Le E-tourisme peut constituer une alternative pour la destination Tunisie

Par : TAP

Le tourisme tunisien, dont la crise perdure depuis plusieurs années, a besoin d’une restructuration institutionnelle et financière de ses opérateurs, la libéralisation, la modernisation du transport et le développement du e-tourisme, c’est ce qui ressort d’un débat tenu jeudi sur le thème «E-Tourisme: une solution à la relance du secteur».

D’après les données statistiques présentées lors de ce débat organisé par le Centre des jeunes dirigeants d’entreprises (UTICA), le nombre de nuitées a baissé de 35%, le taux d’occupation des unités hôtelières a chuté de 45% et près de 234 hôtels ont été fermées en raison des actes terroristes perpétrées en Tunisie en 2015.

En termes d’emplois, le tourisme tunisien a perdu 47 mille postes sur 100 mille emplois directs. Par rapport à la même période de l’année 2010, le premier trimestre de 2016 a été marqué par la décélération du rythme de croissance à 50%.

La contribution du secteur au PIB a baissé de 6 à 4%, alors que dans certaines régions, la participation du tourisme aux activités économiques dépassent les 55%.

La crise du secteur demande des solutions urgentes et pratiques, a fait valoir Slim Tlatli, ancien ministre du tourisme sous Ben Ali affirmant que l’offre du marché touristique a été multiplié par 3 alors que la demande a seulement doublé en raison du changement du modèle de consommation (week-ends raccourcis au lieu de week-ends prolongés, réservations à la dernière minute, développement du tourisme de proximité au détriment du tourisme lointain et changement des modes de distributions avec 78% des achats qui se font via Internet).

Le tourisme tunisien souffre, selon Tlatli d’un faible niveau de financement et d’une structuration institutionnelle figée (l’ONTT par exemple).

A ce titre il encourt « un risque mortel de sortir du marché » à l’instar du secteur du phosphate, a-t-il dit, recommandant le rattachement du transport aérien au ministère du tourisme, l’assainissement des dettes des hôtels et l’engagement d’une restructuration de la profession.

Pour Ahmed Smaoui, également ancien secrétaire d’Etat chargé du tourisme sous Ben Ali, la crise touristique ne date pas d’aujourd’hui. Elle remonte à l’année 2000, quand des études ont été menées pour relancer le secteur, mais sans résultats.

Il a imputé la persistance de cette crise au manque de courage politique, estimant que la solution nécessite l’adoption «d’une vision claire et partagée», axée sur la relance de l’investissement pour la mise à niveau du produit balnéaire qui constitue presque 80% de l’activité touristique en Tunisie, la restructuration financières des unités hôtelières, la création des centres de congrès et la modernisation du réseau des ports de plaisance.

Il est également primordial de trouver d’autres formules d’hébergement de touristes, car, selon lui, « l’hôtellerie ne serait plus compatible avec la destination Tunisie».

Smaoui a ajouté qu’il faut redonner au tourisme tunisien sa dimension méditerranéenne réelle, libérer les tarifs du transport aérien et faire de l’aéroport Tunis-Carthage un hub international.

S’agissant des solutions technologiques proposées, les participants au débat ont appelé les professionnels à développer le site web E-Tourisme avec une gestion autonome des contenus, des modules de paiement sécurisé (Visa, Master Card, CIB), des explications détaillées des offres, des tarifs, des suppléments et de tous les composants du package, service de vente disponible en temps réel et en plusieurs langues…

Ils ont insisté sur l’importance d’une mise à jour des produits d’une manière dynamique, le suivi des statistiques des navigateurs (nombre de visiteurs, nationalités, nombre de clics, des moteurs de recherches utilisés…) et le suivi instantané et permanent des réservations selon un tableau de bord et notification e- mail.

En matière de E-Tourisme, la Tunisie est appelée, à porter le volume d’affaires généré par le digital à au moins 5%. Le E-Tourisme génère aux Etats-Unis près de 168 milliards de dollars et plus de 18,7 milliards d’euros en France.