Un hommage posthume a été rendu, vendredi 27 mai 2022 à Tunis, à Hassan Zmerli (27 mai 1906- 5 février 1983), et son oeuvre prolifique dans le secteur du 4ème art.

Ce pionnier du théâtre national et arabe était au coeur d’un hommage qui lui a été rendu par le Forum de la Pensée Moderniste Tunisienne en partenariat avec l’Organisme Tunisien des Droits d’Auteur et des Droits Voisins (OTDAV) et l’Association tunisienne des critiques de Théâtre.

En cette journée qui coïncide avec le 116ème anniversaire de la naissance de cette grande figure du théâtre national, une conférence a eu lieu au siège de l’OTDAV. Une sélection des principales œuvres de Hasan Zmerli a été au coeur d’une exposition photographique organisée à cette occasion.

L’évènement a été marqué par la présence de plusieurs figures du théâtre national dont certains ont côtoyé de près feu Zmerli, à l’instar de Hamadi Mezzi, Hichem Ben Aissa, Chedly Ben Youness, Hamdi Hmaidi, Ahmed Hadhek, Mohamed Messaoud Idriss, Kamel Allaoui et Mohamed Kouka.

Dans leurs témoignages, les intervenants ont été unanimes sur la connaissance approfondie et la vision prospective du théâtre tunisien de ce pionnier qui est auteur de plusieurs textes pour le théâtre et plus de 45 pièces de théâtre adaptées du théâtre mondial.

Hamadi Mezzi a le souvenir d’un ” homme ponctuel qui n’était jamais absent aux séances de théâtre et ce durant quatre ans “.

Feu Zmerli avait fait ses études supérieures en France de 1930 à 1933, a fait savoir Chedly Ben Younes tout en rappelant l’oeuvre d’un précurseur dont la double culture avait contribué à approfondir ses connaissances et son regard critique. Sa singularité est traduite dans “ses écrits publiés dans les médias ou dans ses conférences sur le 4ème art qu’ils donnaient avant l’indépendance”.

Il a évoqué son grand intérêt pour le théâtre scolaire et sa mission de conseiller auprès de Chedly Klibi, premier ministre de la culture, sous Bourguiba, à l’aube de l’indépendance.
Le coordinateur de la conférence Mohamed El May, journaliste-écrivain, a fait savoir que “Zmerli a été longtemps oublié”, tout en rappelant que l’année prochaine coïncidera avec le 40ème anniversaire de sa mort.

Depuis la commémoration du 40 ème jour de son décès en 1983, il a été rarement à l’honneur. Ce n’est qu’en 2010 que son oeuvre a été au centre de deux publications éditées par le ministère de la Culture. El May évoque des publications dont le contenu a été rassemblé par Moncef Charfeddine et Mohamed Mediouni.

Près de quatre décennies depuis son départ et aucune initiative sérieuse n’a été faite pour rassembler ses critiques parues dans les revues et magazines, selon le coordinateur de la conférence. “L’unique tentative faite en ce sens a plutôt fait du tort à l’oeuvre de ce créateur au lieu de la mettre en valeur”, a estimé El May.

Il a encore évoqué les appels incessants de certains professionnels du théâtre à baptiser l’Institut supérieur d’Art dramatique (ISAD) de Tunis, au nom de Zmerli. Une demande qui n’a toujours pas eu d’issue favorable.

La présidente de l’Association tunisienne des critiques de théâtre, Faouzia al Mezzi, a souligné que cette rencontre-hommage contribue à la réhabilitation de l’image de Zmerli en tant que critique et homme de théâtre dont les écrits ont largement contribué à intégrer de nouveaux concepts propres à l’écriture scénique.

Le Directeur général de l’OTDAV, Ramzi Garouachi, a annoncé la tenue prochaine d’une série de rencontres qui seront également dédiées au secteur du théâtre.

Il a appelé les professionnels du 4ème art à adhérer à l’OTDAV en vue de garantir leurs droits littéraires et intellectuels tout en annonçant la possibilité d’inscrire les œuvres à distance dans la période à venir.

Il a encore indiqué que son institution va organiser des soirées artistiques, dans des festivals internationaux tels que Carthage et Hammamet, et dont les revenus iront au profit de l’OTDAV.

Le Forum de la Pensée Moderniste Tunisienne qui est à l’origine de cet hommage est un projet de réhabilitation des grandes figures tunisiennes qui ont contribué à l’essor de la pensée moderniste tunisienne à travers l’histoire et à la création d’un référentiel intellectuel tunisien.

Ce forum se distingue par l’ouverture sur les civilisations et le dialogue avec les autres cultures du monde et organise des rencontres intellectuelles, des expositions et des débats autour des personnalités tunisiennes.