Après avoir choisi un “personnage“ qui ne pouvait pas réussir sa mission de former une équipe gouvernementale à la hauteur des enjeux qui attendent la Tunisie, le mouvement Ennahdha semble avoir minimisé la détermination du reste de la classe politique tunisienne. En jeu d’échecs, on appelle cela “échec et mat“ !

Cependant, si ce rejet constitue un sévère revers pour les islamistes d’Ennahdha, il n’en constitue pas moins “une plongée dans l’incertitude pour le pays“. Dès aujourd’hui, nous vivons une situation presque inédite en Tunisie. La faute sans doute à une Constitution certes démocratique mais qui a du mal à asseoir les bases démocratiques dans notre système politique. Alors, patience !

En effet, après 13 heures de débats ou plutôt d’insultes, d’accusations et de contre-accusations, les députés de l’Assemblée des représentants du peuple ont rejeté -par 134 voix et 72 voix pour-, vendredi 10 janvier 2020, le gouvernement proposé par Habib Jemli.

Du coup, la balle revient maintenant dans le camp du “nouveau“ président, Kaïs Saïed, qui a désormais la lourde tâche de choisir, pour les Tunisiens, un Premier ministre à même de conduire le pays vers des horizons meilleurs que ceux qu’on a vécus depuis 2011.

Au passage, nous nous permettons de rappeler au président de la République que pour réussir, une équipe gouvernementale doit être bâtie autour d’une “très forte“ personnalité –pas forcément “indépendante“. Cette équipe gouvernementale, compte tenu de la taille de la population tunisienne, ne devrait pas dépasser les 15 ministres –sans secrétaires d’Etat- très compétents –là également pas nécessaires indépendants. Car économiquement, l’efficacité ne rime pas toujours avec (grand) nombre.

Toutefois, nous ne nous faisons pas trop d’illusion, en ce sens que, comme l’ont écrit nos confrères du quotidien français lefigaro.fr, “conservateur (à souhait) sur le plan social mais indépendant farouche et très critique du système parlementaire, Kaïs Saïed n’a pas d’allié naturel dans l’hémicycle. Mais il est jugé plus proche des partis revendiquant les idéaux de la révolution de 2011, comme le parti nationaliste arabe Echaab et le Courant démocrate de l’ex-opposant Mohamed Abbou“.

Ah tiens, s’il nommait Mohamed Abbou comme chef de gouvernement de “substitution“ ! Certes ce dernier est “raid“ dans ses décisions, mais au moins il sait ce qu’il veut, il fait ce qu’il dit. Et c’est quelque chose de très rare en Tunisie. Maintenant, est-ce qu’en politique ce genre de posture paye ? Pa si sûr! Mais c’est une (jolie) carte à jouer pour Kaïs Saïed, lui qui s’est présenté devant les électeurs comme “redresseur des torts“. En quelque sorte, le “Monsieur propre“ dont rêvent des millions des Tunisiens.

Il possède dix jours pour choisir un chef du gouvernement, lequel aura un mois pour tenter de constituer un gouvernement à même de convaincre l’Assemblée des représentants du peuple, du moins 109 d’entre eux.

Wait and see!

TB