Les indices se redressent et les revenus des sociétés progressent. Le marché est en attente d’expansion.

Lundi 14 courant a eu lieu, au siège de la Bourse de Tunis, la conférence de presse périodique du bilan d’activités du marché pour le 3ème trimestre de l’année. Le marché regagne en attractivité, pour les épargnants et investisseurs. Et c’est bon signe, dans un climat ambiant, qui est à la peine.

L’envol des indices

Ce qui appelle l’attention dans l’évolution des indices durant les 9 premiers mois de l’année, c’est leur croissance uniforme. La progression est bien visible et ne se dément pas, car sans recul mensuel en dehors d’un léger hoquet imperceptible de 0,06 % au mois de février.

Le Tunindex a augmenté de +16,70 %. Et Tunindex 20, l’équivalent du CAC 40 de la Bourse de Paris, a bondi de +20,35 %. Et Tunis fait bonne figure dans un panorama MENA en baisse. En effet, alentour les marchés sont plutôt en retrait. Casa fait -18,8 %, Le Caire se rétracte de 7,1 %, Riyadh réalise un maigre +3,1 %, Dubaï sauve un petit +4,2 % et Amman talonne Tunis avec +15 ,3 %.

Pour leur part, les grandes places financières sont toutes en baisse sévère. Shanghai a bu la tasse avec -37,2 %, Francfort écope de -16,6 %, Paris se prend –12,3 %, Wall Street est à – 9,6 %, Londres fait moins lourd avec -4,6 %.

Il faut bien reconnaître, donc, que Tunis tire bien son épingle du jeu.

Evolution des revenus et des résultats

La capitalisation se porte bien, réalisant une progression de +4,6 % pour se situer à 24,329 milliards de dinars, au terme des dix premiers mois, contre 23,262 milliards de dinars à la même date en 2021.

Le volume des échanges a connu une bonne détente à +26,5 %, soit 2,47 milliards de dinars au terme de ces dix premiers mois de l’année contre 1,95 milliards de dinars à la même date en 2021.

Le revenu global pour les 10 premiers mois de 2022 est en hausse de 15,2 % par rapport à 2021. Il atteint 17,2 milliards de dinars contre 14,8 milliards de dinars en 2021. L’on remarque que les 20 sociétés de Tunindex20 accaparent 64 % de ce montant en réalisant 10,9 milliards de dinars à elles seules.

Pour avoir une idée précise de cet aspect, il faut savoir que le quart des sociétés cotées réalise près des 2/3 des résultats.

Autre trait particulier, les valeurs financières, principales capitalisation de la Cote ont enregistré une augmentation semestrielle de leurs résultats de +38,5 % par rapport au 1er semestre de 2021. Ce résultat est de 897 millions de dinars contre 648 millions de dinars au premier semestre 2021.

Autre particularité, sur les 897 millions de dinars, il y a 778 millions de dinars qui ont été générés par les 12 banques cotées.

Que les banques se portent bien est un élément de bonne santé du secteur. Cependant, ce qui est surprenant est que cela tranche avec la faiblesse de la croissance économique.

Le marché alternatif ne démarre toujours pas

La BVMT s’est longuement employée à faire muter le marché alternatif. Elle entendait simplifier les modalités d’introduction en Bourse des PME. Elle a eu gain de cause. Le marché devient d’accès plus commode pour les PME. Il est toutefois navrant de constater qu’il n’a encore enregistré à ce jour aucune demande d’introduction. Les autorités de la Bourse estiment que le corps intermédiaire constitué par les banques, les opérateurs du Capital investissement et les intermédiaires en Bourse ont été peu enthousiastes et peu coopératifs.

On peut comprendre que les banques ne veulent pas se dessaisir d’une partie de leur business, même si les deux institutions peuvent coopérer de manière complémentaire. Toutefois, on s’interroge sur l’absence de réactivité du Capital investissement alors que la Bourse est la seule institution qui leur permet légalement de faire du Cash Out. En effet, de par la loi les capital-investisseurs ne peuvent céder leurs participations dans les “Start Up“ où elles investissent que via le marché boursier.

Une bonne nouvelle toutefois, le compartiment “Commodities“ initié l’an dernier est déjà sur pied avec une plateforme de transactions en place.

Initialement prévu pour coter l’huile d’olive et les dattes, le marché a opté pour l’huile d’olive pour bien réussir son démarrage. L’on projette que la phase expérimentale de la plateforme aura lieu au courant du premier trimestre de 2023. La phase d’échanges réels aura lieu eu au second trimestre. Et le marché sera opérationnel pour la campagne oléicole 2023 – 2024.

Un marché refuge

En définitive, le marché aura fait un comportement d’univers refuge pour les épargnants. Le Tunindex a bien progressé de +16,70 % sur les 10 premiers mois de 2022. Dans l’hypothèse où l’on déduit le taux de l’inflation de 10 par excès, l’on obtient un taux de rémunération réel de 6,7 %. En soi, c’est un rapport encourageant. Et si on y ajoute que sur les 7 émissions en titre de capital, 5 ont été réalisées par incorporation de réserves, cela arrange les choses pour les épargnants. Nous considérons que cela plaide en faveur du compte CEA.

Le marché devient un compartiment refuge et une alternative intéressante par rapport à l’épargne livret. L’on regrette toutefois que la Bourse soit réduite à un marché de particuliers. La faible profondeur de la Cote fait que les investisseurs importants et notamment étrangers s’en détournent. Les autorités de la Bourse pensent que la capitalisation ne peut connaître un bond significatif qu’avec l’entrée des grandes entreprises publiques.

A bon entendeur…

Ali Abdessalam