Fadhel Abdelkefi : Engager la guerre économique et la gagner

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Fadhel Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, met plein gaz pour réussir la Conférence internationale sur l’investissement. Mercredi 28 septembre, il s’exprimait à la Chambre mixte tuniso-britannique de commerce et d’industrie, pour rassurer et séduire les milieux d’affaires des deux bords.

Son récent séjour aux Etats-Unis d’Amérique, où il  accompagnait le président de la République à la 71ème Assemblée générale de l’ONU, lui a permis de s’assurer de la participation active des deux têtes de pont, que sont le FMI et la BM (Lire aussi: Le lobbying de Fadhel Abdelkefi à New York sera-t-il payant?).

A présent, il s’emploie à aller vers les milieux d’affaires, et c’est au Royaume-Uni qu’il se rendra, le 12 octobre prochain, dans un road show où il parlera du Code d’investissement, mais également de la loi d’urgence économique, rebaptisée par le Gouvernement d’union nationale “loi de relance économique“ (lire aussi: Lagarde satisfaite de l’adoption par l’ARP de la loi sur l’investissement), du Plan de développement 2016-2020, et bien entendu des réformes à venir.

La situation actuelle côté “soft“

Le ministre du Développement est en train d’affûter son argumentaire. Le rendez-vous avec les membres de la Chambre tuniso-britannique est un beau test de vérité. Il faut bien admettre que la situation actuelle du pays présente un profil soft. Un air de “Cameronia“ a soufflé sur la classe politique tunisienne, rajeunie et expérimentée, avec de nombreuses figures issues du secteur privé, à l’instar de ce qui se fait dans l’univers anglo-saxon.

Il y a, également, que le pays a su aller vers le dialogue national puis vers un gouvernement d’union nationale s’épargnant une crise politique grave. Une trajectoire démocratique chaotique mais avec un happy end. Il rallie le président de la République lequel affirmait que la Tunisie a été le laboratoire de la transition démocratique dans le monde arabo-musulman, montrant que l’islam est compatible avec la démocratie… Et ceci le ministre regrette que cette prouesse démocratique n’ait pas été “épaulée“ économiquement, comme elle le méritait, de la part des pays frères et amis. Qu’importe, le pays se tire d’affaires, par son génie propre.

La situation actuelle côté “hard“

Lucide, Fadhel Abdelkefi sait que les autres le savent. Ils connaissent nos déficits qui plafonnent. Ils sont informés de nos lacunes de gouvernance, de nos écarts en matière de corruption. Ils découvrent également avec nous cet autre indice composite, dit multidimensionnel, de l’INS –Institut national de la statistique) qui nous apprend que le taux de pauvreté se situe en moyenne nationale à 28% et qu’il atteint, dans certaines régions, le sommet insupportable de 55%. La situation est grave mais non désespérée, semble dire le ministre. Le tour de force est qu’une thérapie dédiée a été trouvée.

Enfin de la résolution

Malgré le tumulte, le pays tient bon le cap. Il redresse la barre. Il dit non aux augmentations de salaires de la fonction publique pour 2017, dont il reconnaît qu’elles sont pourtant réglementaires. L’Etat tunisien ne se renie pas mais il ne court pas vers l’abîme. Le pays dit stop à la croissance non marchande, c’est-à-dire qui provient de la comptabilisation de l’augmentation de la masse salariale. Une croissance sans création de richesse est une croissance fallacieuse, le miroir aux alouettes. Le pays est déterminé à casser cette spirale de l’endettement pour cause de paiement des salaires. Trop c’est trop, il faut mettre le holà, dira en substance Fadhel Abdelkefi.

La vérité finira-t-elle par payer? Nous le saurons au mois de novembre prochain. Le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale va au charbon en ayant conscience de la délicatesse de la situation.

D’ailleurs, il s’interdit de chiffrer un objectif d’intentions d’investir à l’issue de la Conférence. Il sait que le business-plan si élaboré qu’il soit ne suffira pas à lui tout seul à emporter l’adhésion des investisseurs. Le pays doit se mettre à jour mais que cela ne le dispensera pas d’aller chercher les investisseurs et de les cibler un par un. Et, en la matière, il faudra jouer des coudes dans la mêlée de nos pays compétiteurs, et ce ne sera pas de tout repos.