Si l’on doit enfreindre les principes de la rationalité économique, il faut en assumer les coûts induits, assure Zoubeir Chaieb, le coordinateur de la 36ème édition des Journées de l’entreprise (JES 2022).

WMC : En quels termes se pose la problématique de la sécurité de l’approvisionnement du marché quand elle impacte la souveraineté ?

Zoubeir Chaieb : Nécessité fait loi. L’Etat est appelé à garantir un service minimum en matière d’approvisionnement du marché, notamment pour les produits de base dits sensibles, telles les céréales ou l’énergie, vaille que vaille. Le pays doit malgré tout continuer à tourner et la population doit pouvoir se nourrir et se soigner.

Il est vrai qu’à l’heure actuelle, nous subissons le contrecoup d’une situation de crise inédite. C’est ce qui explique cet état de choc que beaucoup de pays sont en train de subir.

Alors, la raison commande de prendre les devants et de se mettre en logique d’autosuffisance afin de maintenir l’ordre économique.

Je ne suis pas un idéologue du libéralisme ni un inconditionnel de la suprématie du marché, mais une parenthèse d’économie administrée affecte le libre jeu du marché

Doit-on, par nécessité ou par raison, revenir passagèrement à une “économie administrée“ pour assurer une régulation administrative du marché ?

Ce n’est pas souhaitable. Je ne suis pas un idéologue du libéralisme ni un inconditionnel de la suprématie du marché, mais reconnaissez qu’une parenthèse d’économie administrée affecte le libre jeu du marché et pourrait paralyser les mécanismes usuels de régulation.

Par choix autant que de raison, je souhaite ne pas déroger aux lois du marché.

Comment dès lors se protéger de la volatilité du marché ?

Il y a tout un arsenal de mesures de protection monétaires dont les contrats à terme. Il va de soi que cela nécessite un Policy Mix de circonstance pour juguler les déficits jumeaux et stabiliser, autant que faire se peut, la valeur de la monnaie.

Se soucier de la sécurité de l’entreprise est une façon de lui  préserver un statut privilégié ?

Mon crédo est que l’entreprise soit regardée comme un acteur patriote et comme un partenaire indispensable.

Propos recueillis par Ali Abdessalam