Petrofac : Test de l’autorité de l’Etat tunisien!

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Petrofac pourrait-elle etre sauvée in extrémis? L’Etat tunisien y a tout intéret meme si un député de la gauche que nous pensions plus avisés que beaucoup d’autres a déclaré sur les ondes d’une radio: «Et alors, que Petrofac parte n’épuisera pas les réserves gazieres de Kerkennah». Désolante comme déclaration et exemple édifiant sur l’immaturité politique et l’inconscience quant aux enjeux socioéconomiques.

Si Petrofac part définitivement, l’Etat tunisien devrait, en principe, s’acquitter d’un milliard de dinars tunisiens en dédommagements pour la production restante jusqu’en 2025 et les incidences sur le cours boursier de la firme cotée sur la Bourse de Londres, sans oublier l’image du site Tunisie ternie à jamais à l’international.

Mais comme nous sommes aussi avancés que la Corée du Nord et protégés comme ce petit pays par une grande puissance comme la Chine, que tous les «occupants» investisseurs du pays partent, nos chers députés partageront avec eux leur pain! Reste à savoir si eux-mêmes pourront en avoir au train où vont les choses!

Pendant ce temps, les négociations vont bon train entre le gouvernement et les «assaillants» de Petrofac. Des informations circulent quant à la possibilité de la conclusion d’un accord. Le gouvernement tunisien, qui n’aurait pas dû céder sur les exigences des «hors-la-loi» aussi «prétendument légitimes», que peuvent être leurs revendications? Qu’il s’agisse de chômeurs diplômés, non diplômés ou encore des militants de Hizb Ettahrir qui ne reconnaissent pas l’Etat. Fait d’ailleurs prouvé par leur acharnement pour sa destruction. Ils osent s’en prendre à son existence même, son autorité et sa contrainte armée!

La situation étant ce qu’elle est, notre gouvernement aurait préféré, semble-t-il, procéder par étapes.

L’UGTT était au courant de l’accord conclu le 18 septembre

Le gouvernement négocie mais avec qui? Avec l’Union des diplômés chômeurs? Qui ne veulent rien assumer de ce qui est arrivé à Kerkennah et où elle jette, sans vergogne, la pierre à l’entreprise et à l’Etat? Sachant que l’Etat tunisien est majoritaire dans le capital de Petrofac. Ceci pour mettre fin aux délires de ceux qui, dans leur logique basse et populiste, jugent que la firme britannique est une puissance occupante. Dommage que le ridicule ne tue pas!

Le gouvernement négocie avec des personnes qui pensent dans leur bêtise qu’ils sont maîtres à bord, des «fous» qui estiment qu’ils ont tous les droits parce que Kerkennah, laquelle île soit dit en passant, appartient à un pays appelé Tunisie et n’est pas un Etat indépendant, il y a des gisements de gaz qui appartiennent également à tous les Tunisiens.

Ils oublient que comme le dit à juste titre Nadia Ghalem: «La folie est un bateau sur lequel on peut danser toutes ses nuits et qui un jour peut s’éloigner en laissant la mer se refermer derrière lui».

Et le pire de tout, ils oublient que les fous raisonnent peut-être différemment de nous mais ne doivent pas tuer leur poule aux œufs d’or.

Ils oublient aussi qu’il est d’usage de respecter les promesses écrites, car celles verbales, nous n’en parlons plus où nombre de pseudo-militants ont perdu leur honneur et se désavouent aussi naturellement que l’air qu’ils respirent!

Et des promesses, ils en ont faites. Ils ont d’ailleurs envoyé un courrier à l’UGTT pour que la Centrale syndicale ne renie pas ses responsabilités (Voir correspondance scannée en pièce jointe). La teneur en est substantiellement la suivante:

Des réserves à propos du PV et des corrections à apporter. Parmi ces corrections, nous pouvons lire les propos suivants signés l’Union des diplômés chômeurs (comité de coordination à Kerkennah): En vertu de la séance de travail tenue au gouvernorat de Sfax le 18 septembre 2016 pour parvenir à un accord garantissant les droits de nos affiliés et des insulaires au développement…, nous vous soumettons les propositions suivantes: -«Il ne faut pas que les responsables de la crise en assument les conséquences (sic) et il faut fermer les yeux sur les dépassements et les défaillances commises par les forces de l’ordre et la compagnie à Kerkennah».

