Tunisie-FMI : «13% du PIB en masse salariale, l’un des plus élevés au monde»

«Qu’en est-il de la récupération des biens spoliés à l’étranger?» La question a été posée par la correspondante du New-York Times à Tunis lors de la conférence de presse organisée en présence de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) à la BCT. Une question vicieuse voire déplacée, alors que l’on se prépare, samedi 12 septembre, à mettre le pays à feu et à sang à cause du projet de la loi sur la réconciliation économique nationale. Une question à laquelle Mme Lagarde a répondu de manière très diplomatique, rappelant que la récupération des biens spoliés ne figure pas parmi les priorités du FMI. Le dossier ayant été traité et l’est encore par la Banque mondiale mais aussi, rappelons-le, l’Union européenne et la Suisse.

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Le souci du FMI est aujourd’hui le poids de la masse salariale qui coûte au pays 13% de son PIB. «C’est l’un des taux les plus élevés au monde… Il faut par ailleurs reconnaître que ces dernières années, il y a eu en Tunisie une politique de recrutement très créatrice d’emplois dans la fonction publique, les temps sont peut-être venus pour la modération des salaires».

Une déclaration qui survient alors que l’on prévoit, d’ici fin septembre 2015, un accord définitif pour les majorations salariales dans les secteurs privé et public. Mais il y a un prix à payer pour avoir la paix sociale…

La directrice générale du FMI a tenu à préciser que la dimension culturelle n’est pas absente dans l’approche du Fonds en matière de projets de réformes. «Nous ambitionnons pour la Tunisie une prospérité économique qui implique la création d’emplois, et c’est possible. Mais cela doit passer par un programme de réformes fondé sur un partenariat entre votre pays et le FMI. Il s’agit pour la Tunisie de se l’approprier, et ce programme doit être établi en fonction de l’environnement socio-économique et politique existant». Soit une manière d’expliquer aux “militants de l’International socialiste luttant contre toute forme d’hégémonie impérialiste“ (sic) que le FMI ne fait rien sans qu’il y ait tout d’abord une demande et ensuite une concertation.

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Les négociations se font d’égal à égal, le Fonds n’impose rien et c’est à la partie concernée de préserver ses intérêts en adoptant les programmes de réformes appropriés.

Christine Lagarde a également assuré que les positions du Fonds quant aux accords conclus avec ses différents partenaires ont évolué vers plus de souplesse et de réceptivité.

Présent lors de la conférence de presse, Slim Chaker, ministre des Finances, a tenu à préciser: «Malgré toutes les difficultés que traverse le pays, nous avançons, nous ne reculons pas et nous ne stagnons pas. Les réformes ont été entamées, celles fiscales, la modernisation de la douane, objet d’une conférence de presse mardi 8, celle aussi du secteur financier, le projet de lois sur le partenariat public/privé ainsi que le nouveau Code des investissements qui est pratiquement achevé».

Chedly Ayari, gouverneur de la BCT a, pour sa part, tenu à préciser que les derniers accords conclus avec le FMI n’ont rien à voir avec le PAS (Programme d’ajustement structurel). Une précision rassurante en attendant plus d’informations à ce propos.