Tunisie : Les agriculteurs réclament-ils vraiment la création d’une entreprise nationale de Zakat?

Le président de l’Association tunisienne de la Zakat (ATZ), Mohamed Megdiche, appelle la présidence du gouvernement à accélérer l’examen du projet de loi relatif à la création d’une entreprise nationale tunisienne de Zakat, présenté en décembre 2016 par l’association.

Ce projet de loi, présenté par le Mufti de la République, a bénéficié de l’appui des ministères des Affaires sociales, des Affaires religieuses ainsi que des organisations nationales, telles que l’UTICA et l’UTAP. Il stipule la création d’une entreprise, à l’instar de la Banque centrale de Tunisie (BCT), chargée de la collecte et de la distribution des fonds Zakat sous la tutelle du ministère des Affaires sociales, et composée dans son conseil d’administration de tous les ministères intervenants ainsi que des plus grands donateurs de montants de Zakat, a-t-il expliqué.

A l’occasion d’une conférence, tenue vendredi 3 novembre 2017, en marge de la 13ème édition du SIAMAP 2017 qui se tient actuellement au parc des expositions du Kram, il a souligné qu’actuellement les montants de la Zakat sont distribués de manière anarchique et non contrôlée.

Selon Megdiche, cette institution est à même de protéger l’issue des fonds Zakat distribués dans le pays, d’autant plus que, selon certains propos, les fonds Zakat financent des associations terroristes.

Il affirme que l’Algérie est parvenue, à travers la création d’une entreprise de la Zakat similaire à celle proposée, à arrêter le financement de ce genre d’associations.

Megdiche a précisé que la création de cette institution est une demande des agriculteurs, lesquels ont manifesté un grand intérêt pour connaître les méthodes de calcul de la Zakat.

Par ailleurs, ce fonds, soit à travers des dons en nature (animaux, céréales…) ou en numéraire, aidera les agriculteurs qui ont des difficultés financières à rembourser leurs crédits et leur donnera l’opportunité de se lancer dans d’autres projets ou d’étendre leurs activités, a-t-il expliqué.

“Les agriculteurs sont les personnes qui payent le plus les fonds Zakat. Ainsi, les montants de la Zakat provenant de l’agriculture sont estimés à plus de 1 milliard de dinars, vu les revenus des récoltes de céréales, d’olives et de dattes ainsi que de sociétés de transformation des produits alimentaires et de la pêche, sachant que la Zakat de l’agriculture est soumise à un taux de 5% sur les bénéfices de l’agriculteur”.

De son côté, Mouldi Ghanem, membre de l’ATZ, a établi un lien étroit entre la Zakat et l’économie solidaire, du fait que c’est un moyen de venir en aide aux déshérités qui deviendront aptes à créer des unités économiques et de contribuer à la vie économique.

L’ATZ a présenté, vendredi 3 novembre, un livre sur la Zakat de l’agriculture qui énumère les principes comptables de calcul de la Zakat de l’agriculture. Il s’agit d’un modèle d’application et guide pour l’agriculteur en matière de calcul du montant de la Zakat.