Dans le cadre du programme régional “Hommes et femmes pour l’égalité des sexes”, ONU-Femmes a organisé, en partenariat avec « Equimundo », l’Institut arabe des droits de l’Homme et l’association “BEITY”, un séminaire afin de présenter les résultats de l’enquête internationale sur les hommes et l’égalité des sexes, le lundi 21 novembre à la Cité des sciences à Tunis.

Le séminaire a été honoré par la présence de Matilda Linden, deuxième secrétaire de l’ambassade de Suède en Tunisie ; Arnaud Peral, coordonnateur résident des Nations unies en Tunisie ; Abdelbasset Ben Hassan, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme ; Sana Ben Achour, présidente de l’association « BEITY» ; et Isadora De Moura, responsable des programmes d’ONU-Femmes Tunisie-Libye ainsi que les chercheur.es impliqué.es.

“IMAGES“ est une enquête régionale réalisée par ONU-Femmes en Égypte, Liban, Maroc, Palestine, Jordanie, Tunisie est financée par La Suède à travers l’Agence Suédoise de Coopération Internationale pour le Développement (SIDA). L’étude a porté sur les axes suivants :

Attitudes à l’égard du genre, de l’égalité entre les sexes et des masculinités, Autonomisation économique des femmes et leadership public, Égalité entre les sexes et loi, Enfance et adolescence, Dynamique de genre au sein des ménages, Violence sexiste.

Attitudes à l’égard du genre, de l’égalité des sexes et des masculinités

Le système patriarcal reste dominant dans la vie publique et privée, même si les hommes veulent être plus ouverts que leurs parents et plus solidaires avec leur partenaire, néanmoins leurs attitudes et leurs comportements dus à leurs éducations profondément enracinées ne concordent pas toujours avec leurs actes.

En ce qui concerne la violence, 16 % des hommes croient qu’une femme doit tolérer les actes de violence si elle veut préserver l’unité de sa famille, comparativement à 1,7 % des femmes interrogées.

Autonomisation économique et leadership public des femmes

Les attitudes des hommes et des femmes semblent incertaines et contradictoires au sujet des rôles économiques des femmes dans un monde en évolution. Une petite minorité de femmes 24 % seulement s’accorde à dire qu’il est plus important pour une femme de se marier que d’avoir une carrière.

Par contre, la majorité des femmes continuent de penser que « lorsque les possibilités d’emploi se font rares, le privilège de l’accès à l’emploi doit être prioritairement accordé aux hommes ».

Aussi, la grande majorité des hommes (83,3%) et 95,1% les femmes sont d’accord que les conjoints doivent jouir des mêmes droits au travail.

L’égalité des sexes et la loi

L’étude montre que seulement 25% des hommes et 40% des femmes soutiennent l’adoption d’une loi visant à garantir une égalité successorale entre les hommes et les femmes pour plusieurs raisons. Plus de 95 % des hommes et des femmes sont favorables à la sanction du harcèlement sexuel. Alors que l’avortement demeure le sujet le plus controversé.

En effet, la moitié des hommes et trois femmes sur cinq soutiennent la mise en place de protections juridiques garantissant un accès sûr à l’avortement.

Enfance et adolescence

78 % des hommes et 61 % des femmes ont déclaré avoir été battus par leurs parents et 68 % des hommes et 54 % des femmes d’une autre part ont été battus où avoir subi des châtiments corporels à l’école de la part d’un enseignant. Ce qui a créé un précédent inquiétant pour leur vie lorsqu’ils devaient aussi résoudre des problèmes ou discipliner de leurs enfants.

Dynamique de genre dans les ménages

L’enquête a montré que les hommes laissent souvent les travaux de soins aux femmes (cuisine, nettoyage, bain), et ne s’impliquent eux-mêmes que dans les tâches moins contraignantes.

68,6% des hommes mariés interrogés dans l’étude ont déclaré vouloir prendre un congé de paternité payé pour s’occuper de leur femme après l’accouchement et 50% d’entre eux ont dit qu’ils devraient bénéficier de “trois semaines et plus de congé gratuit“.

Aussi, les femmes et les hommes souffrent de graves différences en ce qui concerne le pouvoir de décision au sein de leurs relations.

Violence basée sur le genre

Ce qui est remarquable dans cette étude, que la violence exercée par un partenaire intime n’est pas suffisamment signalée.

L’enquête a montré que 1 femme sur 5 a subi un type de violences en public.

A cette occasion, Isadora De Moura, responsable des programmes d’ONU Femmes Tunisie-Libye, a déclaré qu’: «au vu des résultats de cette étude, il est impératif de  tirer parti de ses conclusions pour appuyer l’égalité des genres et de pousser vers un changement d’attitudes et comportements positifs. Aussi, il est capital de soutenir et de protéger les victimes de violences sexuelles ».

Pour sa part, Abdelbasset Ben Hassan, président de l’Institut arabe des droits de l’Homme, a souligné que « cette étude, qui incluait les perceptions de la famille tunisienne sur un éventail de questions relatives à l’égalité et à la présence des femmes dans la vie sociale et économique, conclu qu’il n’y avait pas de pleine reconnaissance de l’égalité entre les femmes et les hommes et de justification de la violence contre les femmes, malgré le développement de la société tunisienne. Le chemin vers le principe de l’égalité des sexes tant sur le marché du travail que dans d’autres domaines pourrait être réalisé grâce à des programmes d’appui et par la mise en place de nouveaux textes des lois et des campagnes sont encore longues ».

Dans son allocution, Walid Arbi, secrétaire général de l’association BEITY, a salué cette étude, qui contribuera à démystifier les causes de la violence fondée sur le genre. Il a déclaré : « Les résultats de l’étude ont confirmé la nécessité de mettre le point d’avantage sur la culture de la sensibilisation et de l’ouverture sur l’autre surtout dans les établissements scolaires».

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Méthodologie de l’étude :

Il est important de noter que cette étude a été réalisé sur des recherches quantitatives et qualitatives :
– La recherche quantitative a inclus 2 309 personnes, dont 1 160 hommes et 1 149 femmes âgés de 18 à 59 ans.
– La recherche qualitative au moyen d’entretiens semi-structurés avec environ 34 hommes et 27 femmes pour mieux comprendre les attitudes concernant les rôles et les droits des hommes et des femmes.

À propos d’ONU Femmes :

ONU Femmes est l’entité des Nations unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. Porte-drapeau mondial des femmes et des filles, ONU Femmes a été créée pour accélérer les progrès dans la réponse apportée à leurs besoins partout dans le monde.

ONU Femmes soutient les États membres des Nations Unies dans l’adoption de normes internationales pour parvenir à l’égalité des sexes et travaille avec les gouvernements et la société civile à concevoir les lois, les politiques, les programmes et les services nécessaires pour veiller à l’application effective de ces normes et à ce que les femmes et les filles en bénéficient, partout dans le monde. Nous intervenons à l’échelle mondiale pour faire de l’ambition des Objectifs de développement durable une réalité pour les femmes et les filles.