La disparition ou fermeture de ces marques, autrefois courues et adorées, s’interroge plus d’un spécialiste. Quelle se nomme Camaïeu, Kookaï, Go Sport, André ou San Marina, pour ne citer que ces 5 enseignes, ce n’est pas une mais plusieurs raisons/circonstances qui expliqueraient leur disparition du marché.

Mais pour le site cafeyn.co, ces marques des années 80’ du siècle dernier ont été durement frappées par des « ventes en berne, des loyers toujours aussi élevés et l’incapacité à investir ».

En effet, lundi 20 février 2023, le tribunal de commerce de Marseille a annoncé la fermeture des 160 magasins de chaussures San Marina.

Et comme le souligne le PDG de l’enseigne, Stéphane Collaert, quelque chose de paradoxal s’est joué dans les derniers : «Nous n’avons pas eu la main sur cette décision qui a été prise par les administrateurs judiciaires. Mercredi, en une journée, nous avons réalisé un chiffre d’affaires historique de 1,7 million d’euros, soit près de 15 fois ce que nous atteignons habituellement à cette même période». Ceci signifierait en d’autres termes que les articles de l’enseigne plaisent.

En août 2022, ce fut au tour des 512 points de vente de vêtements Camaïeu de fermer, mettant sur le carreau pas moins de 2 600 emplois.

Et depuis, d’autres marques se sont inscrites sur cette tendance, rappelle cafeyn.co, entre autres Kookaï, Go Sport, le chausseur André, bientôt GAP, auxquelles il faudra sans doute ajouter Pimkie ou de Cop Copine en grandes difficultés.

« Simple coïncidence ? », s’interroge notre source. « Pas vraiment. Le textile ne s’est toujours pas remis de la crise sanitaire. L’observatoire économique de l’Institut français de la mode estime qu’en 2022 les ventes de vêtements ont reculé de 10 % au regard de 2019. La fédération Procos, qui regroupe 60 000 points de vente, évalue à 8,5 % la baisse des ventes dans la chaussure par rapport à 2019 également ».

La Covid-19 est mise en cause, mais il y a l’inflation notamment depuis février 2022, suite à l’attaque de l’Ukraine par la Russie, qui creuse le budget de la famille.

Considéré comme un redresseur d’entreprises en difficulté, Michel Rességuier, à travers son cabinet, intervient souvent dans ces cas.

Voici son constat sur le secteur : «Il y a une perte de valeur de l’habillement pour le citoyen. Je le dis à mes clients, ça ne sert plus à rien de garder comme référence le niveau des ventes de 2019, avant la pandémie. Nous n’y reviendrons pas. Le confinement a en outre bousculé les codes vestimentaires. Le télétravail a permis de remplacer la chemise par un tee-shirt».

Mais que dit Stéphane Collaert, le PDG de San Marina : «L’heure est désormais à l’arbitrage dans les dépenses face à l’inflation des produits alimentaires et énergétiques… Sans compter que la mode des sneakers a quelque peu bousculé le marché de la chaussure pour homme comme pour femme. En ville ou au bureau, mocassins ou chaussures à lacets ou à talon sont en fort recul. Seuls les modèles à grosses semelles crantées font recette et le succès d’enseignes comme Jonak ».

Rappelons que La Redoute, autre marque menacée de liquidation il y a quelques années, se porte aujourd’hui comme un charme, grâce à une opération de sauvetage à “1 euro” à laquelle avaient participé la majorité de ses salariés, ainsi qu’une modernisation de sa politique commerciale (internet entre autres); certains d’entre eux ont pu réaliser de substantielles plus-values.

On est en droit d’établir un parallèle avec la situation tunisienne dans le textile/habillement, d’autant plus que les enseignes tunisiennes ou européennes opérant sur le sol tunisien, leur marché c’est l’Europe. Les professionnels du secteur se plaignent de la baisse des ventes, même lors de périodes de solde. Mais est-ce qu’on prend la peine de se poser les bonnes questions, sur les causes exactes ? On en doute, on préfère souvent accuser le gouvernement d’augmenter les taxes, alors que le problème est ailleurs.