Silver Economie : le “bien vieillir” passe par le numérique

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âgées vont développer davantage les technologies numériques (Photo : Miguel Medina)

[24/06/2015 10:47:41] Paris (AFP) En 2030, un tiers des Français aura plus de 60 ans: face à ce choc démographique, les pros de la Silver Economie plaident pour un plan national qui inscrive l’action sociale dans l’ère numérique afin d’aider tous les seniors à “bien vieillir”.

“Le vieillissement de la population oblige à avoir une action sociale économiquement viable, donc plus industrielle, mais également plus personnalisée: les technologies numériques permettent de concilier ces objectifs”, résume le Livre blanc 2015 établi par Syntec Numérique, syndicat professionnel des entreprises de services du numérique, des éditeurs de logiciels et des sociétés de conseil en technologies.

La secrétaire d?Etat chargée des Personnes âgées, Laurence Rossignol, s’est vue remettre ce rapport mercredi lors des 2e “Rencontres internationales de la Silver Economy”.

Ces millions de seniors valent de l’or. Le marché global de la Silver Economie (dédiée au vieillissement) représentait en France 31 milliards d?euros (1,59% du PIB) en 2010, dont 24 milliards relevant de dépenses publiques (prise en charge de la santé, aide pour l’hébergement, Aide personnalisée à l’autonomie) et 7 milliards de dépenses privées.

Avec la révolution démographique envisagée, il pourrait représenter 2,4% du PIB à l’horizon 2040.

La filière devrait aussi créer 300.000 emplois dans les cinq ans à venir, selon la Dares.

La Silver Economie “numérique” recouvre les technologies offrant des services aux personnes âgées ou à leurs aidants, ou aux professionnels accompagnant ces personnes: domotique, objets connectés, outils thérapeutiques, télésurveillance de patients à domicile, téléassistance…

En 2013, le gouvernement a signé un “contrat de filière” avec les acteurs privés de la Silver Economie. Cependant, cette filière “doit se structurer”, estime le Livre blanc.

Comment accélérer le développement de ce marché potentiel et faciliter la constitution d’une filière industrielle bénéficiant aux personnes âgées actives, fragiles ou dépendantes ?

– “Papy-boomers” –

D’après les auteurs, la stratégie du “bien vieillir” doit être pilotée de bout en bout et passer par une gouvernance nationale et territoriale (départements, métropoles), s?inspirant du programme “Territoire de soins numérique” qui vise à expérimenter les technologies innovantes en matière d’e-santé.

“On est socialement vieux de plus en plus jeune et biologiquement vieux de plus en plus tard”, dit une anthropologue.

Néanmoins, du fait de l’allongement de la durée de vie, il est prévu une nette augmentation du nombre de personnes dépendantes: on pourrait passer de 1,15 million de nos jours à 1,55 million en 2030 et 2,3 millions en 2060.

Les seniors, eux, sont 90% à estimer préférable de vieillir à domicile plutôt qu’en maison de retraite. 69% déclarent également ne pas pouvoir assumer le coût d’un hébergement médicalisé, selon une étude Orange Healthcare.

C’est pourquoi “il faut réinventer une offre de service avec des coûts (…) en adéquation avec le pouvoir d?achat de la population”.

Le numérique “permet de créer des solutions alternatives, de réfléchir à des modes d’organisation pertinents et de mettre en oeuvre des modèles économiques adaptés”, assurent les auteurs.

En outre, les “baby-boomers” devenus “papy-boomers” commencent à être familiers des outils numériques, contrairement à la génération précédente.

Par ailleurs, les objets connectés des seniors génèreront dans l’avenir un trafic de données sans précédent (prédiction de fragilité, anticipation de diagnostic, actions préventives?). Il semble “essentiel d’engager une réflexion sur une gestion intelligente de ces données”.

“Mais c?est l?informatisation des parcours de santé et des +processus métier+ qui sera la rupture majeure dans les années à venir”, souligne le rapport qui préconise de créer un observatoire des usages et métiers.

“Le temps est venu de faire entrer le social dans l’ère numérique”, conclut le Livre blanc. Et cette mutation doit contribuer “à l?émergence de grands acteurs de l’accompagnement du vieillissement”.