Tunisie – Tourisme : Les signes avant-coureurs de la reprise

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+80% d’entrées touristiques de plus en comparaison avec juillet 2015. Parmi eux, 102,8% d’Européens. Bien évidemment, ces performances ne peuvent en aucun cas se comparer à celles réalisées en 2010. La succession de 7 gouvernements à la tête du pays, dont celui de la Troïka, a tenu le coup 2 années. Un passage destructeur, de l’avis de tous les observateurs, et dont la plus grande «réalisation» a été un laxisme manifeste face à la montée de l’extrémisme religieux et son occupation de l’espace public dans des villes touristiques culte telles Hammamet, Sousse et Djerba. Des démonstrations de force qui avaient effrayé des touristes pourtant auparavant épris de la beauté des sites tunisiens et de la tolérance, de la gentillesse et de la réceptivité des Tunisiens. Les attentats terroristes tragiques ont fait le reste.

Restaurer un secteur en ruine n’était pas évident pour les ministres qui ont succédé au ministre en place du temps de la Troïka. Car au-delà des problèmes structurels du secteur hérités depuis au moins deux décennies, il fallait restaurer une image ternie par des médias européens et principalement français qui se sont attaqués à la Tunisie «prise d’assaut par des islamistes extrémistes».

Et malgré tous les efforts consentis, d’ailleurs illustrés jusqu’à ce jour par les burkinis dans les piscines, ce qui est loin d’être hygiénique et tolérée par les hôteliers!

Les efforts, les mots et les actions de Salma Elloumi -qui agit discrètement sans tomber dans les actes populistes des visites impromptues ou les déclarations fracassantes dont le bruit n’a d’égal que l’inefficacité- sont en train de porter leurs fruits.

Les indices sont là et les chiffres le prouvent: au mois de juillet, le nombre des Français a augmenté de 9,1%, celui des Allemands de 5,6%, celui des Russes de 1.150%, des Hollandais de 36,3% et des Algériens de 67,5%.

Les arrivées aux frontières nationales ont, dans un contexte international terrifié par le terrorisme, reculé de 8,9%. Les recettes touristiques ont régressé de 25,5% et les nuitées globales de 23,8%. Quant au taux d’occupation enregistré du 1er au 20 juillet, il a affiché une baisse de 3,6%.

Du 1er au 20 juillet, on a dénombré près de 333.000 entrées, soit +83,8% par rapport à la même période l’année dernière.

Dans les conditions actuelles que traverse aussi bien le monde que notre pays, le secteur touristique reste le plus difficile à gérer. Il ne s’agit pas de s’attaquer gratuitement à certains ministres lesquels font ce qu’ils peuvent pour gérer des situations des plus délicates. Les ministres Essid ne sont pas tous mauvais, il y en a qui ont essayé d’assurer.

C’est aussi manquer d’objectivité «journalistique» que de s’acharner aveuglément -et pour le principe- sur tout le monde.

Mais reconnaissons que le dénigrement, la médisance et la diffamation sont devenus un exercice quotidien où certains journalistes excellent, malheureusement pour la Tunisie.

Les attaques à l’encontre de Salma Elloumi Rekik pourraient entrer dans cette catégorie de journalisme populiste et intéressé. La critique est aisée, l’art est difficile. La ministre n’est peut-être parfaite mais elle s’investit avec beaucoup d’honnêteté et d’intégrité. Elle a fait en sorte que les agences de voyage soient intégrées dans les circuits des ventes du pèlerinage et de la Omra. Plus de 600 agences de voyage ont pu ainsi résister, tant bien que mal, à la crise du tourisme.

Elle a également conclu un accord avec la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie) pour éviter de renvoyer les employés des hôtels en les inscrivant dans des sessions de formation. L’un des maux du secteur touristique, rappelons-le, c’est la qualité des prestations de service due à des carences au niveau de la formation du personnel hôtelier et para-hôtelier.

Elle a également osé, dans cette conjoncture, exiger la création d’une agence de formation hôtelière et touristique qu’elle a soumise au gouvernement.

Elle a aussi poussé vers la consolidation des dessertes de Tunisair sur les pays africains. Ce qui a suscité nombre de critiques. Alors que tous les observateurs économiques sont conscients de l’importance des marchés africains pour la Tunisie en matière d’échanges commerciaux, de présence d’étudiants africains sur le sol national, des opportunités en matière de tourisme médical et d’investissements dans ces pays.

Reconnaissons que gouverner aujourd’hui dans une Tunisie qui va dans tous les sens, lesquels sens sont presque tous des «sens interdits», est un défi difficile à relever.