Chahuté, depuis 2011, par des mouvements de grève intempestive, le phosphate tunisien a perdu beaucoup de terrain sur le marché international. Aujourd’hui, un autre front mais plus que redoutable s’ouvre sur nos frontières de l’ouest.

En effet, si l’on en croit un article d’algerieaujourdhui.dz, publié le 6 avril 2023, la Chine et l’Algérie accélèrent la cadence de la réalisation du mégaprojet intégré du phosphate à l’est algérien.

C’est le premier en genre dans le secteur minier algérien, puisqu’il englobe à la fois l’exploitation et le développement de la mine, la transformation de la matière première et le transport via le chemin de fer vers des installations portuaires pour son exportation.

Bien entendu, l’Algérie n’érige pas ce projet contre la Tunisie, mais les conséquences risquent d’être dramatiques pour la Tunisie, quand on sait le poids du phosphate dans son économie.  

Le site web rappelle d’ailleurs que «l’exploitation de la mine de phosphate à l’est du pays est un projet cher à l’Algérie, que le président de la République avait qualifié d’une “bataille à gagner“». Et cela ne fait aucun doute que celle-ci sera effectivement gagnée, avec l’appui financier chinois. Le coût d’investissement dudit projet est de 6 milliards de dollars, dont 80% du financement sont assurés par des banques chinoises.

Il ne s’agit pas de l’exportation du phosphate brut mais sa transformation sur place, d’où l’objet du reste de la création d’une joint-venture algéro-chinoise dédiée à cela.

C’est dans ce cadre que le ministre de l’Energie a convoqué, le 5 avril 2023, à une réunion les responsables de la société Algerian Chinese Fertilizers Company (ACFC), une joint-venture composée de deux sociétés publiques algériennes (Asmidal Manel) et de deux entreprises publiques chinoises (Wuhuan et Tian’an) afin de discuter de l’état d’avancement de la réalisation du mégaprojet intégré.

Certes notre compagnie nationale de phosphate (CPG) a une longueur d’avance sur les Algériens en termes de savoir-faire et de technicité, mais il faudra être conscient qu’avant l’argent, on acquiert les technologies, et avec elles on apprend vite.