Gaza a transmis depuis la Tunisie un message de paix et de fraternité qui va au-delà des frontières et de la haine qui habite ce monde en une époque où règnent les guerres et l’injustice.
Beaucoup plus qu’un spectacle, cette soirée à forte symbolique était un cri de douleur et d’espoir offrant un brin d’optimisme dans une période marquée par l’incertitude sur une paix durable au Proche-Orient.