Dans quel pays démocratique sur la planète terre pourriez-vous lire pareilles absurdités, lesquelles en plus relèvent du mensonge éhonté s’agissant des forces de l’ordre agressées elles-mêmes et de l’entreprise stoppée net dans son activité?

Le «parti» des diplômés chômeurs suggère donc:

-la mise en place d’un comité entre l’autorité locale, l’Union régionale du travail à Kerkennah et l’UDC pour régulariser la situation pour ce qui est des procédures d’intégration dans les administrations et la société;

-l’Etat tunisien s’engage à intégrer 30% parmi eux en 2017, 30% en 2018 et 40% en 2019;

-l’augmentation des fonds alloués par les entreprises pétrolières à 10 millions de dinars pour le développement de l’île et qui seront gérés par un comité local (cela s’appelle malheureusement le racket de l’Etat. Une discipline qui devrait désormais être enseignée dans nos universités).

Pire que tout, le «Parti» UDC impose à l’Etat de ne poursuivre aucune personne coupable de délits mineurs ou majeurs suite au sit-in à Petrofac et en supplément, le comité régional devrait payer aux travailleurs environnementaux les salaires suspendus depuis janvier 2016 en guise de participation des entreprises pétrolières à l’emploi. Le «Parti majoritaire» UDC appelle également l’entreprise qu’il a empêchée de fonctionner depuis janvier 2016 à créer un centre de formation dans le secteur pétrolier.

Et enfin, l’UDC appelle que ses suggestions pour ne pas dire ses «Ordres» soient respectés à la lettre pour résoudre la crise sur l’île de Kerkennah!

Qui donne autant de force et de droits à l’UDC? C’est à se demander si les jeunes qui en font partie ne sont pas enrôlés dans des magouilles politiques ou autres. En tout cas, c’est l’assurance d’une impunité et d’une protection venues de je ne sais où qui leur donne cette puissance de frappe. Et autant nous pouvons comprendre le désarroi d’une jeunesse désœuvrée qui sollicite son «droit» au travail, autant les pratiques de sit-in, les attaques des forces de l’ordre, les mouvements de protestation s’apprêtant plus à des pratiques de gang qu’à des diplômés nous paraissent répugnantes, inadmissibles et révoltantes.

Il est à déplorer que l’Etat accepte de négocier le couteau sur la gorge. Nous nous attentions à ce que le gouvernement Chahed soit plus ferme par rapport à ces démonstrations de forces injustifiées, il est malheureux qu’il agisse en Etat faible, consensuel et désarmé.

 Pour Chokri Mamoghli, ancien secrétaire d’Etat et universitaire: «La société Petrofac qui fait la pluie et le beau temps dans le coin et qui est en train de nourrir tout ce que cette île compte comme…. est sur le point de quitter le pays. Personnellement je comprends ses dirigeants et il est probable que j’aurais pris la même décision si j’étais à leur place. Ce qui est le plus révoltant est que les autorités publiques acceptent cet état de fait. Elles s’écrasent, se font petites, plient, se couchent, rampent, deviennent des serpillères devant la racaille. Elles négocient même avec elles… Comment voulez-vous que le pays se redresse? Comment voulez-vous que les tunisiens respectent l’Etat? Le gouvernement? Les gouverneurs? La police? La douane? La garde nationale? La Tunisie est en train de couler par petits morceaux. Kerkennah, Gafsa, Om Laraies, Fernana, Souk Lahad, Mettouiya, à qui le tour? Qui va uriner demain sur l’Etat? Qui va lui cracher à la face? Pendant ce temps on se gargarise de mots, de slogans, de pseudo-discussions qui ne mènent à rien. Par les temps qui courent trois connards peuvent arrêter une région alors que le pays est en état d’exception. Arrêtez de parler, arrêtez de vous réunir pour rien, arrêtez de verser de l’argent inutilement. Agissez, envahissez, utilisez la force républicaine. Tout le pays n’attend que ça. La démocratie est une dame qui tient dans une main un rameau d’olivier, symbole de paix civile et de justice sociale, et dans l’autre le glaive, symbole de force de la loi et de justice impitoyable et républicaine».

Que dire de plus…

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